Issu du jeu de rôle du même nom, Mutant Year Zero raconte l'histoire d'un monde post-apocalyptique dans lequel une poignée d'humains et de mutants sont parvenus à trouver refuge dans l'Arche, havre de paix tenant à l'écart sa population des dangers de la zone, comprenez le reste du monde. Au cœur de cet univers atypique, vous incarnez pour commencer deux des personnages principaux du jeu : un canard et un sanglier, tous deux mutants doués de parole et surtout plutôt agiles lorsqu'il s'agit de faire parler la poudre.

Un univers soigné

Sans vous révéler les ramifications de l'intrigue, qui devrait vous occuper un peu plus d'une dizaine d'heures, sachez qu'un soin tout particulier a été apporté à la consistance de l'univers du jeu. L'écriture est assez soignée, l'atmosphère crédible et les personnages, en dépit de leur aspect peu commun, sont tous bien brossés et s'avèrent même attachants. Notez que le joueur patient, qui prendra le temps de revenir dans l'Arche, hub central du jeu sur lequel nous reviendrons, profitera de lignes de dialogues supplémentaires, la plupart étant déclamées en réaction avec vos actions récentes.

En outre, les décors traversés sont plutôt jolis, au même titre que les effets de lumière du jeu ou sa direction artistique générale, assez inspirée. Si l'on pourra déplorer une optimisation à revoir, les chutes de framerate étant assez fréquentes, Mutant Year Zero sait créer une vraie atmosphère et développer intelligemment ses personnages pour donner l'envie au joueur de continuer l'aventure, globalement divisée en deux phases : exploration et optimisation.

Entre approche frontale et discrétion

Au cours de votre aventure, vous serez amené à explorer les dangers de la Zone, divisée en carte de modestes proportions, chacune étant séparée d'un temps de chargement. La première activité à laquelle il convient de se livrer est l'exploration. Il est effectivement nécessaire de récolter de la ferraille et autres ressources pour que, une fois retourné sur l'arche, vous puissiez améliorer votre équipement, débloquer des compétences passives pour l'ensemble de votre groupe ou acheter du matériel (grenades, trousses de soins...).

Mais naturellement, vos pérégrinations ne seront pas de tout repos et de nombreux adversaires vous barreront la route. Cependant, plutôt que de foncer tête baissée, une autre option s'offre à vous : la discrétion. D'une simple pression de touche, les membres de votre groupe s'accroupissent et éteignent leur torche, réduisant ainsi le périmètre dans lequel les ennemis peuvent vous détecter, périmètre clairement indiqué à l'écran. En s'armant d'un peu de patience, il devient possible de tuer les membres isolés de la bande adverse, afin de dégraisser un peu les effectifs avant d'affronter le gros des troupes. Si, cependant, vous attaquez avec des armes bruyantes, les ennemis environnants vous entendront et vous passerez en mode de combat « classique », au tour par tour. Il faudra donc utiliser toutes les compétences silencieuses à votre disposition pour tuer un ennemi discrètement au plus vite, et également s'assurer qu'il ne ripostera pas lorsque son tour viendra, en l'assommant, par exemple.

Cette méthode est encouragée par le jeu, dans la mesure où les ennemis sont nombreux, agressifs, et infligent des dégâts importants, à l'inverse de vos personnages. Même dans un mode de difficulté normal, il existe un vrai déséquilibre entre la puissance de vos avatars et celles des adversaires. Choisir d'éliminer un maximum d'ennemis en amont permettra clairement de rétablir une certaine équité au cours des affrontements. En somme, vous n'avez pas vraiment d'autres choix que de recourir à cette méthode, faute de quoi vous aurez de grandes chances de mourir en boucle.

Si vous choisissez de foncer à bride abattue dans le bain de sang, sachez que les combats se déroulent d'une manière très classique pour quiconque ayant déjà effleuré un X-COM like. Vous pourrez ainsi vous mettre à couvert, profiter du décor (destructible) pour prendre l'avantage et utiliser armes à feu et grenades pour venir à bout des adversaires. Notez que, syndrome XCOM oblige, les chances de toucher semblent un rien aléatoire, à plus forte raison que les indicateurs visuels vous prennent parfois en défaut. Effectivement, un ennemi peut sembler à découvert, mais une minuscule souche d'arbre peut compter comme une couverture partielle amputant à vos chances de toucher un bon quart de son pourcentage. Les ennemis, en revanche, ne vous rateront que très rarement. Ajoutez à cela quelques morts dues à des bugs ou une attribution des touches qui parfois induisent en erreur – provoquant par exemple un déplacement non désiré -, et vous comprendrez que la mort sera assez fréquente dans le jeu. Enfin, notez que, sur les lieux à plusieurs étages, la lisibilité des endroits possibles de déplacement est réduite à néant par une quantité beaucoup trop importante d'informations.

À mesure que vous remporterez des combats, vos personnages prendront de l'expérience que vous pourrez répartir dans différentes mutations et vous aurez également la possibilité de dépenser le fruit de vos différentes récoltes dans de l'armement plus puissant. La courbe de progression est assez peu équilibrée et l'on sent assez subitement une nette amélioration des capacités une fois suffisamment de mutations enclenchées.

En somme même s'il est parfois frustrant, Mutant Year Zero reste une expérience tactique plutôt agréable, qui, en dépit de quelques errances, est suffisamment solide et déploie un univers assez soigné pour retenir le joueur dans son aventure.