Près de 10 ans d'attente avant de voir venir un nouvel épisode de Metroid. Mais ça y est, Metroid Prime est finalement arrivé chez nous, dans nos magasins, dans nos chaumières, et tout un chacun peut goûter aux joies de cet indispensable titre GameCube dont le nom ne manquera pas d'être gravé dans le marbre sur lequel est contée l'histoire du jeu vidéo.
Exceptionnel, innovant, prenant, transcendant, superbe et trippant. Voilà comment on pourrait résumer le plus brièvement possible Metroid Prime. Aucun doute, Retro Studio le petit studio texan à qui l'on doit ce chef-d'oeuvre (acheté récemment par Nintendo) devrait faire parler de lui à l'avenir. Beaucoup de temps s'est écoulé depuis la dernière apparition de Samus Aran et la menace des Metroids que l'on pensait évanouie resurgit plus inquiétante que jamais. Enquêtant sur un appel de détresse en provenance d'une station orbitale, la chasseuse de primes interstellaire Samus Aran va échouer sur la planète Tallon IV ancienne résidence des Chozos aujourd'hui fréquentée par l'autre ennemi coutumier de Samus, les pirates de l'espace. Dans la panique, elle perdra l'ensemble de ses pouvoirs qu'il faudra lui rendre. Qu'est-ce que le phazom ? En quoi cette chose et les pirates sont-ils liés au retour des Metroids ? Vous le saurez si vous jouez.
Avant de m'attaquer au test en détail, laissez-moi vous signaler que l'attente de la localisation n'aura pas été vaine. Quelques différences minimes ont fait leur apparition. Quelques voix d'abord entre autre au niveau de l'intro (mais pas en cours de jeu, Samus étant constamment seule et saine d'esprit). La difficulté du jeu a également été rehaussée et les indices qui viennent vous mettre sur la voie si vous traînez trop mettront plus de temps à se montrer. Voilà, rien de bien exceptionnel mais cela méritait d'être signalé.
Après la grosse preview consacrée au titre, difficile de se remettre à en parler, et pourtant, tout n'a pas été dit, loin s'en faut. Pari audacieux, Metroid Prime revêt les atours d'un FPS, mais qu'on ne s'y trompe pas, on est loin d'un MoH ou d'un Timesplitters. Sans doute avez-vous déjà entendu le terme de FPA pour First Person Adventure, personnellement je lui préfère First Person Metroid (et pas seulement parce que c'est de moi . Dans le fond, le gameplay de M.P reprend les mêmes bases que les autres volets. Perdu dans d'immenses niveaux torturés, vous devrez collecter nombre d'items, vous battre et effectuer de nombreux trajets pour passer d'un monde à un autre, tous interconnectés par une ou plusieurs voies qui se dégageront selon vos aptitudes (avoir le bon tir pour ouvrir la bonne porte, la bonne option du Morph Ball pour passer sur le bon rail etc.). Mais nous ne sommes pas face à une bête reconversion d'un vieux principe 2D qu'on imaginait mal aussi bien porté dans un univers 3D exigeant.
D'un FPS, M.P n'a en vérité que l'interface HUD et l'action parfois intense. Premier constat, le gameplay est totalement inédit dans le genre. Le stick C par exemple ne se voit pas attribué le contrôle des mouvements de tête mais servira en fait au bout de quelques heures vous aurez obtenu de nouveaux tirs (wave beam, ice beam etc.) à passer de l'un à l'autre façon levier de vitesse. Pour les combats, vous devrez locker (bouton L) vos cibles selon le système sacralisé par Zelda Ocarina Of Time. Les puristes commencent déjà à grogner, et pourtant cela ne suffit pas à rendre le jeu plus simple contrairement aux premières impressions inquiétantes en début de jeu. Quand vous affronterez vos premiers pirates de l'espace dans le noir avec ces saloperies de Metroids à vos trousses vous comprendrez. Une fois une cible lockée, Samus tournera autour d'elle et pourra même faire de rapides mouvements de côté. Pour rester dans la question des combats, il faudra souvent découvrir la méthode qui convient à l'ennemi. Idem pour les boss souvent énormes.
Autre point clé du gameplay, le scan visor qui vous permet de scanner un grand nombre d'éléments pour obtenir toutes sortes d'infos, aussi bien sur l'histoire que sur les créatures qui peuplent Tallon IV. C'est aussi avec lui que vous activerez certains mécanismes. Plus tard, vous obtiendrez de nouveaux upgrades tels que la vision thermique ou à rayons X qui vous permettront de détecter passages secrets et mécanismes dérobés.
Dire que le gameplay de Metroid Prime est prenant et varié serait une bonne blague. Il est plus que ça. Car en sus de vos armes évolutives, vous disposez également du Morph Ball qui connaîtra lui-même des variations, bombes, boost ou mode spider, cette transformation servira également à actionner des engrenages en tout genre et à résoudre des énigmes pas toujours évidentes. Sans parler bien évidemment des passages étroits qui lui sont réservés. Je ne m'aventurerai pas à tout décrire ici, ce serait trop long. En tout cas, je me dois de parler des sauts qui auraient pu en inquiéter plus d'un. M.P est aussi un jeu de plates-formes et les sauts seront une composante importante du gameplay, simples ou doubles, ils s'effectueront sans difficulté aucune.
