Vib-Ribbon se veut donc un titre tout à fait particulier et qui devrait déstabiliser plus d'un joueur. Un investissement qui ne devra en effet être envisagé qu'après un jugement éclairé, sinon, gare aux mauvaises surprises. Dans le principe ce soft appartient à la catégorie musicale et met en scène un lapin du nom de Vibri. La principale occupation de l'animal consiste donc à parcourir un champ d'obstacles générés par la mélodie qu'il écoute. Le tout se présente sous la forme d'une ligne encombrée de formes diverses et notre mélomane effectue différents types de figures en fonction de ce qui se dresse sur son passage.

Dans la pratique, on accompagne donc Vibri et surtout la musique au travers de plusieurs levels pour les trois niveaux de difficulté. Si le lapin blanc passe avec succès les obstacles il parvient à une forme de vie supérieure lui donnant l'apparence d'une princesse ailée par exemple. Si en revanche vous le faites se planter misérablement, celui-ci régresse jusqu'à devenir une grenouille ou pire, un vulgaire ver. Rien de bien palpitant me direz-vous d'autant que les niveaux sont extrêmement courts (le temps d'une chanson ! ). Seulement tout n'est pas aussi simple et un titre qui semble manifester une misérable longévité se révèle en fait doté de zones en nombre infini ! Explication : Vib-Ribbon, non content de vous proposer de faire danser et sauter le joyeux lapin sur les musiques fournies par le jeu, vous permet également de générer vos propres niveaux de difficulté en fonction du CD audio perso que vous donnerez à manger à votre PSX. Le tout devient alors nettement plus affriolant puisque vous allez pouvoir vous repasser toutes vos musiques préférées tout en jouant. Vous commencerez néanmoins par mettre quelque chose de doux genre Sonate au Clair de Lune puis, une fois bien familiarisé avec les commandes vous pourrez vous défouler sur vos Rage Against the Machine, ou autres Iggy Pop . Pour simplifier : à musique lente, promenade de santé et à musique rapide ou saccadée, Cross Country !

Côté maniabilité le jeu ne souffre d'aucun gros défaut (il faut dire qu'au regard du concept, il semble difficile qu'il en soit autrement !). Pour résumer, vous n'utiliserez que quatre touches de votre manette en les combinant toutefois au gré des musiques du jeu ou de celles sur lesquelles vous aurez décidé de torturer le lapin. Votre but ultime sera donc d'actionner la bonne commande et au bon moment en fonction du type d'obstacle rencontré : boucle, trou, bosse, etc. Le tout se complexifie par la suite en mélangeant les figures et en imposant au joueur un peu d'inventivité pour anticiper à partir du visuel la manœuvre à effectuer.

Les graphismes, voici donc ce qui reste en fin de compte véritablement déconcertant avec Vib Ribbon. Volontairement minimalistes, voire carrément nihilistes aux vues des possibilités de la PSX, il surprendront par leur côté désuet et outrageusement simpliste. En gros, une petite animation en fil de fer qui rappelle l'antiquité du PC et on comprendra facilement qu'il est inutile de s'attarder sur des questions de nombre de polygones ou autres. Deux couleurs utilisées (si si !) le noir et le blanc et un tremblement quasi permanent auquel vous devrez habituer vos petites pupilles à moins d'être sujet à l'épilepsie : voilà le programme. La bande-son pour sa part ne décevra pas les amateurs du genre si toutefois on parvient à définir le genre en question qui se compose principalement de mixages de différents types de musiques. Quoi qu'il en soit, lorsque celle-ci finira par vous exécrer, ce qui viendra tôt ou tard, vous aurez à loisir la possibilité de la bannir de votre Playstation et d'y substituer vos meilleurs crus. Il ne devrait donc pas y avoir matière à râler contre cette bande–son puisque vous serez seul à en porter la responsabilité. Au final Vib-Ribbon, semble remporter des suffrages bien mitigés puisqu'il oscille entre un concept original, une durée de vie quasi infinie et une réalisation qui ramène volontairement la PSX à l'âge de pierre. Pourtant, l'ensemble est véritablement amusant et l'on parvient à passer pas mal de bon temps avec ce titre, jusqu'à ce que la lassitude s'installe. En bref, ceux qui se sentent prêts à franchir la ligne de ce monde étrange ne devraient pas hésiter une seule seconde et les autres, quant à eux, prendront soin de le contourner...