Tel un phénix renaissant de ses cendres, le Mal revient toujours à la vie, sous quelque forme que ce soit. Dante, le fils de Sparda un démon rallié à la cause de l'humanité, ne le sait que trop bien. Ainsi, tel un cerbère gardien des portes de la Terre, notre ténébreux héros reprend les armes et s'en va une fois de plus chasser la vermine satanique qui croupit au fin fond de la carcasse d'une PS2 rongée par des ténèbres assoiffées de vengeance.
Sorti en Décembre 2001 sur la dernière née des consoles de Dame Sony, Devil May Cry avait su à l'époque renouveler le genre du beat'em all en lui apportant un esthétisme hallucinant, un univers gothique, tranchant avec ce qui s'était fait jusqu'à alors, une action débridée, et surtout Dante, un héros avec un charisme renversant, véritable figure emblématique qui allait à tout jamais marquer le coeur des joueurs qui avaient eu la chance de le contrôler. Il faut aussi comprendre que derrière ce petit bijou, se cachait l'usine à rêve, la Mecque des trips horreur/action, Capcom. Il était donc évident que Devil May Cry ne demandait qu'à devenir une franchise lucrative qui se devait de donner des petits aux joueurs trépignant d'impatience que nous sommes. Et bien c'est aujourd'hui chose faite, Devil May Cry 2 sort en ce mois d'Avril sur le monolithe noir de Sony, Dante est bien sûr de la partie et pour la peine, il se voit affublé d'une équipière au charme plus que douteux du nom de Lucia.
Autant le dire tout de suite, Devil May Cry n'est pas la suite directe du premier opus en cela que Trish, la mère que Dante croyait morte et qui s'était associée à la fin du jeu à son démon de fils pour ouvrir une agence de détectives privés spécialisée dans les affaires paranormales (que neni, Kolchak, Mulder ou encore Scully n'avaient rien à voir dans cette histoire !), n'apparaît plus dans ce volet et est remplacée au pied levé par Lucia, une jeune femme que Dante rencontrera au tout début du jeu. Ici je soulèverai le premier problème du titre. En fait on commence l'aventure sans rien savoir de l'histoire. On se retrouve parachuté dans une ville en ayant des objectifs à remplir et basta. Bien sûr l'histoire évoluera par la suite, vous en apprendrez un peu plus sur Sparda le père de Dante, sur Arius, un étrange homme d'affaires ayant vendu son âme aux démons ou encore sur Lucia mais il est un peu étrange que cet aspect des choses n'est pas été plus développé. Vous ne trouverez même pas une bribe de scénario dans la notice du jeu, édifiant à défaut d'être stimulant.
Concernant le type de jeu, si on retrouve les nombreuses missions qui découpent le jeu en autant d'endroits différents, on note tout de même quelques petites améliorations. La plus grosse est sans conteste les deux scénarios distincts à savoir celui de Dante et de Lucia. Le jeu comporte 2 dvds et vous pouvez aussi bien débuter l'aventure avec la rouquine qu'avec le beau gosse aux cheveux argentés. Si les différences sont minimes (exemple : Lucia ne commence pas au même endroit que Dante, les énigmes différent un peu...), ce petit plus rajoute beaucoup à la durée de vie du titre, un des points négatifs du premier épisode. De plus les énigmes sont plus travaillées, pas nécessairement plus dures que dans DMC, mais s'appuyant davantage sur les capacités des héros ce qui est très appréciable. Pour le reste, il suffit la plupart du temps d'arpenter les niveaux, de venir à bout de vos ennemis et de boss monstrueux, à l'aide de votre épée, de vos deux magnums ou encore en se transformant en démon. Une fois vaincus, vos adversaires laisseront derrière eux des orbes de plusieurs couleurs qui vous permettront d'ouvrir des portes, d'acheter des objets (de soin, de magie, de résurrection) ou bien encore d'améliorer la puissance de vos armes. Si le jeu est très basique, il n'en est pas moins assez prenant.