L'errance, c'est ce que l'on ressent quand on débute dans le jeu. Les niveaux sont immenses et aucun objectif ne vous est clairement assigné. Il faut du temps avant de commencer à savoir où l'on va et par quels chemins, d'autant plus que les routes changeront (pour devenir plus courtes). Basé sur un mélange d'aventure, d'exploration et d'action, le titre fait la part belle aux allers-retours fréquents et à la recherche. C'est en cela que l'on pestera parfois contre l'éloignement quelque fois conséquent des bornes de sauvegarde. Mais y a pas à tortiller, ça fait partie du trip façon Alien. Errer dans les couloirs, se fritter avec une bande d'ennemis pour arracher la victoire et un item avant de revenir vers un point de sauvegarde à moitié mort et dans la crainte de tomber sur une bestiole idiote, c'est flippant.
Et cette angoisse est particulièrement bien soutenue par l'ambiance tant visuelle que sonore. Jamais on n'aura vu de niveaux aussi complexes et torturés dans un FPS. Immenses mais surtout hauts en reliefs, labyrinthiques et à l'architecture très détaillée. On pourra reprocher un manque de relief des textures mais vu le nombre et la complexité de chaque salle, c'est un reproche un peu trop tatillon. Les environnements sont de plus très diversifiés (malgré leurs thèmes un peu classico-classiques) et doté d'une forte personnalité et d'un fourmillement de détails le tout sans la moindre baisse de Frame Rate. Le genre d'indices qui trahissent le talent des développeurs. Quant à l'appréhension ressentie lorsqu'au terme d'un long périple on déboule sur une salle avec 4 ou 5 portes sans savoir où aller...
En plus d'être beau et pourvu d'un gameplay à se damner, Metroid Prime se paie le luxe d'être très immersif. Essentiellement grâce au HUD qui donne franchement le sentiment de se trouver derrière le casque de Samus. Les infos prennent une légère forme concave et c'est un bonheur de voir des liquides en tout genre être projetés sur vous (tirs de bave de bestioles, eau qui coule quand vous sortez d'une mare ou pluie dans les extérieurs de la planète) ou encore le parasitage de votre écran. Et must du must, vous pourrez voir le reflet du visage de Samus lors de certaines explosions ! A cela s'ajoute un mouvement en léger décalé du casque. Mais le sentiment de solitude lui aussi joue un rôle dans l'immersion, dépourvu d'objectif style « faut aller là parce que c'est comme ça », le joueur se sent vraiment esseulé sur une planète devenue hostile, ne comptant que sur son scanner pour lui indiquer qu'il se passe de curieuses choses dans tel ou tel coin.
Parfait Metroid Prime ? Certes non, mais pas loin. D'abord, tout le monde n'aimera pas, c'est certain. Mais pour les autres, voici une courte liste de regrets. Si cela fait partie du jeu, il pourra parfois être assez gonflant de refaire certains passages et de livrer deux fois des affrontements contre des pirates teigneux. Autre petit regret, le manque de cinématiques pour développer l'histoire. Il vous faudra miser sur d'innombrables scans de log pour dévoiler l'ensemble de la trame scénaristique, un choix qui demande beaucoup de rigueur et qui peut surtout lasser un poil. Dernier point, le début de l'aventure un peu trop mou et qui fait presque peur pour la suite, les choses sérieuses pourraient arriver plus vite. Mais passés ces petits défauts, Metroid Prime tient du chef-d'oeuvre. Je vous signale en passant que les screenshots (peu avantageux pour le jeu) ont été réalisés par commodité sur la version US du titre.
- Graphismes18/20
Peut-être pas aussi techniquement impressionnant que Star Fox mais les environnements et l'architecture de Metroid sont sidérants de grandeur, de complexité, de détails et de beauté et le moteur encaisse des décors très chargés sans souci. Le HUD est superbement fait. Les screenshots ne rendent vraiment pas honneur à la beauté des décors et des effets.
- Jouabilité18/20
Retro Studio est digne de la confiance de Nintendo, le gameplay en a la patte. Innovant et intuitif, il est de plus varié et jamais lassant. Les possibilités d'action sont vastes et on ne peste jamais contre la maniabilité irréprochable. Un must.
- Durée de vie16/20
Environ 20 heures pour terminer le jeu mais pas à 100 %. L'univers est immense. De plus, une GBA avec Metroid Fusion vous ouvrira les portes du premier volet de Metroid ! Pas mal.
- Bande son16/20
Des hauts et des bas pour la musique avec les thèmes originaux retravaillés. Certaines compos sont géniales, d'autres assez ternes. Les effets sont en revanche très réussis (les bruits de pas qui résonnent dans le silence...)
- Scénario14/20
Une bonne histoire mais qui aurait gagné à être mieux mise en scène avec deux trois cut scene en lieu et place de scans peut-être trop nombreux.
Pas la peine de s'étendre encore plus, Metroid Prime est un indispensable de la ludothèque GC, voire un incontournable ludique toutes machines confondues. Un gameplay innovant, riche et prenant en font véritablement un titre d'exception qui, à mon humble avis, devrait faire des émules comme d'autres productions Nintendo l'ont déjà fait. A moins d'être allergique au concept, voilà un titre qu'il faut connaître.