De l’argent gratuit ! C’est par cette promesse tarabiscotée qu’est accueilli le joueur se lançant pour la première fois dans l’étrange aventure de Pikuniku. Le studio britannique Sectordub s’est associé à Devolver pour livrer un jeu au scénario halluciné au sein d’un univers à la fois minimaliste et naïf. Sous couvert de grand n’importe quoi imaginé par un enfant, ce titre coloré réserve des moments réussis avec un peu de plates-formes et beaucoup de puzzles. Est-ce néanmoins suffisant pour que la recette acidulée mérite d’être goûtée par tous ?
♫ J’ai les guiboles qui collent, j’ai les talons, qui font des bons ♫
Si vous avez cliqué sur ce test pour y admirer les quelques captures d’écran y figurant, alors nous ne pouvons que vous conforter dans l’idée que vous vous faites d’emblée de Pikuniku. Oui, le titre édité par Devolver est d’une simplicité graphique à en faire hurler de joie les adeptes du minimalisme. Avec une pointe d’ironie vacharde, nous pourrions jurer qu’il s’agit du prototype d’un projet d’étudiants en Game Design dont les éléments graphiques auraient été réalisés intégralement sous Paint. Dans cet univers qui emprunte beaucoup à Monsieur Madame, le joueur incarne l’étrange Piku, une créature semblable à un Tic Tac à la fraise sur pattes qui essaye de rendre service à ses comparses. Son but ? Empêcher la société Sunshine Inc. d’arriver à ses fins. Malgré la naïveté apparente qui se dégage de Pikuniku, le propos se veut écologique, puisque les terribles robots industriels pillent les ressources naturelles en se servant de l’argent pour endormir le peuple.
La simplicité de la direction artistique de ce platformer 2D se retrouve dans les mouvements du personnage principal. Le joueur dispose d’une touche pour frapper et d’une autre pour sauter. Il a également la faculté de s’agripper avec ses grandes jambes à des crochets dépassant des plafonds, ou encore de se mettre en boule pour aller plus vite. Au fil de la progression, Piku gagne de nouvelles aptitudes grâce à des chapeaux spéciaux, ce qui lui donne accès à de nouvelles zones comme dans tout bon Metroidvania qui se respecte. De manière générale, il est demandé au joueur de réussir différentes quêtes en faisant appel aussi bien à sa dextérité qu’à sa matière grise. Qu’il s’agisse de faire pivoter des circuits électriques ou de trouver un moyen d’apporter un rocher sur un interrupteur, les puzzles sont simples à défaut d’être véritablement originaux. Le moteur physique peut parfois mener à quelques erreurs, surtout lorsqu'il est demandé d'être précis avec les jambes de Piku pour envoyer un projectile avec précision.
Let the sunshine
Soyons clairs, le charme de l'œuvre façonnée par Sectordub vient des dialogues désopilants entre des protagonistes à la fois mignons et énervants. Les niveaux ne sont pas des exemples d’originalité en termes de Level Design, mais la simplicité de la carte comme des mécaniques font que l’avancée se fait toute seule, sans temps mort, et dans une bonne humeur certaine. Si dans les faits le joueur doit très classiquement ramasser des pièces, sauter d’obstacles en obstacles et réussir différentes quêtes, il doit surtout le faire pour s’acheter de belles lunettes afin de rentrer dans un club privé perdu dans la forêt, ou simplement retrouver une pierre qui joue à cache-cache parmi d’autres cailloux.
Pikuniku n’est pas difficile, quand bien même certains boss tenteraient de ralentir la progression en envoyant des toasts possédés. Les passages purement plates-formes qui demandent un certain doigté sont bien présents, mais la mort est adoucie par une réapparition à quelques mètres de l’échec. Le joueur ne devrait donc jamais bloquer dans sa quête principale qui prend un peu moins de cinq heures pour être bouclée. Heureusement, de nombreuses quêtes secondaires sont proposées en plus de multiples objets à trouver pour rallonger la durée du trip. Les amateurs d'expériences multijoueur en local seront ravis de se lancer dans la petite dizaine de niveaux du mode coopération qui ont la bonne idée d'inclure quelques éléments compétitifs (comme des courses). Décidément, seul ou à deux, Pikuniku est pensé pour faire rire.
Points forts
- Des personnages très drôles
- Un assez bon mélange de plate-forme et de puzzle
- Zéro frustration
- Les niveaux du mode co-op
Points faibles
- Très court (moins de 5 heures de jeu)
- Pas vraiment original sorti de sa direction artistique
- Un moteur physique parfois capricieux
Pikuniku commence comme une blague désopilante et évolue en un jeu à l’histoire farfelue peuplé de personnages loufoques. Simple mais plutôt bon sur tous les aspects qu’il développe, le titre édité par Devolver ne se prend jamais au sérieux. Son aspect plate-forme basique, ses énigmes faciles et son côté Metroidvania pour jeune pousse correspondent à la simplicité des formes géométriques affichées par ses graphismes.