Depuis son annonce le 13 janvier 2017, Octopath Traveler a marqué les joueurs de par son style si particulier, un J-RPG old school avec des effets visuels modernes. Toutefois, la promesse d’un titre qui mêle l'ancien et la contemporanéité ne s’arrête pas là.
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Puisque ses graphismes sont la première chose qui aura su attirer nos yeux, commençons par ce sujet. Il suffit de quelques secondes devant Octopath Traveler pour se mettre à rêver. De l’aveu même de ses créateurs, le titre développé par Acquire et produit par les cerveaux derrière Bravely Default avait comme ambition de rendre ses lettres de noblesse au pixel art, sans pour autant baigner dans une nostalgie aveugle. On y trouve un sens du détail aiguisé, digne des meilleures productions de l’époque. Il suffit d’observer un seul bâtiment pour s’en rendre compte : des pierres qui ressortent, des fissures, des zones assombries, du lierre, les effets d’ombres sur les volets à moitié ouverts… Le résultat est édifiant ! En mélangeant 2D et 3D de façon bien plus impressionnante que Bravely Default, qui s’avérait déjà fort joli, Acquire (aidé par le studio Business Division 11 de Square Enix) a réalisé un travail remarquable, que l’on retrouve dans tous les environnements, notamment grâce à des effets de lumière et de flou qui utilisent l’Unreal Engine. Rares sont les jeux pixel art dans lesquels on ressent autant des impressions comme la chaleur d’une pièce, le vent qui souffle, le sable qui brille sous le soleil, la fraîcheur de l’hiver ou encore la rosée du matin en zone forestière. Dans un titre qui parle de voyage, cela semblait plutôt opportun, et le résultat est tout simplement exquis.
Gaming-Live d'Octopath Traveler : Une prouesse artistique
Guidé par la narration
Maintenant que vous savez que le jeu est aussi beau que vous le pensiez, attardons-nous sur ce que propose Octopath Traveler, une aventure pleine de surprises. A vrai dire, dès l’énoncé du concept, on découvre une certaine singularité, malgré le style résolument old school. Huit personnages aux desseins distincts doivent parcourir le monde. Les thèmes sont divers et surprennent d’office par leur différence de ton. Si chaque scénario comporte ces moments d’émotion et de rire, certains font pencher la balance d’un côté ou de l’autre, parfois sensiblement, parfois drastiquement. Pour exemple, nous avons Tressa, une jeune marchande prometteuse qui apprend les tenants et aboutissants de son métier au fur et à mesure de son aventure, avec de nombreuses scènes comiques. Elle a le coeur sur la main et s’avère autant vouloir aider son prochain que faire fortune. Cependant, nous avons aussi Primrose, prête à tout pour venger la mort de son père et dont la trajectoire va l’emmener dans des milieux comme la prostitution. Incroyablement contemporain dans ses thèmes malgré le contenant, Octopath Traveler ne verse jamais vraiment dans la mièvrerie et la naïveté que l’on retrouve sans doute trop souvent dans les J-RPG. Les histoires ont un fond et c’est ce que le joueur développe pendant les quatre chapitres de chaque personnage.
Les interactions
Octopath Traveler est un titre hautement narratif, ce qui s’avère soutenu par une qualité d’écriture exceptionnelle. A mon sens, il s’agit d'un des JRPG les plus réussis sur ce point, toutes époques confondues, ce qui n’est pas peu dire. Il serait un sacrilège de zapper les dialogues tant ils regorgent d’idées, de non-dits et de notes d’humour. Une prouesse qui dépasse le cadre des quêtes principales puisque toutes les quêtes annexes sont scénarisées… et intéressantes ! La bonne nouvelle, c’est qu’on ne vous demandera jamais d’aller tuer 10 rats, avec une potion comme récompense. Vos objectifs mettent toujours en avant l’exploration, et surtout, une bonne connaissance de l’univers. Pour vous donner une idée, vous pouvez croiser un NPC dans une ville enneigée, déçue que les bons tapis bien chauds ne soient plus à la mode. Ce n’est peut-être que 4h plus tard que vous rencontrerez un autre NPC, dans une autre ville, qui vous parle de son métier de tapissier. Et là encore, il faut que vous pensiez à lui acheter (ou voler) un tapis, puis à le ramener à la bonne personne afin de finir la quête (non sans une scène supplémentaire pour clore ce mini-scénario) et ainsi gagner un bon petit butin, qui contient toujours de l’argent et un objet. Certes, on aurait pu espérer un journal de quête un peu plus pratique, mais l’idée de connaître l’univers plutôt que de suivre une ligne directrice qui clignote sur une map est beaucoup, beaucoup plus immersive ! L’intégration parfaite des quêtes secondaires au monde d’Octopath Traveler va encore plus loin que cela puisque vous n’êtes pas le seul à voyager. A force d’interaction avec les personnages, il n’est pas rare de les recroiser dans d’autres villes. Ainsi, bon nombre de mini-scénarios annexes se développent sur plusieurs phases, que vous suivez sans jamais rechigner.
