Le crissement des parquets, le claquement assourdissant d'un dunk, le doux bruit du filet quand un tir fait filoche, la grâce d'un dribble croisé... Rares sont les simulations de sport procurant autant de sensations que celles mettant le ballon orange à l'honneur. Pour séduire le grand public, EA a bien compris que capturer l'essence spectaculaire du basketball était essentiel. Alors que la franchise a retrouvé sa crédibilité l'an passé, NBA Live 19 offre une expérience encore loin d'être parfaite, mais suffisamment plaisante et complète pour mériter l'intérêt des curieux de la discipline.
Que vaut la nouvelle édition du jeu de basket d'EA ?
Come on and slam
Pour replacer NBA Live sur le radar des joueurs, EA devait avant tout soigner sa prestation sur les parquets. Si l'opus précédent gardait encore une touche arcade prononcée, son successeur gagne légèrement en réalisme et en fluidité. Qu'on se le dise : l'action est toujours rythmée de dunks puissants, de contres, de cassages de chevilles et de lay-up aussi improbables que spectaculaires qui finissent dans le cercle. Le jeu bénéficie cependant de la fameuse Technologie de mouvements réalistes, déjà employée depuis quelques années sur Fifa notamment. Son apport se ressent à l'écran, l'action sur le parquet étant moins brouillonne qu'avant, et surtout, manette en main. Les joueurs se déplacent de manière réaliste et les dribbles s'enchaînent mieux, avec une certaine aisance puisqu'il suffit de manipuler le stick droit pour déclencher naturellement crossover, dribbles dans le dos et autres mouvements ravageurs, parfois propres à certains joueurs. Le stepback de James Harden, le shoot soyeux de Stephen Curry... les stars ont droit à leurs "signature moves". Les bases de gameplay sont solides, avec quelques nouveaux mouvements (dribbles entre les jambes ou dans le dos de l'adversaire, Shammgod...) appréhendables facilement grâce à un tutoriel complet et didactique pour chaque compartiment du jeu.
Le travail d'individualisation du comportement des joueurs est cependant loin d'être achevé. Voir Rudy Gobert dribbler comme Kyrie Irving puis tenter (et réussir) des stepback au poste n'est pas pour nous déplaire, mais niveau réalisme, ça fait tâche. Grosso modo, chaque joueur, quel que soit son poste ou son physique, peut faire la même chose que les autres sur un terrain. Un défaut qui va de pair avec le comportement de l'IA, agaçante au possible lorsque l'on essaye de créer du jeu sur attaque placée ou en transition mais que personne ne bouge comme il faut, et tout aussi paumée en défense.
Malgré cela, les sensations restent agréables : en quelques instants, n'importe quel joueur derrière son écran est capable de se muer en scoreur efficace, bien aidé par une jauge de tir généreuse qui permet de facilement déclencher des shoots parfaits, et tout simplement par le jeu. On a souvent l'impression de ne pas contrôler ce que le joueur fait, la faute à des animations encore très robotisées voire scriptées, et à un gameplay qui manque encore de profondeur technique. Deux exemples flagrants : les tirs près du cercle, imprévisibles, et le jeu au poste, qui peut faire passer du "wow, j'ai réussi à faire le mouvement que je voulais !" au "qu'est-ce qu'il vient de passer ?" d'une possession à l'autre. Mais souvent, ça marche, et c'est spectaculaire.
N'allez toutefois pas croire qu'il suffit de foncer vers le panier et d'appuyer bêtement sur une touche pour marquer. Changez la difficulté, personnalisez vos paramètres pour un rendu plus réaliste (en suivant par exemple les conseils avisés du site Operations Sports), et c'est un tout autre jeu qui se livrera à vous. La défense fait plutôt bien son travail, sans doute trop même, au point de se faire constamment bousculer en voulant dépasser son adversaire ou en tentant de se démarquer sans ballon. Les contacts se font ressentir, et procurent de bonnes sensations. Défendre sur l'homme est particulièrement satisfaisant : si vous restez bien en face de l'attaquant, en suivant la petite flèche au sol qui sert de guide, vous arriverez à stopper son offensive. Dommage que les rebonds, les contres et les passes soient toujours autant approximatifs. En cause : la physique de la balle, qui semble parfois flotter aléatoirement tel un ballon de plage. Mais au final, l'imperfection et le côté permissif de NBA Live 19 jouent dans un sens en sa faveur, en le rendant fun à chaque instant et jamais frustrant.
