Courant 2015, une petite bande-annonce avait tapé dans l’oeil de bien des amoureux de vieux jeux de course des années 90. Son nom ? GRIP. Avec ses allures de Rollcage new-gen, le titre de Caged Element a séduit les joueurs et après un passage sur Kickstarter et le succès des différentes démos qui ont été présentées via Steam, le voilà dans nos étals. Faut-il craquer ? Sans vouloir vous influencer : oui, il faut. À condition de savoir où vous mettez les pieds.
La seconde moitié des années 90 fut une époque particulièrement fructueuse en matière de jeux de course idiots. Idiots, et donc forcément inoubliables. Alliant vitesse insensée à un level-design toujours plus fou, tous avaient leur petit truc en plus, mais certains sont plus facilement restés dans les mémoires. Comme Rollcage, le titre du studio Attention To Details ; dans ce jeu-là, les fous du volant pouvaient s’embarquer dans des courses renversantes, au sens propre comme au sens figuré, puisque les voitures pouvaient être se tourner d’un côté et de l’autre sans jamais s’arrêter. Conduire sur les murs, sur le plafond, faire des vrilles avant de retrouver le sol… Tout ça était fort amusant mais malheureusement, après un second épisode, Attention To Details avait préféré voguer vers d’autres horizons, avant de fermer ses portes en août 2003. Aujourd’hui, le studio Caged Element se propose de ressusciter la formule, une démarche qui s’explique par la présence, au sein de l’équipe, de plusieurs membres clés des développements de Rollcage et Rollcage : Stage 2. On était forcément impatient de voir le résultat final.
Les vieux pots, la meilleure confiture, tout ça
Difficile de ne pas ressentir un léger pincement au coeur lors des premières courses sur GRIP : Combat Racing. Avec ses voitures à la tôle grossière et cabossé, ses décors industrialo-futuristes, presque post-apocalyptiques, GRIP évoquera aux plus nostalgiques de nombreux jeux de course de la fin des années 90. Rollcage bien entendu, mais aussi des titres comme Destruction Derby ou encore le très sympathique Planet Of Death, plus connu par son acronyme POD. Les environnements sont chargés de ruines rouillées, de villes futuristes perdues dans un brouillard de pollution jaunâtre, et même les plus hautes cimes enneigées n’échappent pas à la morsure du métal. Il y a indubitablement un effet madeleine de Proust qui a fonctionné à merveille avec nous, et l’on ne doute pas qu’il en sera de même pour tous les gamers qui ont connu cette délicieuse époque.
On retrouve également cette conduite très arcade, dans laquelle il s’agit principalement d’aller vite, très vite. Comme dans Rollcage, les bolides de GRIP permettent de rouler sur les murs ou au plafond, pourvu que vous soyez suffisamment rapide. Forcément, les tracés sont de prime abord plutôt abordables, puisque les virages qui vous demanderont de lâcher l’accélérateur, voire de freiner, sont peu nombreux : il faut éviter que le joueur perde de la vitesse. Non, la difficulté n’est pas vraiment là. Comme dans Rollcage, les routes sont bardées d’obstacles et pour les éviter, le plus simple reste encore de changer de chemin. Parfois, il suffit de virer à gauche ou à droite au dernier moment, parfois il faut trouver un moyen de sauter pour se propulser sur un mur, ou carrément au plafond. Les différents tracés de GRIP regorgent certes de pièges, mais il y a aussi de nombreux raccourcis, des chemins alternatifs que l’on peut atteindre en profitant des capacités uniques des voitures du jeu. Le sentiment de devoir constamment improviser est franchement jubilatoire, surtout lorsque l’on parvient à ses fins, par exemple en utilisant demi-tremplin pour sauter et pivoter de telle sorte à atterrir sur un mur, sans perdre de temps. C’est la plus grande force de GRIP, qui imprime ainsi un rythme complètement fou à ses courses.
