Celui qui se fait appeler Rock Man au Japon est de retour ! Après plusieurs années d’absence – à l’exception de compilations orchestrées par Capcom – Mega Man a enfin l’honneur d’apparaître dans un épisode inédit ! Pour le trentième anniversaire du Blue Bomber, l’éditeur a conçu une aventure placée sous le signe de la modernité dont les fondations remontent aux origines de la licence. En rendant hommage au passé, sans omettre les attentes de la nouvelle génération, Mega Man 11 affiche une belle ambition et de solides nouveautés. Le Dr. Wily n’a qu’à bien se tenir !
L’histoire de Mega Man 11 débute par un flashback. Alors étudiants en robotique, Thomas Light et Albert Wily aspirent à un monde meilleur et rêvent d’une parfaite harmonie entre les humains et les robots. Mais là où Light souhaite développer une pensée indépendante pour chaque androïde, Wily prône la puissance et les performances. Avec des visions aussi divergentes, le point de non-retour est inéluctable. Alors qu’il met au point son système Double Gear, Wily est stoppé dans sa progression par le Comité… qui approuve les recherches de son désormais rival. Nourri par sa vengeance, il sera neutralisé à plusieurs reprises par Mega Man, le protégé du Dr. Light. Mais on n’arrête pas Wily aussi facilement…
Alors que Light et ses acolytes vaquent à leurs occupations, Wily débarque dans le laboratoire et s’empare des robots du professeur. Le Double Gear, son appareil qui lui a valu un rejet du Comité, est désormais fonctionnel et peut causer de grands maux à la population. Devant l’urgence de la situation, Mega Man décide d’utiliser à son tour le Double Gear afin de lutter, d’égal à égal, face à ses nouveaux adversaires. Le point de départ d’une aventure menée tambour battant !
DOUBLE JEU
Pour les trente ans de la série, Capcom a conservé la formule des précédents épisodes. Le jeu consiste ainsi à traverser une série de niveaux en récupérant le pouvoir des boss vaincus pour se frayer un chemin jusqu’à la forteresse du vieux moustachu en exploitant les points faibles d’autres gardiens. Il suffit ensuite d'utiliser les touches de tranche pour jongler entre les différentes aptitudes acquises. Chaque stage répondant à une thématique (électricité, feu, glace, roche…) et au bon vieux triangle élémentaire, il est préférable de suivre une certaine logique pour faciliter sa progression. Rien de tel que d’éliminer le boss au pouvoir électrique pour s’occuper, par la suite, de celui disposant des capacités de glace avant de s'attaquer au gardien du feu. C’est du grand classique mais la formule est toujours aussi efficace.
Pour le gameplay, il ne faut pas s’attendre à des bouleversements majeurs. Il s’agit toujours d’un jeu mêlant l’action à la plate-forme avec des combats de mini-boss à mi-distance. Saut, tir, concentration d’énergie… tous les poncifs de la série sont présents ! À tout moment, Mega Man peut faire appel à Rush, soit pour utiliser un ressort (pour attraper des items, éviter des ennemis...), soit en grimpant sur son dos pour se déplacer temporairement d’un point A à un point B. Les nouveautés, quant à elles, sont à chercher du côté du Double Gear. Désormais, grâce à ce système, le héros peut, durant quelques secondes, ralentir le temps – l’animation passe alors en mode « bullet time » - ou booster la puissance de son tir. Le level design, assez vertical, a été étudié dans ce but et instaure un vrai dynamisme, le Double Gear permettant d’améliorer la gestion de ses sauts, d’optimiser ses déplacements ou d’esquiver avec plus d’efficacité. Il est également possible, à condition de cumuler les deux pouvoirs mais cette technique est à utiliser en dernier ressort car elle rend inutilisable la jauge plus longtemps. En revanche, si cela facilite (un peu) les choses, ne croyez pas que Mega Man 11 manque de challenge.