Ici, ce n'est pas un château qui vous ouvre ses portes mais une ville entière. Si chaque niveau est cloisonné, les écrans de jeux sont bien plus vastes que dans le premier épisode. De plus l'ambiance de DMC 2 rappelle furieusement (du moins la première ville qu'on arpente) la cité de Léa Mundis, le havre de " paix " de Vagrant Story. Autant dire que chaque pierre est imprégnée d'un style européen et si quelques panneaux indicateurs (sens interdits, voie sans issue...) viennent rompre le charme de cette citée médiévale, le choix visuel n'en est pas moins imposant. Et pour ceux qui n'aimeraient pas le style, sachez que par la suite, des grottes souterraines ou une cité plus contemporaine viendront s'ajouter à la liste des endroits visitables. D'ailleurs, on ne peut que reprocher cet état de faits, le jeu nous faisant visiter un peu plus tard une plate-forme pétrolière ou encore un immeuble cossu, ce qui est d'assez mauvais goût au regard des premiers environnements qui sont enivrants de beauté. Etrange que Capcom ait souhaité innover à ce niveau en ne conservant pas l'ambiance gothique qui suintait littéralement de chaque pierre composant le château de Devil May Cry premier du nom.
Pour ce qui est de Dante inutile de vous dire qu'il nous revient dans une forme éblouissante. Son design a quelque peu évolué (son visage est entre autres plus marqué) et plusieurs petits détails feront toute la différence. Notre beau démon dispose d'encore plus d'animations renversantes, et ses mouvements sont la représentation même de la grâce. Quand vous le verrez marcher sur les murs puis effectuer un double saut en tirant sur ses ennemis (quand Matrix rencontre Once upon a time in China), vous ne pourrez qu'être enjoué. C'est d'autant plus vrai, que notre héros manie aussi bien ses flingues que son épée pour pourfendre ses adversaires et ce avec une aisance éhontée. Par contre j'ai l'impression que Lucia a bénéficié de beaucoup moins de soins, au niveau du design. Cela est particulièrement visible lors de sa transformation en démon qui est bien moins belle que celle de Dante, ou tout simplement d'un point de vue général avec son affreuse coupe de cheveux qui ne ressemble décidément à rien.
Question bande-son, c'est du pur bonheur. Les thèmes discrets, où se mêlent voix inquiétantes et sons lointains, sont parfaits pour une immersion immédiate et laissent leur place à des compositions dynamiques lors des affrontements contre vos ennemis. Les bruitages sont également jouissifs. Les cris de vos ennemis sont déchirants, les sons de votre shotgun ou de vos flingues, criants de vérité, et une fois de plus c'est dans un délire sonore que votre aventure va se dérouler, d'autant que le doublage anglais est très bon.
Abordons la question délicate du gameplay. Avouons le, si le jeu se doit d'être critiqué sur un point c'est bien celui-ci. La gestion des caméras est assez hasardeuse, avec très souvent des plans trop éloignés qui vous excluent de l'action (au sens propre comme au sens figuré) et surtout un système de lock des ennemis qui est très agaçant. En fait, le personnage tirera sur l'ennemi le plus proche de lui et il ne vous sera pas possible de choisir votre adversaire. Si ceci n'est pas trop embêtant contre le menu fretin, cela devient carrément énervant quand on est en face de boss où plusieurs cibles doivent être détruites. En effet, cela joue des tours car il arrive parfois qu'on ait presque détruit une cible et que suite à un saut ou une roulade, le héros verrouille une autre cible automatiquement. Enfin, il est vraiment regrettable que Capcom n'ait pas prévu un contrôle de la caméra, car il est fréquent que des ennemis nous tirent dessus mais que nous ne puissions pas les voir à moins d'être arrivé à une certaine distance d'eux. Hormis ces défauts (qui gênent tout de même le plaisir de la découverte), la jouabilité est très bonne. Votre héros effectue des enchaînements de coups démentiels, saute dans tous les sens avec une grâce féline et le tout est très rapide pour peu que votre téléviseur accepte le mode 60 Hz qui manquait tant au premier épisode.
