Tropico nous invite donc à nous plonger dans l'Amérique latine des années cinquante pour y fonder un nouveau régime plus ou moins démocratique et assurer la prospérité de la petite île de Tropico en s'assurant du bien être et du bonheur de la population mais en la tenant également en laisse au moyen d'une forte présence militaire. Un système de jeu intéressant qui renouvelle le jeu de stratégie et de gestion en lui apportant de nouvelles possibilités et en rénovant quelque peu certains de ses aspects. Une population qui fait ce qu'elle veut et qui est libre de vous renverser où d'émigrer, des institutions militaires prêtes à vous subtiliser le pouvoir ou encore des groupements politiques qui cherchent à vous déstabiliser, autant dire que le président qu'il vous faudra jouer devra avoir la tête sur les épaules. L'ambiance détendue de Tropico est donc trompeuse puisque ce jeu s'avérera rapidement assez complexe même s'il offre une prise en main quasi immédiate.

Dans la pratique, vous prendrez le pouvoir d'une petite île et tenterez de maintenir son économie tout autant que de vous maintenir en tant que chef d'Etat. A votre disposition, de nombreux moyens dont le recours à la force mais également des voies un peu plus douces qui consisteront tout simplement à faire le bonheur de vos concitoyens. Partant d'une économie bâtie sur l'agriculture, vous ferez rapidement grandir les réserves de vos coffres en pratiquant l'import-export mais également en vous dirigeant vers un système économique industriel. Quoi qu'il en soit, avec Tropico, on fait des choix, on décide de certaines actions mais au final c'est le peuple qui fait ce qu'il veut et choisit ou non de suivre vos décisions politiques et économiques. Si le tout lors des premières parties semble à première vue assez simple, l'ensemble ne s'en complique pas moins en imposant une attention rigoureuse et surtout pas mal de perspicacité afin d'effectuer les choix les plus judicieux pour vous maintenir au pouvoir. Bref, voici une nouvelle vision du jeu de gestion et qui devrait faire le bonheur des fans de la catégorie à moins qu'un certain nombre de petits désagréments côté technique ne viennent les contrarier.

Car si sur le papier le tout semble assez séduisant le jeu comporte en revanche quelques lourdeurs qu'il faudra accepter. En premier lieu, l'interface n'est pas un modèle côté intuitif même si l'on se repère facilement et que l'on parvient rapidement à en tirer le meilleur parti. Plus désagréable en revanche, le mode de construction au moyen de représentations fantômes qui manquent cruellement d'intérêt alors que d'autres titres proposent de représenter de manière plus concrète l'avancée des travaux. Les scrollings sont quant à eux très pénibles lorsque l'on est en zoom avant et les déplacements sur la carte en deviennent parfois très fastidieux. Tropico n'a toutefois pas que des défauts puisqu'il offre un didacticiel assez touffu, des modes d'information très complets et une interface qui, une fois qu'on l'a bien prise en main, permet de visualiser rapidement tous les paramètres du jeu. Plusieurs vitesses de jeu sont par ailleurs disponibles permettant de faire accélérer le rythme des constructions en périodes creuses ou au contraire de ralentir la cadence afin d'avoir le temps de faire tout ce qui est nécessaire en plein rush.

Côté graphismes, Tropico offre un très bon niveau de détail grâce à la qualité des zooms mais également grâce à des paysages simples mais soignés. Les animations pour leur part laissent un peu plus à désirer et il faut reconnaître que la vie de votre république manque quelque peu de dynamisme au départ. Côté bande-son en revanche les voix sont particulièrement soignées et les différents effets et musiques sont parfaitement dans le ton sympathique et décontracté du jeu. Au final Tropico s'avère un bon titre de stratégie et de gestion dont le concept original vient renouveler le genre de manière intéressante. On lui reprochera d'être un peu moins pointilleux au niveau de la technique que de son concept, ce qui lui donne malheureusement quelques petits aspects agaçants, comme la pixélisation des unités lors des rotations, le manque d'animations ou encore le scrolling parfois un peu récalcitrant.