ROBO-RATIF
Les développeurs de Capcom n’ont pas lésiné sur le bestiaire et les obstacles. Si chaque niveau débute de façon assez calme, le Blue Bomber ne tarde pas à être débordé par des vagues hostiles. Les ennemis débarquent de tous les coins et respawnent immédiatement dès qu’on s’éloigne et qu’on revient dans la zone. Certains se protègent pendant d’autres utilisent divers stratagèmes pour vous surprendre, que ce soit des projectiles ou des déplacements soudains et déstabilisants. On ne parle même pas des adversaires qui fondent sur vous incessamment. Il faut avoir l’œil partout et aiguiser ses réflexes sous peine de prendre cher. Mais Capcom n’est pas dupe. L’époque a changé et il n’est plus question d’avoir des jeux aussi difficiles que dans les années 1980. Par conséquent, Mega Man 11 propose plusieurs modes de difficulté qui s’adaptent à vos compétences. En mode casual, les chutes ne sont pas mortelles (le héros est récupéré par Beat, son petit oiseau bleu). Blue Bomber est également plus résistant à l’inverse de ses opposants qui sont plus friables. Mais que les amateurs de difficulté se rassurent, il suffit de repasser en mode Normal ou Expert pour se retrouver face à des défis dignes de ce nom. Dans ces conditions, le laboratoire de Light ne sera pas de trop pour fabriquer des objets de soutien (bottes en titane, capsule d’énergie, vie supplémentaire…) ou différents modules améliorant les capacités de l’avatar bleu.
LES PETITS PLUS
Une fois que l'aventure principale est terminée (dès que tous les boss sont vaincus, plusieurs niveaux mènent à la forteresse de Wily), le joueur peut se rendre dans les extras où l’attendent des classements en ligne, une galerie et surtout une myriade de défis, dont certains sont à débloquer. Outre le contre-la-montre consistant à terminer chaque niveau le plus rapidement possible, le menu propose différents types d’épreuves : sauter le moins de fois possible, tirer le moins possible, enchaîner les combos pour obtenir le meilleur score, détruire des ballons bleus, trouver des portraits, boucler chaque niveau dans le temps imparti, etc. Cela permet de prolonger le plaisir durant quelques heures, surtout pour les férus de compétition.
Si les éditeurs se laissent parfois à du laisser-aller dès qu’il s’agit de toucher à la fibre nostalgique, Mega Man 11 prouve que Capcom n’a pas pris le retour de sa franchise à la légère. Le style NES de Mega Man 9 et Mega Man 10 a fait place à un cel-shading coloré et réussi. La direction artistique de Yuji Ishihara est excellente et les environnements, comme les effets visuels, sont soignés. L’animation ne souffre d’aucun ralentissement et laisse apprécier des mouvements souples et détaillés. Le goût du travail bien fait se retrouve dans ses différents thèmes musicaux, à la fois traditionnels, modernes et toujours très rythmés. Non vraiment, les fans peuvent être rassurés : Mega Man n'a rien perdu de sa superbe !
Points forts
- Direction artistique réussie
- Les graphismes colorés
- L'intégration du Double Gear
- Des idées de gameplay excellentes
- Les clins d'oeil aux anciens épisodes
Points faibles
- Quelques imprécisions
- Une fois maîtrisé, le titre se termine vite
- Décors visuellement inégaux
Pour son trentième anniversaire, Mega Man signe un retour en fanfare. Ce onzième épisode, abouti à tous les étages, a le mérite de s’ouvrir à toutes les catégories de joueurs. Ses idées de gameplay lumineuses, son ambiance, sa difficulté bien dosée et sa qualité de finition en font un titre de choix. L’hommage, mêlant mécaniques d’antan et concepts inédits, prouve que ce volet n’a pas été pris à la légère par Capcom et c’est tant mieux ! On peut donc espérer de futures aventures du Blue Bomber dans les mois à venir.