Une durée de vie rallongée (certes de façon un peu artificelle), des environnements graphiques de toute beauté (du moins dans sa première moitité), une bande-son faramineuse d'un côté et de l'autre un gameplay possédant de fortes lacunes, une gestion de caméras très moyenne, un gros manque au niveau du scénario. Le constat peut paraître très mitigé mais si vous vous êtes éclaté dans le premier DMC, cet opus comblera vos attentes et les bémols évoqués plus haut ne vous empêcheront pas de profiter des dernières aventures en date du démon au grand coeur et de son acolyte féminime.
- Graphismes15/20
Si par rapport à DMC, les ennemis sont bien moins convaincants dans leur design et surtout dans le choix des couleurs qui se fondent parfois dans le décor, DMC 2 nous abreuve de décors somptueux, surtout la première ville où se passe l'action qui fait irrémédiablement penser à Vagrant Story. Il est d'ailleurs dommage que la suite du titre s'enlise dans des environnemnts bien trop contemporains qui n'ont rien à faire dans le titre. Dante est encore plus classe dans ses postures et on regrette seulement que Lucia possède beaucoup moins de charisme que son homologue masculin. On note aussi que plusieurs endroits sont bien trop sombres, nous empêchant de profiter du travail des graphistes.
- Jouabilité12/20
Le point faible de DMC 2. Des angles de caméras pas toujours appropriés à l'action et beaucoup trop lointains font qu'on est souvent en dehors de l'action. De plus un système de verrouillage contraignant vient entacher un peu le plaisir de jeu. Rien d'insurmontable mais il est étrange que le gameplay du premier épisode n'ai pas pu être conservé voire amélioré. Par contre le mode 60 Hz apporte une rapidité d'animation et une fluidité des mouvements vraiment bénéfique.
- Durée de vie13/20
Le jeu se finit toujours aussi rapidement mais le scénario de Lucia double la durée de vie, même si celui-ci n'est pas radicalement différent du synopsis de Dante. Enfin, de nombreux modes bonus feront leur apparition une fois que vous aurez fini le jeu une première fois. En tout et pour tout, comptez sur 6 à 8 heures pour terminer un scénrio, en optant pour le mode Normal de difficulté.
- Bande son16/20
Du grand art. Les musiques imprégnées d'une ambiance gothique sont sublimes, les bruitages convaincants et les doublages anglais de bonne facture. Là-dessus, il n'y a pas grand chose en dire, sachant que les thèmes musicaux sont dans le prolongement de ce qui avait été réalisé pour le premier épisode. Tant mieux, l'OST de Devil may Cry était déjà exceptionnelle.
- Scénario8/20
Si on en apprend sur Dante et Lucia au fur et à mesure de la progression, le joueur est lâché dans l'aventure sans aucun détail, la notice étant à ce sujet vierge de toute information. De plus, le bad-guy principal n'a aucun charisme et ses motivations se résument à engranger des pouvoirs exceptionnels pour dominer le monde, au secours...
Le soft propose un second personnage jouable dès le départ, la bande-son est une merveille et le sacro-saint mode 60 Hz est de la partie. Maintenant on regrettera certains décors trop sombres, de grosses lacunes au niveau du scénario et surtout une gestion de caméra et un système de verrouillage extrêmement perfectibles. En somme le soft de Capcom est un second épisode très moyen de DMC mais un excellent beat'em all d'où la note finale. Ceci est d'autant plus vrai que je pense sincérement qu'on aura du plaisir à reprendre le titre histoire de se défouler. Maintenant, espèrons que Capcom nous ponde un hypothètique Devil May Cry 3 en gommant toutes les imperfections de cet épisode entre deux eaux.