Fort de son expérience mobile sur Assassin’s Creed Pirates et Identity, Ubisoft revient à la charge avec Assassin’s Creed Rebellion. Cette nouvelle aventure sur iOS et Android, s’abreuve des concepts de Fallout Shelter en y mêlant une dose de puzzle et d’action, histoire d’offrir de la réflexion et de la gestion dans un écrin du plus bel effet. Tâchons donc de savoir si l’oeuvre tient la route, sur le long terme.
Pendant ce temps, en Espagne…
Assassin’s Creed Rebellion vous propulse dans le cadre du film Assassin’s Creed, à l’époque de l’espagnol Aguilar de Nehra, soit au XVeme siècle. Dans cette Espagne marquée par l'expansion coloniale, la vie des Assassins est difficile car ils sont traqués par le pouvoir, notamment religieux, lequel fut très tôt noyauté par les Templiers. C’est donc à vous de former une confrérie apte à sauver le royaume de la corruption et des intentions cachées de ses dirigeants.
En tant que joueur, votre première tâche sera donc de forger des équipes de combattants de plusieurs types, lesquels partiront dans diverses missions pour rapporter ressources et fragments d’ADN, denrée essentielle pour invoquer de nouvelles recrues. Ce faisant, on fait monter le niveau de la confrérie, débloquant de nouvelles salles à disposer dans le QG, ce qui vous permettra d’avancer plus vite, et ainsi de suite. L’aventure se profile donc sous plusieurs formes : des missions scénarisées à travers plusieurs régions de l’Espagne jusqu'aux événements éphémères venant vous offrir des bonus, en passant par la gestion de votre QG en vue de mieux préparer vos troupes.
Place aux “puzzles”
Si les joueurs sont désormais habitués à cet aspect gestion de base, qui se retrouve aussi bien dans un Fallout Shelter que dans un Westworld mobile, AC Rebellion offre à travers ses missions une expérience assez inédite. En composant une équipe de trois combattants, aux compétences variées, le joueur s’offre un éventail de compétences à utiliser sur le terrain. Ainsi, lors d’une mission d’assassinat, il vous sera par exemple conseillé de prendre un assassin, un ingénieur et un soigneur. L’assassin se chargera de l’approche furtive, le tacticien servira à désamorcer les pièges, quant au soigneur, il sera utile sur la dernière phase, pour améliorer la condition de votre assassin face à sa cible. Le niveau se découpe en plusieurs pièces qu’il faudra explorer selon votre convenance, mais toujours avec un seul et unique personnage à la fois.
Les salles offrent des configurations différentes, mettant tantôt en avant les affrontements directs, tantôt l’approche furtive à travers de la verticalité ou des cachettes. Sur ce genre de cas de figure, c’est à vous de décider si vous envoyez votre assassin pour qu’il dépense ses quelques token d’assassinat sur les ennemis, tout en sachant qu'il peut également utiliser ses token de furtivité, si toutefois il dispose de ce type de compétences. De prime abord assez sommaires, ces features gagneront en complexité au fil des missions et il sera parfois crucial de pencher pour un style plutôt qu'un autre. Rassurez-vous, si vous perdez une mission, il sera très facile de la recommancer sans avoir à attendre que vos troupes reprennent leur santé. Chaque assassin est différent, et dispose d'une compétence unique : il est donc de bon ton de préparer un minimum vos escapades, choisissant des profils les plus adaptés et les soldats les plus en forme…
De retour au bercail
Entre chaque mission, il est évidemment possible de retourner au QG de la Confrérie. Ce faisant, nos soldats se soignent dans l’infirmerie, vaquent à leurs occupations et peuvent être placés dans différentes salles afin de produire des ressources en interne ou d'entraîner vos équipes. Chaque action requiert évidemment des ressources, qu’il s’agisse de temps à investir avant d’obtenir l’amélioration ou bien de cuir et autres ingrédients que vous devrez farmer dans les missions de pillage.
