Alors que le jeu vidéo semble avoir écumé tous les horizons pendant les dernières décennies, nous sommes parfois encore surpris par des idées saugrenues sorties d’esprits plus libres que la moyenne. Certains de ces concepts meurent dans l’oeuf, alors que d’autres nous offrent une expérience fraîche et unique que l’on déguste avec plaisir. Yoku’s Island Express fait clairement partie de cette deuxième catégorie.
Dans Yoku’s Island Express, vous jouez un bousier facteur qui doit sauver une île fantastique dans un mélange de Metroidvania et de flipper. En une phrase, vous avez sûrement compris que le titre du studio suédois Villa Gorilla avait l’intention d’être original. Immédiatement, on découvre un univers singulier, peuplé de mignonnes et étranges créatures transposées à l’écran par une direction artistique proche du conte. C’est moelleux et doux en toute circonstance, avec quelques onomatopées pour accompagner les dialogues. Les images parlant d’elles-mêmes, attardons-nous plutôt sur le gameplay.
Le flipper, c'est toujours à la mode.
Metroidvania et flipper ne sont pas censés faire bon ménage. Le premier se caractérise par un monde ouvert alors que le principe du flipper est de se dérouler dans un environnement fermé. Pourtant, les designers derrière Yoku’s Island Express ont fait un incroyable travail afin d’aboutir à une expérience nouvelle. Si on peut déplacer Yoku et sa pelote comme bon nous semble, ce sont des raquettes bleues et jaunes activables via les gâchettes de la manette qui nous aideront vraiment à voyager. Prendre de la hauteur, passer des précipices, casser des parois : il suffit d’appuyer avec le bon timing et le reste se fait tout seul. Cela peut paraître simple, mais il faut une certaine dose d’ingéniosité pour créer un level design cohérent dans un contexte pareil, et c’est justement ce qu’a réussi à faire l’équipe de Villa Gorilla. Se balader dans ce monde enchanteur est fun et rigolo, amusés que nous sommes de découvrir les différentes mécaniques de déplacement.
Outre l’exploration, le titre nous offre de vrais passages fermés dignes de flippers dans lesquels il faut souvent ouvrir un passage, voire même combattre un boss. On doit par exemple récupérer des runes pour casser des murs, faire tourner des panneaux battants afin de voir apparaître des fruits ou encore récupérer des limaces explosives dans le but de détruire des rochers et ainsi découvrir de nouvelles zones. Avec plusieurs raquettes dans chaque flipper, l’ensemble est assez complexe pour nous agripper l’esprit, Yoku étant propulsé à de grandes vitesses. Le plus étonnant, c’est que le titre arrive à offrir un peu de challenge sans ne jamais être frustrant. Il faut être précis et parfois s’y reprendre à plusieurs fois afin d’envoyer Yoku au bon endroit, mais perdre la boule entre les deux raquettes principales ne fait perdre que quelques fruits (monnaie du jeu) parmi les centaines que vous aurez récupérés. En gros, vous ne mourrez pas en jouant à Yoku’s Island Express, ce qui n’aurait eu aucun véritable intérêt.
Un monde ouvert en circuit fermé
Il nous reste à comprendre comment fonctionne l’aspect Metroidvania. En effet, vous revisitez souvent des zones en y découvrant de nouvelles voies grâce aux pouvoirs que vous avez récupérés, comme plonger sous l’eau par exemple. A vrai dire, si l’on parcourt très rapidement l’île de manière horizontale, Yoku’s Island Express s’explore ensuite verticalement, nous faisant profiter de ses profondeurs et de ses cieux. Un voyage exotique qui doit son intérêt au gameplay, certes, mais aussi à l’ambiance sonore ronde et harmonieuse. On ouvre rapidement la voie de l’Apiligne, un système de transport qui permet de couvrir de larges zones en un instant. Comme pour l’absence de mort, l’exploration se veut sans frustration malgré, il est vrai, le manque de précision de la carte du monde. Le titre du studio Villa Gorilla est aussi plein de secrets, avec des faux murs, des coffres cachés et pas mal de choses à faire en dehors de la quête principale. Si finir le jeu ne vous prendra que trois heures, les missions secondaires auront de quoi vous tenir en haleine, surtout si vous comptez récupérer les 80 Wickerlings. Croyez-nous, le jeu en vaut largement la chandelle…
Trailer de Yoku's Island Express
Points forts
- Metroidvania avec une vraie patte personnelle
- Un jeu de flipper fun
- Univers réussi, une sorte de conte
- Mignon tout plein
- Pas frustrant
- Les combats contre les boss, originaux
- Récupérer les « collectibles » a un véritable intérêt
Points faibles
- Map qui manque de clarté
- Quelques flippers sans intérêt
- Peu d’indications pour les quêtes
Le côté ouvert d’un Metroidvania et l’aspect fermé d’un flipper ne peuvent pas fonctionner ensemble ? Que nenni ! Yoku’s Island Express est une réussite inattendue, qui cache sous son doux univers un gameplay original dans un mélange des genres surprenant. Voici l’exemple typique d’un jeu fait avec amour qui se parcourt avec un plaisir certain, sans frustration, à tel point qu’on aurait aimé que cela dure plus longtemps.