Les remakes, c’est terminé ! The Game Atelier prend le risque de sortir un épisode inédit de Monster Boy prenant la forme d’un Metroidvania coloré. Dans cette nouvelle épopée, Jin et Zeke partent à la recherche d’orbes sacrés qui furent jadis utilisés afin d’expier le mal. Des objets légendaires dont la nature magique est forcément utile contre une malédiction s'abattant sur une population transformée en animaux. Il en va de l’avenir du royaume, et de la bonne santé de l’oncle Nabu qui risque de rapidement rencontrer le bourreau local pour toutes les péripéties bestiales qu’il semble avoir causé.
Copains comme cochons
Conçu en collaboration avec Ryuichi Nishizawa, le papa originel de la série des Wonder Boy, Le Royaume Maudit emprunte toujours aux codes de l’action-aventure mais ajoute une bonne dose de Metroidvania à sa formule. Ainsi, la progression se fait par l’intermédiaire d’objets, de pouvoirs (grâce aux truffes à manger) et de transformations à glaner au fil de l’aventure afin de débloquer les différents chemins que les niveaux recèlent. Les équipements jouent un rôle important dans la réussite de la mission puisqu’ils octroient des capacités indispensables à l’avancée. Les bottes lourdes donnent accès aux fonds marins, tandis que les boules de feu grillent les obstacles végétaux et que l’épée de glace crée des blocs là où l’eau se déverse. Contrairement aux apparences, ce sidescroller joue rarement avec la profondeur, malgré la présence de deux ou trois séquences où le joueur est expulsé sur des éléments situés à l’arrière-plan. Les mécaniques de base qui composent Monster Boy et le Royaume Maudit sont maîtrisées et ne laissent que peu de place à l’imprécision, sauf peut-être dans les moments où il faut se protéger avec un bouclier des attaques venant d’en haut, mais en diagonale. Certains dégâts sont en effet encaissés à cause d’un entre-deux délicat dans la position défensive. La jouabilité est bonne et se fait sur peu de boutons. Sur Switch, nous conseillons cependant l’utilisation d’un Pad Pro en mode TV afin de rendre les indispensables attaques piquées plus confortables à exécuter.
L'atout majeur du titre de The Game Atelier vient des transformations au bon vouloir du joueur en animaux mutants, disposant chacun de compétences d’attaque et d’exploration distinctes. Chaque Orbe récupéré débloque en effet une transformation en un nouvel animal. Lorsqu’il est cochon, Jin est incapable d’utiliser son équipement, mais garde la faculté de lancer des sorts. Il dispose d’une attaque haute, basse ou piquée (comme le lion), à utiliser selon la taille de l’ennemi ou pour étourdir des assaillants trop entreprenants. Son groin affiche la direction à suivre et fait apparaître portes comme mécanismes, ce qui est forcément utile dans un Metroidvania où, parfois, le nombre de routes à découvrir rappelle les plus tortueux des labyrinthes. Dans la peau froide d’un serpent, le jeune héros a la faculté d’entrer dans les endroits exigus mais aussi de ramper à la verticale sur les murs recouverts de lierre. Une étrange poignée virevolte au-dessus du héros ? Pourquoi ne pas l'attraper avec la langue de la grenouille ? À moins que la charge du lion ou que les envolées du dragon ne soient plus utiles à la résolution d’un puzzle ?
Bébête show
La complémentarité des bestioles à incarner est primordiale dans la réussite de la mission. Il est par exemple demandé de faire apparaître une pièce de mécanisme grâce au groin du cochon, pièce à avaler avec le serpent afin de la transporter plus simplement jusqu’à l’endroit prévu à cet effet. Parfois, détruire un monstre à l’épée peut s’avérer être la solution la plus efficace, mais le gober avec la grenouille fait néanmoins gagner quelques précieux points de vie. Si l’on ajoute le fait que des pouvoirs supplémentaires se débloquent pour chaque type d’animal, il est aisé de passer à côté d’une solution par simple oubli d’une compétence précédemment octroyée.
Le challenge proposé par l’épopée vient également des nombreux ennemis présents, toujours prêts à envoyer un nuage toxique ou un malus de vitesse pour mieux entraver la progression, lorsque ce n’est pas carrément un boss qui oblige à apprendre quelques patterns. Monster Boy dispose d’une bonne courbe de difficulté, adoucie par l’arrivée de cœurs balancés par Zeke en cas de morts à la chaîne face à un boss. Dans le même ordre d’idées, des panneaux d’information se tiennent avant chaque étape potentiellement complexe, ce qui permet au joueur de se préparer selon les indications inscrites. Les boutiques spécialisées dans les soins ont eu le bon réflexe marchand d’ouvrir à quelques mètres des boss, et les prix sont plus qu’abordables. Vous l’aurez compris, si le challenge est bien présent, la difficulté n’est jamais insurmontable et la progression se fait sans heurt, hormis dans la dernière partie du titre. Les amateurs de Metroidvania à l’ancienne pourraient donc être surpris par cette approche plus sucrée et moins élitiste de leur genre favori. Les nombreuses énigmes qui agrémentent l’aventure, basées sur des mécanismes rapidement assimilables, se corsent légèrement à partir du moment où la grenouille devient accessible. Les poignées faisant tournoyer les niveaux ont vite fait de mettre les idées sens dessus dessous.
En accord avec son challenge dépourvu de frustration et son gameplay bien pensé, l’univers du Royaume Maudit est ravissant. Oui, tout est mignon dans la peau d’un cochon ! Les sprites 2D sont colorés et détaillés, les animations sont remplies de détails amusants, et les petits animaux qui peuplent les lieux ont des trognes irrésistibles. Même les ennemis sont mignons, à l’image du blob géant souriant, trop satisfait d’être coiffé d’une couronne qui fait de lui un être à part, ou encore du champignon qui devient chafouin après avoir reçu un mauvais coup. Les musiques guillerettes aux mélodies variées apportent encore un peu plus de gaieté à ce monde exaltant. Tous les éléments sont donc réunis pour faire de la création de The Game Atelier une nouvelle référence dans le milieu très concurrentiel du Metroidvania, en plus d’être une excellente manière de laisser les plus jeunes découvrir un genre trop souvent réservé aux plus habiles.
Points forts
- Mécaniques de jeu réussies, basées sur les transformations
- Un Metroidvania dans lequel on ne se perd pas !
- Graphiquement mignon et bourré de détails amusants
- Une progression rarement frustrante, parfaite pour les plus jeunes
- Compositions musicales inspirées
Points faibles
- Les multiples aides pourraient rebuter les plus élitistes du genre
- Renvoyer les projectiles au bouclier s’avère être délicat
Attrapez-les tous ! La quête aux orbes du Royaume Maudit mérite toute votre attention. Dans les univers de ce Metroidvania aux couleurs chatoyantes, chaque pièce d'équipement, chaque transformation en animal mutant et chaque pouvoir composent un gameplay maîtrisé aussi bien dans les combats que lors des phases d'exploration. Avec ses puzzles variés, ce Monster Boy se paye en plus le luxe d'être parfaitement compréhensible malgré ses multiples possibilités, livrant ainsi une expérience idéalement calibrée, et rarement frustrante.