Les créateurs de Baldur's Gate, Black Isle Studios se sont remis sur le petit monde d'AD&D et nous sortent un Planescape : Torment des plus alléchants. Voyons si son ramage se rapporte à son plumage.
Après le carton planétaire et incontesté que fut Baldur's Gate, son add-on et en attendant le prochain Icewind's Dale, voici Planescape Torment pour nous tenir éveillés. Se déroulant lui aussi dans le monde d'AD&D, il utilise plus particulièrement le monde de Planescape, une sorte de plan plus décalé et morbide que le monde d'Heroic Fantasy pur qu'est Advanced Dungeons & Dragons. En fait, Planescape est une sorte de croisement entre une multitude de plans avec en son centre, Sigil la grande capitale. En se baladant dans les rues sombres de Sigil, les profanes d'AD&D comprendront ce que signifie une intersection de plans. Tout ce qui peut sortir de l'imagination d'un être humain se retrouve ici.
Tout commence quand vous arrivez, abasourdi, totalement amnésique et surtout irrémédiablement mort dans une gigantesque morgue. Vous êtes mort comme tous ceux qui sont ici mais vous, vous avez la fâcheuse habitude d'être tout simplement immortel. A partir de là, suit une longue, très longue quête remplie à ras bord de sous-quêtes, d'exploration et de dialogues. Tout ceci vous mènera à retrouver peu à peu la mémoire, vos origines et surtout à lever le voile sur le très opaque mystère de votre arrivée dans ce monde. En effet, nombre de gens ont une irrésistible envie de vous étriper et il faudra éclaircir tout cela. Dès le départ, vous êtes accompagné de Morte, une tête de mort volante qui vous servira de guide et d'allié précieux dans le monde de Planescape.
Utilisant une version améliorée du moteur de Baldur's Gate, Torment s'est garanti tous les avantages de ce dernier sans les inconvénients et surtout avec moult innovations comme des graphismes plus soignés grâce à des effets de lumière saisissants ou des brouillards mais aussi avec des personnages plus gros et bien plus détaillés. Quand on connaît un peu l'univers de Planescape, on se régale à l'idée de voir toutes les créatures de cet univers richissime. Dans Torment, elles sont toutes là (ou presque), et si au début vous n'aurez que Morte la tête de mort volante vous trouverez bien vite d'autres compagnons de route comme ce robot à bras multiples, cette fille à queue de rat ou encore ce démon aux ailes de chauve-souris. Bref, on retrouve dans le monde de Black Isle toute la richesse cosmopolite de Planescape, aussi bien au niveau des décors que dans les personnages et l'histoire. Les sorts sont tout aussi réussis avec des effets graphiques impressionnants et en nombre très important (une centaine).
L'interface ne défrisera pas les habitués de Baldur's Gate qui s'y retrouveront sans difficulté. Les compétences, points d'expérience, niveaux et toute la panoplie de CA et autres système de poids sont respectés comme dans Baldur. Quelques nouveautés sont tout de même là pour faciliter la tâche de notre héros. Tout d'abord des menus beaucoup plus intégrés avec l'utilisation du bouton de droite pour aller plus vite ou encore une interface complète pour les quêtes avec une description utile des personnages etc.
Le scénario aussi est beaucoup plus travaillé que dans Baldur's Gate avec une vision bien plus inhabituelle pour les vieux routards des dés et des dragons. Le monde tout autant que l'orientation qu'a voulu lui donner Black Isle sont vraiment originaux, déroutants et fascinants, donnant à Torment une ampleur pratiquement jamais égalée dans un jeu de rôle sur PC. Les dialogues participent fortement à cet état de fait, prenant quelquefois des allures classiques de jeu de rôle ou partant dans des délires d'humour noir. Les dialogues sont vraiment très nombreux d'ailleurs, ce qui découragera peut-être les moins passionnés par ce genre de jeu.
Seul point noir qui fera regretter ce bon vieux Baldur's Gate : l'absence de jeu multijoueur. C'est terrible quand c'est le prédécesseur qui l'intègre mais Black Isle a tout fait pour nous le faire oublier en nous proposant un scénario unique dans un monde unique, bref un jeu de rôle unique à la croisée des chemins entre Baldur's Gate et Fallout 2.
- Graphismes18/20
Un jeu qui reprend toutes les qualités de Baldur's Gate en y rajoutant des graphismes plus soignés et des effets encore plus jolis. Le résultat de ce remix est vraiment ce qui se fait de mieux en matière de 2D. Le monde est en plus très varié et nous fait voir énormément de paysages oppressants.
- Jouabilité16/20
Des menus, des menus et des menus. Certains ne supporteront pas mais en passant outre, le système de click très simple de Baldur ajouté à une interface tout de même bien clarifiée donne un ensemble homogène et largement pratique.
- Durée de vie18/20
Un scénario sur 4 CD avec une foule de dialogues, de sous-qûetes et de combats titanesques (attendez de voir le golem de fer :). Tout cela devrait vous tenir en haleine jusqu'au dénouement. L'absence de mode multijoueur gêne mais ne manque pas.
- Bande son17/20
Musiques soignées et angoissantes, les voix en anglais sont de très bonne qualité et surtout variées. L'ambiance sonore de Torment ressemble donc beaucoup à celle de Baldur's Gate mais qui s'en plaindra ?
- Scénario18/20
Un monde très riche et tout aussi original, rempli d'énigmes et de combats épiques. Les amateurs de jeux de rôle se régaleront.
L'après Baldur's Gate arrive en fanfare avec ce jeu de rôle surprenant et passionnant. Quand on sait que Black Isle n'est pas prêt de s'arrêter sur sa lancée des jeux de rôle haute qualité, on ne peut qu'attendre la suite en trépignant.