Basketball without borders
"Fun" et "jamais frustrant", trois mots qui résument à merveille NBA Live 19, que ce soit dans son gameplay ou dans ses modes de jeu. Une fois n'est pas coutume, le gros du programme est articulé autour de la création de son joueur (ou de sa joueuse), "L'Élu", capable dès les premiers matchs de s'imposer sur les parquets. Plus que jamais, EA met l'accent sur le côté streetball, en laissant finalement la NBA sur la touche. La narration se limite à des interactions via le smartphone virtuel et quelques cinématiques, où Stephen A. Smith et Max Kellerman de l'emblématique chaîne ESPN évoquent les exploits de notre avatar, qui a eu la bonne idée de prendre une année sabbatique après la fac pour briller sur les playgrounds du monde entier. On peut ensuite évidemment se faire drafter, enchaîner les matchs NBA, viser le titre et les récompenses individuelles, dans un mode carrière efficace mais très, très basique, qui offre le strict minimum.
Là où NBA Live 19 brille, c'est lorsqu'il amène notre avatar dans la rue. Les possibilités sont variées, à la fois en online et en offline. D'un côté, le Live Run pour du 3v3 ou 5v5 compétitif en ligne et les Live Events, soit des challenges quotidiens à mener en coopération avec d'autres joueurs. À la clé : des récompenses uniques (t-shirts, chaussures ou encore joueurs de raretés diverses). De l'autre, le mode Streets World Tour, particulièrement prenant, qui amène à faire une série de matchs sur les terrains du monde entier. À mesure que l'on progresse, on débloque des joueurs qui servent ensuite à composer son crew de cinq streetballers. C'est là l'atout du titre, qui rend le grinding agréable, jamais lassant et équitable : il y a toujours quelque chose à gagner, que ce soit des points de compétences pour notre avatar, des animations ou des insignes pour personnaliser son jeu, ou des objets cosmétiques à foison pour lui donner du style.
En matière de contenu, la principale nouveauté de NBA Live 19 réside dans le mode Court Battles. Chaque utilisateur peut créer de A à Z son propre terrain, avec de nombreuses options : logos, couleurs, mais aussi les règles de jeu (exemples : les dunks et les contres valent trois points, le premier à 11 points gagne, etc). L'objectif : défendre son terrain, en composant un cinq majeur que les autres joueurs devront affronter, tout en capturant celui des autres en venant à bout de l'équipe adverse, contrôlée par l'IA. Là encore, il y a une myriade d'éléments à débloquer. C'est addictif, original, et cela apporte de la variété grâce aux différentes règles qui changent la manière dont on aborde le jeu.
Trust the Process
Si NBA Live semble avoir trouvé son identité autour des modes "L'Élu", le reste est encore en chantier. Graphiquement, le rendu est agréable à l'oeil de manière générale, bien qu'encore inégal. Les textures sont propres, les parquets et les playgrounds brillent de mille feux, mais on sent que la plupart des joueurs n'ont pas eu le droit au "face scan". Plus gênant encore : les morphologies, complètement éloignées de la réalité dans certains cas, comme le Shaq qui a miraculeusement perdu 50 kilos. Le moteur de jeu Frostbite manque cruellement à l'appel, d'autant qu'il permettrait de proposer un vrai mode Carrière scénarisé, dans la lignée de "L'Aventure" de Fifa ou du "Longshot" de Madden NFL.
