Il y a des jeux qu'on sent plus ou moins bien. Je dois vous avouer que pour ce Godzilla, mon pessimisme était au beau fixe. Disons aussi qu'après la médiocre vidéo présentée à l'ECTS dernier, il ne pouvait pas en être autrement.
Remis au goût du jour il y a quelques années en apparaissant en guest star aux côtés de Jean Reno dans une superproduction hollywoodienne, Godzilla compte aujourd'hui s'imposer sur consoles. Avec l'aide d'Infogrames et d'un studio dont on préférera taire le nom par respect pour leurs familles, le gros lézard parvient à s'incruster sur GameCube en compagnie d'autres poids lourds de la monstruosité et avec pour seul et unique but de tout détruire. C'est simple, comme son titre l'indique Godzilla : Destroy All Monsters Melee va vous faire casser du monstre. En voilà un programme sain d'esprit ! Dans des environnements urbains bien connus (Seattle, Osaka, Tokyo, San Fransisco, Los Angeles, Londres) ainsi que sur l'île des monstres, berceau de toutes les créatures, on se rentre dans le lard, on se mord, on se griffe, on se met des coups de boule et pour certains même des coups de queue (hum...). Tout ça n'est pas sans rappeler le mythique King Of Monsters qui fit les beaux jours de cette cher (chère) Neo Geo, le fun en moins.
Mais alors puisque le concept est exactement le même, qu'il est également possible de casser tous les bâtiments de la ville et d'écraser les civils, on peut légitimement se demander pourquoi on n'y retrouve pas le même plaisir de jeu. Facile ! Contrairement à King Of Monsters, Godzilla DAMM est pratiquement injouable. La 3D foireuse qui supporte le titre n'offre pas grand chose de potable. Les bugs de collisions sont nombreux, il n'est pas rare de voir un monstre se prendre les pattes dans un building sans le casser. Les déplacements sont supra lents comme si les créatures s'étaient embourbées dans le bitume. La caméra qui reste autonome ne prend jamais assez de recul sur l'action. Résultat, on bloque fréquemment contre des immeubles en étant à la merci de son adversaire. Les structures sont censées disparaître pour nous permettre une meilleure visibilité, mais ce n'est pas toujours le cas et des obstacles persistent toujours devant notre champ de vision.
Et puis bon, qu'est ce que c'est moche aussi ! Peu nombreux sont les jeux GameCube à être aussi laids. Avec Universal Studio et Doshin, je pense qu'on atteint ici les bas fonds de la console. D'une fadeur impensable, les graphismes sont affreux. Il n'y a pas d'autres mots. C'est à se demander s'il ne s'agit pas d'une sale blague ou même d'une conversion bête et méchante d'un jeu sorti sur PSX. En plus d'être très anguleux, chaque monstre est couvert de textures horribles censées représenter leurs écailles. Si vous voulez mon avis, on dirait plutôt des combinaisons à deux balles, et des bonshommes déguisés en monstres comme dans les premiers films de Godzilla. Bah, c'est peut-être l'effet voulu après tout... Quoiqu'il en soit, ce n'est pas beau.
Malgré toute l'agressivité des monstres, les combats ont réellement du mal à s'enflammer. Les affrontements ressemblent davantage à des ballets désordonnés, voire à une chorégraphie à la What For, qu'à de vrais fights bien brutaux. Pour un peu, on ne s'étonnerait pas de voir débouler un monstre à la tignasse blonde venir nous crier des « Attaaaaaque !! » ravageurs. Puisqu'on en est à parler sons et bruitages, signalons l'incroyable ambiance kitsch qui règne à chaque partie. Imaginez les bruitages les plus ringards et les plus nazes que vous pouvez. Vous devriez alors approcher de ceux de Godzilla. Là encore, il est clair que cet aspect est totalement voulu pour le titre, mais d'un point de vue technique, c'est assez moyen.
Il n'y a donc pas grand chose à tirer de ce jeu. Même à plusieurs on en fait rapidement le tour. Parce que, oui madame, il est tout à fait possible de jouer à plusieurs. A deux, trois ou quatre, chacun pour ses écailles ou par équipes, Godzilla supporte le multijoueurs. Mais avec seulement 10 créatures dans le ventre (dont plusieurs skins de Godzilla), il n'y a pas vraiment de raisons de s'y attarder. Surtout que plus ou moins dans le même genre, un certain Smash Bros est déjà bien installé pour combler les fans de multijoueurs.
- Graphismes7/20
Y'a pas à dire, Godzilla est véritablement laid. Aussi bien au niveau des créatures que des décors. En plus des bugs de collisions, les textures sont affreuses et les animations très très lentes. A part ça, la fumée est pas mal faite.
- Jouabilité7/20
Du haut de mes pratiquement deux mètres, j'ai déjà du mal à me déplacer convenablement, alors imaginez un peu ce que ça peut donner avec une créature grande de plusieurs dizaines de mètres ! Ouais, c'est pas évident. Et si en plus on est trahi par une caméra mollassonne, y'a de quoi baisser les bras rapidement.
- Durée de vie5/20
Seulement 10 créatures dont certaines ne sont que des déclinaisons d'elles-mêmes (Godzilla 90, Godzilla 2000), c'est bien peu. Les modes sont très limités et pas vraiment intéressants.
- Bande son12/20
C'est kitsch mais c'est rigolo. Si la performance technique n'est pas là, on sourit à l'écoute de tous ces bruitages à la Bioman dignes des meilleurs nanars japonais.
- Scénario/
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Il est clair que ce titre joue à fond la carte du second degré. Second degré dans les combats, second degré dans le choix des créatures, second degré dans les bruitages. Dommage que le prix ne soit pas lui aussi du second degré, parce que là, il n'y a déjà plus de quoi rire. La note, elle, est à prendre au sérieux.