Gaming-Live d'Octopath Traveler : Les interactions
Nous parlions d’interactions avec les NPC, mais notez que cela va bien au-delà de simples discussions. Chacun des huit voyageurs propose une option supplémentaire : quatre sont vues comme des interactions nobles alors que les quatre autres sont leurs pendants malhonnêtes. Pour revenir sur notre histoire de tapissier par exemple, nous pouvions soit voler, soit acheter son tapis. L’achat, compétence de Tressa (à ne pas confondre avec les achats dans les magasins), nous oblige bien sûr à dépenser de l’argent, d’une somme qui dépend du niveau de notre marchande. C’est l’interaction noble. D’un autre côté, Therion, le voleur, peut tenter de chaparder le même tapis, avec un certain taux de réussite qui dépend aussi de son niveau personnel. Si l’idée de la gratuité est toujours alléchante dans un jeu du genre, sachez que l’échec d'une action malhonnête a un prix. Au bout de 5 échecs dans une même ville, plus personne ne voudra interagir avec vous dans les alentours ! Il faudra alors soudoyer le tavernier local pour qu’il arrange votre réputation, ce qui peut rapidement coûter cher selon la ville où vous vous trouvez.
Guider/séduire, acheter/voler, questionner/scruter, défier/provoquer, toutes interactions ont un intérêt, d’autant qu’un même NPC n'aura pas nécessairement la même sensibilité à l’une ou à l’autre de ses actions, y compris celles du même type. Certains objets sont par exemple très compliqués à voler, mais faciles à acheter. Je ne vais pas rentrer dans le détail de tout ce que vous pouvez faire, entre découvrir la position d’objet cachés, tabasser un NPC qui vous bloque le passage ou qui importune quelqu’un d’autre ou encore emmener quelqu’un avec vous pour l’utiliser en combat, néanmoins sachez que pratiquement tous les NPC du jeu sont concernés, et ils sont des centaines. Toutefois, il faut apporter un petit bémol au système. Vu qu’en cas d’échec, il n’y a pas de sauvegarde automatique, rien ne vous empêche de tenter la voie malhonnête et de recharger la partie si ça rate. À moins d’une exceptionnelle autodiscipline, quand vous croiserez un personnage avec une hache surpuissante au tout début de l'aventure et seulement 3 % de chance de réussite au vol, de nombreux joueurs sauront quoi faire. Tout ce que je peux vous dire, c’est que je vous déconseille d’utiliser cette technique, car elle risque fort de vous gâcher le plaisir de jeu sur le long terme.
Encore faut-il savoir se battre !
Serait-il enfin temps de parler des combats ? Octopath Traveler développe le style de Bravely Default (lui-même inspiré de Final Fantasy V) avec un système de classe primaire et secondaire qui offre une myriade de possibilités et de moyens de personnalisation. Si la classe de base de chaque personnage ne peut être changée, ils ont tous accès à des classes secondaires, une à la fois, qui leur permet d’être plus éclectiques en cumulant les atouts de deux jobs en même temps. Chaque personnage pouvant dépenser ses points de compétence où il veut, il va falloir opter entre la spécialisation et la diversification. En débloquant des aptitudes, vous gagnerez accès à des compétences de soutien que vous pourrez mettre sur votre personnage, peu importe ses jobs actuels. Il est à noter, fait rare dans un RPG, que l’obtention de ces jobs ne dépendent absolument pas de votre avancée dans l’histoire puisqu’il faut trouver des stèles dans des temples disséminés dans le monde. Si aucune barrière scénaristique n’existe dans Octopath Traveler, notez toutefois que les jobs les plus puissants sont les mieux gardés et que le niveau des compagnons sera donc votre seul obstacle.
Gaming-Live d'Octopath Traveler : Les classes secondaires et les aptitudes
Une fois le combat engagé (aléatoire lors des phases d’exploration), on se retrouve dans un système au tour par tour d’apparence classique, avec l’ordre du tour (et du tour suivant) indiqué en haut de l’écran. Le titre du studio Acquire tourne autour de deux particularités bien distinctes : la première est le principe de Faille. En touchant les points faibles des ennemis (qu’il faut découvrir, mais qui restent indiqués par la suite), vous faites baisser le niveau de bouclier de votre cible. S’il s’agit d’un bouclier de niveau 3, il faut trois coups (peu importe leur force) de types appropriés pour causer une faille, étourdissant l’ennemi et le rendant complètement inopérant pendant le tour actuel ET le tour suivant ! En sachant que vos dégâts sont aussi augmentés quand l’ennemi est en situation de faille, autant dire que c’est la clef de la plupart des affrontements. Bien évidemment, avoir un ou plusieurs personnages éclectiques, plutôt que spécialisés, peut avoir son importance : en pouvant utiliser des armes et éléments différents, on s’assure de toujours pouvoir détruire le bouclier de sa cible, laissant les spécialistes faire les gros dégâts par la suite.