Niveau immersion, les développeurs font des efforts en rassemblant des éléments qui parleront aux amateurs de basketball : une tracklist hip-hop soignée (bien que limitée à 20 morceaux), l'habillage ESPN qui met tout de suite une ambiance "comme à la TV", le duo cinq étoiles Ed Cohen et Jay Williams au micro... mais l'ensemble est malheureusement sous-exploité. Les commentaires tournent vite en rond, et l'ambiance sonore durant les matchs en street se limite à une musique qui se répète en boucle et à un public qui hurle de temps à autre sans trop de logique par rapport à l'action.
Même son de cloche pour le contenu hors "L'Élu", à commencer par le mode Franchise. La structure est posée, les bases sont là, mais l'intérieur est complètement vide : on se contente de choisir une seule équipe, d'avancer dans le calendrier en simulant (ou en jouant) les matchs tout en gérant son effectif, on s'occupe de la draft, des contrats et de la masse salariale à l'intersaison, puis rebelotte. Pas de quoi tenir les joueurs en haleine, d'autant que la simulation n'est pas encore au point. En voyant les Chicago Bulls finir deuxièmes à l'Est, menés par un Jabari Parker à 32 points de moyenne, les puristes de la Grande Ligue risquent de s'arracher les cheveux. Le mode Ultimate Team est déjà plus riche en options avec des défis qui se comptent par dizaines. Mais les microtransactions et la lenteur pour accumuler les paquets et les joueurs de valeur viennent ternir l'expérience, sachant que l'on démarre avec des cartes ridiculement faibles. À moins d'avoir énormément de temps (ou d'argent) pour s'y consacrer, difficile d'y trouver de l'intérêt.
Quant aux amateurs de jeu en ligne cherchant simplement à planter quelques paniers de temps en temps avec leur équipe préférée, ils ont à leur disposition des serveurs stables, un matchmaking rapide et, il était temps, la possibilité d'affronter directement un joueur de sa liste d'amis. Il est simplement dommage qu'aucune équipe historique ne soit jouable. On se contente ici des sélections All-Star, des trente franchises NBA, de leurs maillots Association, Icon et Statement, ainsi que des douze équipes féminines de la WNBA. Là encore, l'expérience est incomplète : on aurait aimé pouvoir lancer un mode Franchise avec les Los Angeles Sparks ou les Minnesota Lynx, ou tenter d'aller chercher le Graal avec notre joueuse dans un mode carrière WNBA. Si NBA Live 19 fait déjà preuve de son potentiel, la reconstruction est toujours en marche pour consolider tous les compartiments de son jeu. Trust the Process, comme le dit si bien Joel Embiid.
Points forts
- Gameplay intuitif, fun et spectaculaire...
- Système de progression complet et gratifiant
- Le thème streetball
- Bonne variété de modes de jeux, online et offline
- Le mode Court Battles, original et prenant
- Plutôt joli
- Quatorze playgrounds, dont des nouveaux (Quai 54, Rio...)
- L'habillage ESPN
- La licence WNBA et la possibilité de créer une joueuse...
Points faibles
- ... qui manque encore de profondeur et de précision
- Le comportement de l'IA
- Modélisations des joueurs (gabarits et visages) qui vont du bon au mauvais
- La physique de la balle
- Mode Carrière basique
- Mode Franchise limité en options
- L'ambiance sonore durant les matchs
- ... sans pouvoir lancer de mode Carrière ou Franchise WNBA
Plus complet et plus fluide que son prédécesseur, NBA Live 19 est assurément un jeu de basketball recommandable. Autant les néophytes que les accros au ballons orange peuvent s'y retrouver tant l'expérience de jeu est plaisante, de manière immédiate et constante, à condition d'aimer créer, personnaliser et faire évoluer son joueur. Dunker, shooter et dribbler a rarement paru aussi intuitif, avec un réel progrès dans les sensations de jeu. Ceux qui cherchent un gameplay moins permissif et qui en demandent plus, notamment en matière de réalisme, risquent cependant de rester sur leur faim. La marge de progression est encore immense, notamment sur les modes Carrière et Franchise, mais les signes encourageants sont là.