On a roulé sur la Lune
Ne pas perdre de temps, voilà qui n’est pas toujours facile dans GRIP. Pour deux raisons, plutôt agaçantes du reste : la physique des bolides, et certains éléments de design des circuits. L’essentiel du temps, les voitures sont bien collées à la route, mais dès qu’elles encaissent un choc, elles se montrent subitement beaucoup plus légères, et s’envolent assez vite. De fait, on se retrouve souvent dans les airs, sans possibilité de la stabiliser ou de la réaligner avec la route. Et ne croyez pas qu’une fois de retour sur le plancher des vaches, vous pourrez repartir aussi sec : les voitures peuvent rebondir plusieurs fois, comme si la gravité n’avait plus aucune prise sur elles. Ce qui peut se montrer parfois assez agaçant, vous l’imaginez bien. Cette physique bien particulière se combine parfois avec quelques curiosités de level-design : certains éléments du décor sont parfois curieusement placés et constituent de fait des pièges supplémentaires dont on se serait bien passé, puisqu’ils brisent le « flow » des courses. Il y a alors deux façon de voir les choses : soit l’on considère qu’il y a quelques erreurs en termes de level-design, soit il s’agit d’un choix des développeurs, afin de rendre le jeu plus difficile. De fait, plutôt qu’utiliser ad vitam aeternam la touche permettant de replacer sa voiture sur la route, on usera et abusera de l’option « Recommencer » pour tout reprendre à zéro. Dans tous les cas, ne vous attendez pas à briller dès votre première course : GRIP est finalement plutôt exigeant et c’est en connaissant bien les circuits que vous réussirez vos plus belles performances. Certains apprécieront cette approche old-school, d’autres moins, c’est évident. Malgré ces quelques écueils, les circuits de GRIP sont une belle réussite et on retrouve bien l’esprit de Rollcage.
En revanche, nous avons constaté à plusieurs reprises quelques légers soucis de caméra lorsque la voiture que l’on pilote subit un choc. Si elle est retournée, il n’est pas rare que la caméra ait parfois un peu de mal à se replacer. Bien évidemment, cela pénalise doublement le joueur qui non seulement doit composer avec la perte de temps causé par le missile, mais aussi avec les caprices de cette caméra. Espérons que cela soit corrigé dans les jours ou semaines à venir, car sans être omniprésent, ce défaut est franchement désagréable.
Carcasse merguez
Si vous aviez découvert GRIP très tôt, en accès anticipé, avant d’oublier le jeu, vous serez fort surpris de découvrir que le titre a pris en volume, avec moult choses à faire. Outre l’inévitable mode multijoueur et les diverses options qu’il offre (avec notamment, youpi, un mode écran scindé permettant jusqu’à quatre joueurs de s’affronter), GRIP dispose désormais d’une Campagne plutôt bien fournie. Composée de onze phases, elles-mêmes composées de trois épreuves différentes, cette Campagne se parcourt avec plaisir puisqu’elle se renouvelle très régulièrement, en proposant différents types d’épreuves ou en introduisant petit à petit des nouveautés de gameplay qui complexifient les parties. Par exemple, les premières courses ne permettent d’utiliser qu’un seul type de bonus, le turbo ; d’autres ne vous demanderont pas de finir premier, mais de marquer un maximum de points en mitraillant vos ennemis de balles et de missiles. Chaque victoire permet d’engranger de l’XP et donc de monter en niveau, afin de débloquer de nouvelles voitures ou de nouvelles options de customisation. Autant dire que l’on a rarement le temps de s’ennuyer. Enfin, il y a quand même un léger bémol : GRIP manque cruellement de circuits, ou du moins d’environnements de course, et on finit par trouver que tout se ressemble un peu. Certes, chaque environnement accueille différents tracés mais ce n’est pas assez, clairement. C’est à notre sens la principale faiblesse du jeu, mais certains le lui pardonneront peut-être, en considérant qu’en fin de compte, GRIP n’est vendu que trente euros.
Sorti de la campagne, le joueur sera ravi de trouver un mode Solo permettant de s’essayer directement à tous les types de parties que propose GRIP, du match à mort en arène, en passant par la course d’élimination ou même des épreuves de carkour. Une jolie variété qui peut être mise à rude épreuve tant en ligne qu’en local et multiplie la durée de vie d’un titre qui n’en manquait pourtant pas.
Points forts
- Plutôt joli
- Un concept qui n’a pas vieilli
- Le level-design de la plupart des circuits
- La Carrière, plutôt longue
- La variété d’épreuves
- Du split-screen en 2018, alléluia
Points faibles
- Quelques soucis de level-design sur certaines courses
- On aurait pas dit non à quelques circuits et environnements supplémentaires
- La physique des voitures, dès lors qu’elles sont dans les airs
- Quelques soucis de caméra
Pour notre plus grand bonheur, GRIP: Combat Racing ressuscite Rollcage et l’esprit des jeux de courses futuristes de la fin des années 90. Délicieusement rétro, le titre de Caged Element mise sur des sensations fortes et un level-design ingénieux (mais pas dénué de défauts) pour proposer des courses comme on n’en fait plus aujourd’hui. La formule n’a pas vieilli d’un iota ! Aussi amusant que complet, GRIP mérite toute votre attention, a fortiori si vous aviez aimé le travail de Attention To Detail.