Conçu par une équipe qui a pris le nom de son projet, Planet Alpha fait déambuler un étrange cosmonaute sur une planète éloignée de notre galaxie où chaque nuage peut dissimuler une espèce végétale comme animale étonnante. Dans l’univers de ce side-scroller coloré, il est possible de jouer avec une couche du temps. Ce n’est pourtant pas la pluie et le beau temps que peut invoquer le mystérieux héros, mais le jour ou la nuit. Devrions-nous pour autant craindre que la mécanique des astres, sur la durée, puisse mener à un désastre ?
La traversée des géants
Sous son aspect “arty” qui s’impose dès les premières minutes de jeu, Planet Alpha demande de suivre un long chemin semé d’embûches dans la plus pure lignée d’un Little Nightmares. Jeu de plates-formes oblige, le protagoniste casqué dispose d’une série de mouvements lui permettant de maîtriser l’univers au sein duquel il évolue. Outre le classique saut et le non moins populaire accroupissement, le cosmonaute a la faculté de grimper au lierre et de déplacer des objets à la force de ses bras. Ces actions sont indispensables afin de contourner des obstacles ou encore créer des chemins, ce qui rend l’expérience légèrement frustrante quand le petit personnage se bloque dans des boîtes de collision. Puisque la survie, c’est aussi une histoire de mental, le héros est doté d’un pouvoir singulier : celui de contrôler l'alternance jour/nuit, et donc d'influencer l'emplacement du soleil dans le ciel. Rien que cela !
Les énigmes ont de ce fait le point commun de jouer sur l’espace, mais aussi sur le temps, l’étoile effectuant son cycle au gré des pressions effectuées par le joueur sur les gâchettes. Lorsque le soleil est à son zénith, certaines plantes s’ouvrent, par exemple, plus volontiers que si les ténèbres les drapent, créant ainsi des plates-formes utiles. Il faut donc choisir intelligemment le moment de la journée opportun afin de contourner un problème, en faisant par exemple intervenir le crépuscule pour que les espèces florales se referment, édifiant ainsi une zone de couverture primordiale. Car l’environnement n’est pas la seule source de risques dans Planet Alpha, puisque des armées d’adversaires mécaniques prennent petit à petit possession des lieux.
En effet, divers robots tentent d’empêcher la progression du héros, n’hésitant pas à lui tirer dessus au laser dès qu’ils aperçoivent un bout de son scaphandre. L’infiltration est à envisager face à ces tas de boulons sortis de l’esprit torturé d’un cinéaste fou des années 1960. À l’image d’un Inside, la mort n’est pas punitive : un décès inopiné ramène immédiatement le joueur à un checkpoint placé quelques secondes avant le trépas. À l’instar de la référence précédemment citée, la progression se fait à base de séquences purement plates-formes, de fuites en avant, d’énigmes se reposant sur le moteur physique et de scènes tout simplement contemplatives. La seule différence notable vient de la position des objets déplacés qui n’est pas réinitialisée entre chaque chargement de checkpoint. Cela n’a cependant pas occasionné de bugs bloquants au fil de notre périple, contrairement à la physique qui a envoyé notre héros tellement profondément dans un décor que nous avons fusionné avec ce dernier.
Le jour et la nuit
Comparé aux jeux de Playdead où les énigmes prennent une place relativement importante, Planet Alpha met l’accent sur la plate-forme. Cela signifie que les passages demandant de la dextérité ne sont pas rares, surtout dans les univers parallèles où la gravité est dramatiquement plus basse, ce qui a pour effet de brouiller les repères par rapport à tout ce qui touche le saut. À intervalles réguliers, des moments de poursuite rythment la quête aux artefacts et exposent des panoramas majestueux, non sans quelques chutes de roches causées par le passage de créatures gigantesques qui virevoltent entre le premier et l’arrière-plan.
Au niveau de sa direction artistique, Planet Alpha se permet une rencontre entre le low-poly qui fait apparaître des arêtes saillantes et des éléments graphiques très organiques. La faune et la flore qui habitent les lieux ont effectivement toujours un appendice fluorescent en plus d’un aspect luisant afin de rappeler qu’ils viennent d’une autre galaxie. En outre, les terrains sont particulièrement colorés et rappellent à bien des égards ceux d’Avatar, voire de Trine. L’éclairage, quant à lui, se permet pas mal de surexpositions, ce qui peut faire émerger un aspect assez brouillon émanant des niveaux, d’autant plus que la lisibilité est parfois mise à mal à cause d’un nombre important d’éléments au premier plan. Quoi de mieux que des hymnes relaxants et pleins de mystères dans le but de faire résonner une aventure empreinte de mysticisme au travers de paysages luxuriants ? Les musiques du titre semblent toutes sorties d’une version “extended” du thème d’ouverture de la PlayStation 2, ce qui est un bon choix pour cet appel à la découverte.
Une fois arrivé au terme des dix chapitres qui composent l’aventure, force est de reconnaître que le voyage proposé se laisse parcourir avec plaisir, sans pour autant redéfinir un genre ni même exceller dans les catégories qui la composent. La mécanique d’accélération du cycle jour/nuit et des modifications qu’elle occasionne sur le terrain est une idée intéressante quelque peu malmenée par sa mise en exécution. Faire tourner les astres prend en effet un certain temps malgré l’avance rapide, ce qui fait vite tomber à plat tous les moments où le pouvoir doit être utilisé dans un timing serré. Il est, de plus, courant de glisser dans des parties de niveaux qui font la part belle aux réflexes pour des courses qui se terminent au fond d’un trou si le bon champignon ne s’est pas ouvert assez rapidement. Enfin, le pouvoir est inutile en intérieur, ce qui rend les visites d’usines et de grottes sombres de la seconde partie du jeu peu palpitantes.
Points forts
- Une fuite en avant rythmée, pleine de surprises
- Un bon mélange entre plate-forme, infiltration et énigme
- Un rendu “organique” réussi
- Des panoramas jolis
Points faibles
- Quelques approximations et bugs de collision
- Un côté chargé qui peut nuire à la lisibilité
- Légèrement répétitif dans sa seconde moitié
- Des ralentissements encore présents
Planet Alpha est un side-scroller contemplatif qui emprunte énormément aux productions Playdead, sauf qu’ici, les couleurs sont chaudes et saturées. La modification du cycle jour/nuit au bon vouloir du joueur est suffisamment amusante pour agrémenter ce périple extraterrestre, même si nous aurions aimé plus de variété dans les situations créées. Le trip n’en demeure pas moins étonnant et bourré de séquences plaisantes, malgré quelques approximations du côté de la maniabilité.