Alors que sa sortie en France semblait assez improbable, Record of Lodoss War, le jeu, arrive finalement dans notre hexagone pour le plus grand bonheur des fans de cette série d'Heroïc Fantasy. Ce soft reprend en effet tout l'univers de l'anime des Chroniques de la Guerre de Lodoss, et se présente comme un action/RPG à la Diablo comme on n'a pas l'habitude d'en voir sur console.
Ce type de jeu, appelé aussi hack-and-slash, se joue habituellement à la souris, et est en effet quasiment inexistant sur consoles. Pourtant, et après quelques heures dans les méandres fantastiques du jeu, force est de constater que le gameplay se révèle tout aussi efficace au paddle. Les nombreux défenseurs de la Dreamcast seront donc ravis d'apprendre qu'ils héritent avec ce titre d'un hack-and-slash de grande qualité. L'action est vue de dessus, en 3D isométrique, et reste toujours très lisible malgré le caractère glauque et sombre des différents niveaux. Le seul point véritablement gênant reste le problème des vues. La rotation de la caméra ne se fait jamais à 360°, ce qui rend le champ de vision assez limité. Les combats se gèrent en temps-réel et laissent la part belle aux attaques magiques, ce qui donne un rendu plutôt épique aux affrontements. C'est parfois une trentaine de guerriers, squelettes ou elfes noirs qui vous assaillent en même temps, et l'on pardonnera donc la présence "logique" de ralentissements, même si cela nuit quand même beaucoup au gameplay, rendant les scènes de combat moins grandioses qu'elles le devraient. D'autant que les capacités 128 bits de la Dreamcast devraient pouvoir facilement faire tourner de telles séquences de jeu.
L'aventure est parfaitement scénarisée, et la quête n'est jamais linéaire. La carte immense de Marmo est accessible dès le départ, et les mini-quêtes sont nombreuses. Grâce aux nombreuses magies et à la customisation du personnage, qui acquiert de nouvelles compétences en gravant des runes sur les différentes pièces qui constituent son équipement, l'action n'est jamais trop répétitive, et l'on évolue facilement. Il est en effet possible de se téléporter vers un lieu sûr à tout moment, pour refaire le plein de vie et sauvegarder. Mais l'aventure n'en est pas pour autant trop facile, et les combats contre les boss requièrent un minimum de stratégie.
La licence Lodoss apporte un plus indéniable au titre. L'aventure regorge de cut-scènes en 3D qui font intervenir les principaux protagonistes de la série. Les puristes regretteront sans doute que les cinématiques ne reprennent pas plutôt des images de DA, qui auraient certainement pu mieux retranscrire l'ambiance de l'anime. L'histoire est d'ailleurs totalement inédite, et se déroule pendant les événements relatés par l'OAV. Afin de tenter de contrer les ambitions du sorcier Vagnard qui tente de ressusciter la déesse maléfique Kardis, le sage Wort fait renaître de ses cendres un guerrier mystérieux dont le nom semble avoir été effacé de toutes les mémoires. Les fidèles de la série reconnaîtront sans peine ce personnage qui devra dans le jeu s'allier à Parn et Deedlit pour mener à bien sa mission.
L'univers est immense et le jeu réserve une bonne cinquantaine d'heures de jeu. La quête fait intervenir presque tous les personnages de Lodoss, et vous pourrez parfois vous allier avec eux et combattre côte à côte. Les textes sont de très bonne qualité, et les choix que vous effectuerez lors des dialogues auront une réelle importance. Impossible en effet de pénétrer dans le village des elfes noirs par la force. Il faudra plutôt faire semblant d'être de leur côté et demander asile pour la nuit afin de pouvoir rencontrer Pirotess, toujours aussi dévouée au ténébreux Ashram. Même les grands dragons sont de la partie. Complots, traîtrises et sacrifices sont toujours les éléments clés du scénario, alors que dans l'ombre, la sorcière grise déplace ses pions dans sa quête éternelle de rétablir l'équilibre des forces du bien et du mal sur l'île de Lodoss. Record of Lodoss War constitue donc une très bonne surprise, qui surprend d'une part par son style de jeu plutôt rare sur console, et d'autre part parce que les adaptations de manga ou d'anime en jeux vidéo atteignent rarement l'Europe. Il serait donc dommage de se priver de ce soft long et parfaitement scénarisé, qui s'adresse tout de même en priorité aux amateurs de Diablo-like ou aux fans de Lodoss.
- Graphismes15/20
Le type même du jeu ne permet pas une représentation plus grande des personnages, mais l'ensemble reste très lisible, bien que parfois trop sombre. Les affrontements entre des dizaines de créatures simultanément rendent le spectacle grandiose et l'utilisation de la magie provoque des explosions de couleur et de lumière. En contrepartie, les ralentissements sont monnaie courante et gâchent la progression.
- Jouabilité15/20
La maniabilité au paddle se veut aussi efficace qu'à la souris. Seule la gestion des vues pourra causer quelques désagréments.
- Durée de vie16/20
L'aventure est particulièrement longue et promet une bonne cinquantaine d'heures de jeu. Impossible d'abandonner avant la fin si l'on accroche à l'univers de Lodoss, d'autant que le niveau de difficulté est bien géré et permet une progression plutôt aisée.
- Bande son14/20
Les doublages sont peu nombreux, sauf lors des cinématiques où les voix font vraiment pitié et ne retranscrivent pas du tout l'atmosphère que dégageait la VO. Les thèmes musicaux s'accordent bien avec l'esprit de la série, et les bruitages sont honorables.
- Scénario16/20
La quête est très bien scénarisée et permet de retrouver l'ensemble des personnages de Lodoss.
Un jeu qui ravira autant les amateurs de Diablo-like que les fans d'Heroïc-Fantasy qui connaissent les Chroniques de Lodoss. La réalisation n'est pas parfaite, mais la quête est longue, l'histoire intéressante, et le gameplay basé sur le hack-and-slash est toujours aussi efficace même à la manette.