Fort de ce modèle, AC Rebellion est un free to play de longue haleine aux automatismes bien pensés. Ainsi, il est possible de “rusher” les missions sur lesquelles vous disposez de la note maximale, tout comme il est possible de calibrer le jeu en mode automatique ou en accéléré. Et si l’IA fait plutôt bien son travail, rappelons tout de même qu’il lui arrive régulièrement de négliger la vie de vos unités, ce qui découlera souvent sur un résultat non-parfait. Si vous perdez un assassin, vous perdez une étoile sur trois pour la complétion de votre mission. Ce même assassin passera par la suite une petite heure à l’infirmerie avant d’être d'aplomb, mais il est bien évidemment possible de le requinquer plus vite en lui donnant des potions, une denrée évidemment épuisable que vous pourrez looter ou acheter en boutique.
En plus de ses compétences, chacun de vos assassins dispose d’un équipement qu’il faudra crafter, en vue d’être plus efficace sur le terrain, ce qui occupera pas mal vos troupes au QG, chargées de forger pour chaque unité trois éléments d'équipement. Toutefois, ce sont les statistiques propres de vos soldats qui importent finalement le plus. Leur "niveau de puissance", sorte d’indice qui agrège l’ensemble des statistiques, définit votre capacité à aller sur le terrain sur diverses missions. La monter vous imposera de mettre en mode "entraînement" très régulièrement vos assassins, qui grimperont ainsi de niveau et pourront participer aux missions les plus élevées. Pour faire évoluer encore plus significativement leur puissance, il sera primordial de partir en quête de fragments d’ADN (à travers les missions d’Héritage) pour promouvoir vos troupes et leur faire gagner des étoiles de maîtrise.
Notre gameplay au coeur de la faille de la Grèce Antique
Une progression inégale
Et si les premières heures de Rebellion se font très rapidement, en enchaînant les affrontements et en roulant sur les missions, les suivantes s’avèrent bien plus tendues et vous imposeront systématiquement d’importantes phases d’acharnement, de farm, de grind : appelez ça comme vous le voulez mais la résultante reste la même : il vous sera impossible de progresser “naturellement” avec fluidité dès lors que vous aurez franchi la seconde région. A partir de cet instant, qui ne représente que la seconde étape, sur cinq, dans votre accomplissement du titre, vous allez en baver et vous faire régulièrement stopper par des tâches dont le niveau de puissance conseillé est systématiquement bien au dessus du votre. Une fois le joueur accroché, le free to play s’embarque alors dans des routines répétitives qui seront votre quotidien des jours durant avant de prétendre participer à une nouvelle mission du scénario, à la difficulté artificiellement gonflée.
Cependant, on nous invite très régulièrement à retourner en jeu, que cela soit pour valider un craft, achever un entraînement, ou valider la promotion d’un de vos assassins. On en profitera alors pour effectuer quelques “rush” et valider les objectifs journaliers pour accumuler un peu d’XP et de ressources. Seulement voilà, le plaisir de jeu et de découverte s’estompe quelque peu durant cette phase, bien trop poussive pour être plaisante, surtout lorsque le titre rabache très régulièrement qu’il est possible de payer pour acheter des héros surpuissants. Et même si l’on a envie d’évoluer, de trouver de nouvelles salles à construire, ou de recruter un nouvel assassin parmi les 46 disponibles (tous dotés d’une capacité unique), il faut bien l’avouer : la courbe de progression actuellement pensée pour le titre n’est pas des plus agréable à arpenter, malgré les qualités indéniables du jeu en matière de gestion et de contenu.
Comment gérer au mieu sa base ?
Points forts
- Graphiquement très attractif (3D, design chibi)
- Durée de vie conséquente (5 zones, 46 assassins uniques)
- Une partie gestion de confrérie plutôt complète
- Un gameplay original mêlant action et tour par tour
- Un free to play, sans pub externe et sans vraie limite de temps de jeu
Points faibles
- Courbe de progression très vite abrupte et tâches souvent répétitives
- Des interfaces pas toujours claires ou pratiques
- Nombreux chargements entre l'interface de mission et le QG
- Boutique assez intrusive et plutôt chère
Assassin’s Creed Rebellion est un free to play malin, beau et plaisant à découvrir. Toutefois, sa courbe de progression souffre énormément de pics de difficulté artificiels qui forcent le joueur à faire très régulièrement les mêmes actions, des jours durant, afin d’espérer pouvoir avancer dans l’histoire. Malgré ces soucis, il offre aux joueurs un gameplay original et un contenu qui se veut très complet, même si la clé d’accès à ce dernier nécéssite un farm très régulier.