Développé par une équipe espagnole, Gris s’inscrit dans une mouvance bien connue de notre média, celui des expériences mêlant plates-formes, énigmes et poésie. Quelques mois après nous avoir nous avoir tapé dans l’oeil, celui-ci débarque sur PC et Switch, deux plateformes qu’il entend conquérir avec ses visuels des plus attirants.
Vous incarnez ici une jeune fille nommée Gris. Dotée d’une grande cape de couleur et explorant un monde imaginaire en 2D, elle cherche à surmonter une douloureuse expérience personnelle et va se reconstruire, physiquement et métaphoriquement. Cette reconstruction passe par une série de niveaux à explorer grâce aux pouvoirs que vous récupérerez : le double saut, la possibilité de transformer sa robe en brique, ou de nager librement, par exemple.
Cinquante nuances de GRIS
Le titre est d’ailleurs inspiré en terme de level design : si bon nombre d’idées ont déjà été aperçues ailleurs, la combinaison des éléments proposés et la construction des niveaux restent suffisamment inventives. De plus, la progression est très intuitive grâce aux nombreux éléments visuels et sonores qui permettent au joueur de ne jamais être totalement perdu. La difficulté est d’ailleurs très peu présente, même s’il vous faudra prendre quelques instants de réflexion de temps à autre pour ne pas rester bloqué. Concrètement, cette progression se manifeste par la découverte régulière de nouveaux plateaux aux couleurs et aux mécaniques de jeux différentes. Les décors rouges feront par exemple la part belle aux tempêtes et éléments venteux, tandis que la zone bleue est axée sur les énigmes aquatiques.
La réussite de l’ensemble tient aussi de la simplicité de la progression, qui vous demandera simplement d’explorer les plateaux proposés en résolvant des énigmes environnementales pour récupérer des petites orbes de lumière. Des orbes qu’il vous faut ensuite ramener près d’une zone précise pour débloquer les phases suivantes : les derniers niveaux étant plus ouverts, les zones accueillant les orbes de lumière ont la bonne idée d’être disposées de façon à ce que nous puissions rapidement comprendre dans quelle direction se trouvent les orbes manquantes. D’une manière générale, les plans de caméra et la disposition des niveaux ou des plates-formes suffisent à rendre la progression très intuitive et éviter que le joueur se perde malgré des derniers niveaux légèrement plus étendus.
Un exemple d'énigme environnementale
Etat : GRIS pâle ?
Sur le plan scénaristique, GRIS s’appuie avant tout sur son environnement et des cut scenes suggestives pour faire progresser sa narration, le tout sans la moindre ligne de dialogue. Celle-ci est donc nettement moins explicite et limpide que celle d’un Rime, par exemple, mais ne manque pas d’intérêt pour autant car elle parvient tout de même à faire passer un message avec beaucoup de simplicité, proposant davantage une expérience sensorielle qu’un message fort pour toucher le joueur. Il ne vous faudra guère plus de 4 à 5 heures pour boucler l’ensemble, mais cette courte durée de vie évite les répétitions d’énigmes et s’avère finalement suffisante pour faire le tour du concept sans nous laisser un arrière-goût d’inachevé. Nous regrettons tout de même que la narration reste le plus souvent effacée au profit des sensations, le titre disposant d'un potentiel pas entièrement exploité sur ce point.
Plus grand GRIS que petit GRIS
Impossible de ne pas évoquer également le travail fantastique réalisé sur la direction artistique et la bande-son. Cette dernière, mélancolique à souhait, est régulièrement mise à profit pour aiguiller le joueur sur les interactions possibles avec son environnement, comme sur cette magnifique séquence où le joueur est averti de l’arrivée d’une brève tempête à chaque fois que le piano cède sa place à des sonorités au ton plus grave. Quant à la première citée, elle brille grâce à des environnements et des cut scenes dessinées à la main qui lui offrent une patte artistique soignée. Un choix qui se ressent particulièrement sur les superbes animations des cut scenes, ainsi que sur la modélisation des quelques animaux que vous aurez l’occasion de croiser.
Les premières minutes de l'aventure
Points forts
- Une progression très intuitive
- L’animation des cut scenes, la modélisation des niveaux
- La bande-son toujours très juste
Points faibles
- Peu d’idées innovantes sur le concept
- Un potentiel narratif pas entièrement exploité
GRIS est une aventure mélancolique brillante sur la forme. S’il propose un concept nettement plus classique sur le fond, l’ensemble s’accompagne tout de même d’idées de gameplay réussies, matérialisant une structure et une progression suffisamment bien pensées et intuitives. Sans s’avérer particulièrement brillant ou original, le titre de Nomada Studio est un fier représentant de son genre qui vaut clairement le détour et n’a finalement que bien peu de défauts : un atout justifiant pleinement qu’on lui laisse sa chance en cette fin d’année chargée en jeux de qualité.