Idéale pour immerger le joueur dans un univers constitué de pixels, la réalité virtuelle prend tout son sens à la première personne et gagne en intensité une fois notre survie mise en jeu. Les créatifs du studio Firesprite exploitent ainsi le PlayStation VR avec The Persistence, un FPS horrifique survivaliste et exclusivité de la PlayStation 4 prenant place à bord du vaisseau colonisateur éponyme, et donnent du grain à moudre aux adeptes d’expériences en VR.
Un thriller spatial horrifique
Un vaisseau colonisateur nommé Persistence victime d'avaries mécaniques dérive à l'abandon avec à son bord l'avenir de l'humanité en sommeil cryogénique. Une conscience transférée dans ce même vaisseau sauve de la mort notre héroïne en réincarnant cette dernière dans un corps de substitution, un clone. Cette nouvelle enveloppe tout juste éveillée se voit alors confier une mission aussi essentielle que vitale. Réparer et redémarrer le Persistence et poursuivre le voyage. L'aventure ne sera pas de tout repos pour autant. La structure labyrinthique de l'aéronef est infestée par des mutants extrêmement agressifs nés de l'altération des êtres humains qui l’habitent.
Difficile voire impossible de concevoir un thriller horrifique prenant pour cadre un vaisseau perdu dans l'immensité de l'espace sans puiser dans une manne d'oeuvres préexistantes parlant au plus grand nombre. The Persistence, loin de révolutionner ni la science-fiction ni le thriller spatial, récite simplement ses gammes et pioche dans la pop-culture ain de bâtir un contexte sommaire. De Alien à Perdu dans l'Espace en passant par Doom 3 ou encore Dead Space, le FPS de Firesprite suppure le déjà-vu par tous les pores. Et la mise en scène minimaliste ne fait qu'accentuer cette impression avec pour seul ressort narratif une conscience humaine qui vous accompagne tout au long du périple.
Néanmoins, The Persistence troque volontiers son scénario contre une ambiance horrifique efficace. Sur ce point, artistes et game designers parviennent à nous scotcher et à nous étouffer sous une atmosphère pesante, bien que les environnements soient assez convenus et répétitifs à la longue. Le vaisseau lui-même est un personnage à part entière qui taquine constamment l'héroïne par d'habiles procédés connus de tous mais parfaitement maîtrisés. Tuyaux percés dégageant de la vapeur, râles des ennemis au loin, chutes de plafond et gestion pernicieuse des sources de lumières... le Persistence s'anime des plus mauvaises intentions sans abuser outre mesure des grands classiques du Survival-Horror : traditionnels jump scares et autres artifices éculés.
L'effroi s'insinue ici doucement, mais sûrement dans nos esprits en jouant au chat et à la souris avec nos nerfs. Parcourir ce vaisseau est alors aussi plaisant que traumatisant et la réalité virtuelle accentue ce sentiment omniprésent de peur. A la moindre silhouette, au moindre bruit... le cœur s'emballe et l'adrénaline afflue dans les veines de ce clone, dernier espoir de l'équipage. Et le motion sickness inhérent à la VR n'a pas pris la peine de monter à bord du Persistence. L'aventure se traverse sans cette indésirable nausée à même de ruiner les efforts des créatifs derrière ce projet.
Gameplay : Un pont trop loin
Survie hostile en milieu procédural
Le seul concept de transcendance se cachant derrière les multiples résurrections de l’héroïne nous met la puce à l’oreille quant à la nature profonde de ce FPS. Loin d’être une excuse pour justifier une dimension Roguelike exploitée par de nombreux studios depuis plusieurs années, le clonage s’insère parfaitement dans ce récit de science-fiction tout comme le réagencement du vaisseau après chaque mort. La matière noire a bon dos, mais justifie une suspension consentie de notre incrédulité. Décider de croire et non de remettre en cause, tel est le credo des survivalistes s’aventurant dans le Persistence.
L’héroïne est immortelle. La mort n’est ici qu’un éternel recommencement. Et cette dernière ne garde que peu de choses de ses précédentes excursions. Un clone reste un clone et les armes perdues sur votre précédent cadavre ne réapparaissent pas comme par magie au pied de votre nouvelle enveloppe charnelle. Notre compagnon d’infortune responsable de nos multiples renaissances nous confie plusieurs objectifs à remplir et nous offre le moyen d’y parvenir en échange de ressources à récolter au gré de nos pérégrinations. Cellules souches, puces de fabrications et jetons Erebus sont nécessaires pour la construction et/ou l’amélioration d’armes et d’équipements ainsi que la mise à jour de vos corps d’emprunt. L’exploration est donc la clé de la survie en milieu hostile afin d'affronter des mutants divers et variées qui hantent les couloirs et les salles du Persistence à la recherche de leur prochaine victime.
Les forces en présence imposent une prudence de tous les instants et les outils adéquats afin d’en venir à bout sous peine de périr une fois encore. Il est possible de s’infiltrer et d’éliminer les intrus sans sommation avant même d’être détecté ou alors de les affronter en combat singulier avec le risque de perdre de précieux points de vie ou pire notre progression actuelle. Téléportation pour s’enfuir, bouclier pour parer les attaques et capteurs pour détecter les ennemis à portée, notre héroïne est loin d’être démunie face à une menace grommelant sans interruption. L’échec n’est ici qu’une étape vers l’accomplissement et chaque résurrection apporte son lot de mises à jour pour nos clones et les équipements mis à disposition. Cependant, notre héroïne se doit de fabriquer ses armes via des machines disposées aléatoirement dans les niveaux au gré d’une aventure finalement linéaire… un comble pour un jeu généré en partie de manière procédurale.
Le manque de renouvellement et d’inspiration quant aux environnements et aux ennemis, et donc de l’expérience après plusieurs heures à crapahuter dans le Persistence, égratigne le plaisir qui se dégage d’un premier contact enthousiasmant. Une certaine répétitivité se dégage de ce FPS sachant faire preuve d’imagination lorsqu’il s’agit d’envoyer ad patres toute la vermine grouillant sur le vaisseau. Extracteur de cellule, matraque électrique, pistolet à aiguille, grenade gravitationnelle, sérum de rage, etc…le studio exprime toute sa créativité. Le survivant aussi équipé soit-il n’est pas pour autant à l’abri d’une mauvaise rencontre dans ce vaisseau en perpétuelle restructuration. Remplir tous les objectifs exige de l’abnégation, une bonne dose de courage et de la patience pour arpenter le Persistence et côtoyer sa faune un brin particulière.
Points forts
- Un thriller spatial haletant...
- Un Survival-Horror immersif sublimé par la réalité virtuelle…
- La montée en puissance de l’héroïne (armes, augmentations, équipements)
- Une atmosphère oppressante à souhait
- Une maîtrise des codes de l’horreur
Points faibles
- … à la narration trop minimaliste pour exploiter cet univers S-F
- … quelque peu répétitif de par sa vision Roguelike
- Le manque de variété des environnements et des ennemis
The Persistence est une excellente surprise estivale. Perfectible sur plusieurs points à commencer par la redondance qui s’en dégage, ce FPS fusionne Survival-Horror et génération procédurale au sein d’un univers cohérent et tangible. Et la réalité virtuelle n’est en aucun cas un cache-misère… bien au contraire. La VR sublime une aventure étourdissante de par son atmosphère oppressante et sa maîtrise des codes du genre. Sans être une révolution vidéoludique, le titre de Firesprite se déguste la peur au ventre et le sourire aux lèvres.