Pour accompagner ce système de faille, le joueur gagne des points d’exaltation à chaque tour, jusqu’à cinq, qui s’utilisent comme des réserves de puissance supplémentaire. Vous pouvez en utiliser jusqu’à trois en même temps, leur effet dépendant de l’action utilisée avec. Une attaque normale pourra frapper à plusieurs reprises, faisant descendre les niveaux de bouclier bien plus rapidement. Les compétences seront plus puissantes et même les altérations d’état pourront durer plusieurs tours. Un système ingénieux, bien moins contraignant que celui de Bravely Default qui consistait à hypothéquer des tours.
Ce double système rend les combats hautement stratégiques, d’autant plus que le challenge est définitivement au rendez-vous dans Octopath Traveler. Savoir quand utiliser vos points d’exaltation est primordial, que ce soit pour empêcher un boss d’utiliser sa super attaque ou afin de maximiser les dégâts. Mieux encore, chaque personnage dispose de capacités spéciales qui dépendent de leur classe de base. Typiquement, Primrose et Ophilia peuvent appeler des NPC qu’ils auront auparavant séduits/guidés afin qu’ils participent à l’affrontement, agissant automatiquement à chaque tour (et disposant tous d’aptitudes propres). Therion peut voler les ennemis, le pourcentage de réussite pouvant lui aussi être augmenté par des points d’exaltation. Il en va de même avec la capacité de Capture de H’aanit, qui lui permet de récupérer pratiquement tous les ennemis tel des Pokémons pour ensuite les utiliser en combat. Quand on vous disait qu’Octopath Traveler était un jeu complet, on ne se fichait pas de vous…
Gaming-Live d'Octopath Traveler : Système de combat
Complet, Octopath Traveler l’est jusqu’aux tréfonds de sa réalisation. Les musiques en sont l’exemple le plus concret, avec ce qui pourrait bien être une des meilleures bandes-son de 2018. Le jeune compositeur Yasunori Nishiki, inconnu hors du Japon, a fait un travail absolument incontournable grâce à des thèmes inspirés et inspirants qui s’adaptent parfaitement aux personnages, lieux et situations. C’est une myriade de morceaux marquants qui ne quittera pas votre esprit. Même la durée de vie est titanesque, digne des AAA actuels. Il faut bien compter 60h de jeu pour les scénarios principaux, qui montent largement au-dessus de la centaine d’heures si on veut tout faire.
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Points forts
- Un pixel art bourré de détails
- Des effets visuels très réussis, notamment la lumière
- Le travail d’écriture
- La maturité des propos
- Les quêtes secondaires
- Le système de combat, hautement stratégique
- Du challenge !
- La diversité des interactions
- La liberté totale offerte au joueur dans l’exploration
- La personnalisation via le système de classe
- La bande-son, absolument exceptionnelle
- Une durée de vie surprenante !
- Peut être joué par petites sessions
Points faibles
- Le journal des quêtes aurait pu être plus pratique
- La mini-map manque de clarté, même pour les zones déjà visitées
- La structure des donjons, trop basique
- Il aurait fallu une sauvegarde automatique en cas d’échec pour les actions malhonnêtes
- Peu d'interactions entre les héros
Certains attendaient Octopath Traveler comme une petite perle, ils avaient tort. Le titre de Square Enix et Acquire est une gigantesque bombe tant il arrive à la fois à marier l’ancien et le contemporain, la narration et le gameplay, l’artistique et la pratique. Il offre un univers cohérent divisé en chapitres par personnage, des microhistoires que l’on suit avec passion que ce soit pendant des heures durant ou par petites sessions. Doté d’une inoubliable bande-son et d’une durée de vie dantesque, il n’oublie pas la pratique grâce à un système de job ultra permissif qui permet de personnaliser à l’envi, tout ce qu’il faut pour soutenir des combats stratégiques dont le principe ne dévoile toutes ses finesses qu’après des heures de jeu. Beau, enivrant, touchant et magique, Octopath Traveler est une œuvre fantastique qui invite au voyage, d’ores et déjà un indispensable de la Nintendo Switch.