Chez Nintendo, la tendance est aux jeux extraterrestres, inattendus et profondément débiles (dans le bon sens du terme évidemment). Wario Ware se veut l'illustration type de ces titres résolument japonais, simplistes, burlesques mais pourtant incontestablement désopilants. Ce pur condensé de mini-games n'a pourtant rien à voir avec les autres titres du genre, il propose un concept unique susceptible de séduire tous les joueurs.
En conflit perpétuel avec Mario, Wario, le anti-héros de Nintendo, n'a rien trouvé de mieux pour attirer l'attention et s'enrichir que d'organiser une compilation de mini-jeux axés sur les réflexes. En clair, ne vous attendez pas à une pâle copie de Mario Party avec ses mini-jeux à rallonge. Dans Wario Ware, les épreuves durent trois secondes chrono en main, et s'enchaînent à la vitesse de la lumière.
Concrètement, le joueur se retrouve successivement embarqué dans des niveaux au sein desquels il doit réussir une vingtaine de tests avec seulement quatre vies. Chaque niveau suit une thématique bien précise et possède une interface spécifique avec un boss à la clé. Pour chaque mini-jeu, on vous donne pour toute indication un simple mot comme « introduis », « renifle », « fris », « effraie », et il faut en déduire l'objectif du challenge et les boutons associés. Alors forcément, la découverte d'un mini-game conduit généralement à la perte systématique d'une vie, mais il ne faut guère plus d'un échec pour capter le but de la manoeuvre. Les contrôles sont volontairement simplistes et les challenges évidents, mais tous s'échelonnent sur plusieurs niveaux de difficulté et ne sont pas forcément faciles à compléter lorsqu'on arrive au vingtième pallier avec une seule vie en réserve.
Le choix fait par les concepteurs du jeu de bombarder le joueur avec une tonne de challenges débiles à souhait et ultra courts s'avère finalement au moins aussi efficace qu'un bon mini-jeu qui s'éterniserait sur plusieurs minutes. Ici, il faut réagir au quart de tour sans se laisser distraire par le caractère dément des défis proposés. Après avoir complété une première série de jeux de base (choper un bâton qui tombe verticalement, attraper un verre de bière qui file sur le comptoir), on passe aux épreuves sportives (saut à la corde, tennis, casser de bûche, numéro d'équilibriste), puis aux challenges bizarroïdes (faire renifler à une princesse la sécrétion nasale qui menace de s'écraser au sol, verser une goutte dans l'oeil d'un patient, insérer un fil dans le chas d'une aiguille, déployer un air-bag pour sauver un mannequin-test, cuire un oeuf, brosser des dents sales, etc...). Viennent ensuite les niveaux SF (niveaux en 3D, faire décoller une navette, monter un robot), les niveaux réalistes (endormir un chat, serrer la patte d'un chien, écraser une gousse de haricot, découper un steak), les tests de QI (des tests de logique), puis les challenges basés sur la nature (piqûre de moustique, convoi de pingouins, jeu de la pince des fêtes foraines). Le niveau de difficulté augmente soudain pour la dernière série, et on se retrouve alors face aux crédits alors qu'on s'attendait simplement à changer de tableau. C'est vrai que le jeu se révèle finalement assez court, mais impossible de décrocher avant d'avoir débloqué les deux centaines d'épreuves qui composent ce titre.
On s'attarde volontiers sur le niveau qui reprend des classiques de la Nes, comme Zelda, Mario Bros, Donkey Kong, F-Zero, Metroid, Punch Out, Duck Hunt, Dr. Mario, Ice Climber, Balloon Kid, Wild Gunman ou même le robot qu'avait sorti Nintendo pour la Nes. Alors évidemment, en trois secondes, on a tout juste le temps de rentrer dans une grotte à Zelda ou d'éviter un tonneau dans Donkey Kong, mais les nostalgiques apprécieront tout de même le clin d'oeil à tous ces titres légendaires. Bien sûr, on a droit aussi à des confrontations avec des boss à chaque fin de niveau : la machine qui envoie les balles de baseball, le combat de boxe, le coin du bricoleur qui consiste à enfoncer un clou dans une table, Galaxie 2003 (un shoot'em up classique), le Dilemme du donjon (parodie de RPG), le tir au laser, ou encore la Grenouille Aérienne et Wario's Adventure pour les amateurs de plates-formes. En plus de ça, on peut recommencer chaque niveau pour débloquer les jeux manquants et pulvériser ses scores dans des sortes de mode Survival ou combat de boss. Des jeux bonus font ensuite leur apparition avec notamment le classique Dr. Wario et le tape-mouche de Mario Paint. La durée est ici beaucoup moins limitée, à l'instar des jeux VS accessibles à deux sur une même GBA via les gâchettes de la console. Ceux qui recherchent un titre rafraîchissant ne seront donc certainement pas déçus, même si le concept osé et la durée de vie un peu limitée ne manqueront pas de rebuter les joueurs les moins ouverts à ce type d'OVNI vidéoludique.
- Graphismes8/20
Peu importe la note, la réalisation se veut volontairement dépouillée pour rendre les challenges encore plus rétro et faciliter leur compréhension.
- Jouabilité15/20
C'est basique et ça tient sur un ou deux boutons, mais l'intérêt vient justement de la rapidité à laquelle s'enchaînent les épreuves et de leur durée qui tient sur une poignée de secondes.
- Durée de vie10/20
On complète le mode Histoire en quelques petites heures, avant de s'apercevoir qu'il reste tout de même pas mal de choses à débloquer. On y revient sans problème, même en solo.
- Bande son18/20
Wario surprend à chaque fois avec des compositions étonnantes. Ici, ce sont carrément des chansons J-Pop qui font irruption dans la bande-son avec voix digitalisées à la clé. Le reste est un amas de bruitages organisés auxquels ne résisteront pas les nostalgiques de la préhistoire vidéoludique.
- Scénario/
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Audacieux, novateur et effrontément osé, Wario Ware part d'un concept a priori sans intérêt pour produire au final ce que l'on peut trouver de mieux en matière de fun sur GBA. Un titre à réserver tout de même à ceux qui ne se prennent pas au sérieux, et qui pardonneront plus facilement à Wario Ware sa durée de vie un peu limitée.