Il a trente ans et les mâchoires de ses habiles protagonistes n’ont clairement plus toutes leurs dents. Street Fighter souffle aujourd’hui ses bougies au-dessus d’un gâteau estimé à plus de 39 millions de parts vendues à travers le monde. À cette occasion, la série paye son coup en proposant d’en donner sur 12 épisodes sortis entre 1987 et 1999. Par l’intermédiaire de cette compilation, Capcom vise une nouvelle fois les fans, mais le géant japonais a cette fois-ci de sérieux arguments pour les faire craquer une ultime fois.
Street Cred
Replonger aujourd’hui dans l’univers des Street Fighter d’avant les années 2000, c’est retrouver toute la fine équipe de la licence fétiche de Capcom en pixels et en hit combos. C’est l’occasion évidemment de remettre la main sur l’épisode qui a engendré la passion originelle chez de nombreux fans avec le bien nommé Street Fighter II. Le ténor du versus fighting de la première partie des années 90 se décline ici en 5 versions : l’originale, Street Fighter II’, Street Fighter II’ : Hyper Fighting, Super Street Fighter II : The New Challengers et Super Street Fighter II : Turbo. Pour ceux qui découvriraient la série, chacune de ces éditions représente en fait une amélioration de la précédente, avec des personnages supplémentaires à incarner. Le volet Super Street Fighter II : Turbo est connu pour avoir apporté la jauge de “Super”, qui donne accès à des coups plus puissants. Le vrai premier épisode de la saga, sobrement intitulé Street Fighter, est lui aussi mis à disposition, à des fins encyclopédiques avant tout puisque les mécanismes de jeu ont sacrément vieilli. Afin de l’emporter, il suffit en effet de faire des shoryuken et des hadouken à répétition, ce qui est loin du degré d’exigence apparu dès le second épisode.
À propos de technicité, la série des Alpha apporte des propositions marquantes comme les Super Combos, le contre “Alpha” et les enchaînements. L’épisode Alpha 3 intègre quant à lui trois styles de combats sélectionnables. Enfin Street Fighter III et ses dérivés renouvellent une bonne partie de casting et mettent la barre particulièrement haute en ce qui concerne les graphismes et la qualité des animations. Les fans de Street Fighter connaissent déjà toutes ces spécificités, et il est clair que cette collection s’adresse avant tout à eux. Elle offre les épisodes les plus adulés de la saga en version arcade dans un seul et même titre, à lancer puis interrompre en une fraction de seconde au gré des envies et des demandes des hypothétiques invités. Les plus pointilleux regretteront tout de même l’absence de Pocket Fighter, voire de Super Puzzle Fighter II, pour le devoir de mémoire. Il est à noter que l’écran de sélection des titres donne généralement la possibilité de changer la difficulté, mais aussi la vitesse ou encore le niveau de dégâts. Enfin, les secrets des bornes d’origine se révèlent lors de l’appui sur triangle. Les codes de triche d’époque sont ainsi expliqués et prêts à être activés.
Le portrait refait
Après toutes ces années de bons et loyaux services sur le ring du versus fighting, il est de bon aloi de se demander comment Capcom se débrouille afin que l’expérience ne passe pas pour du rabâchage. La réponse est simple : la firme japonaise n’a tout simplement pas tenté de cacher le poids des âges. Au contraire, elle insiste même sur ses pixels et met à l’honneur l’époque désormais révolue de l’âge d’or dans laquelle sa série a prospéré. En s’armant d’une batterie de filtres, tout d’abord, dans le but de donner un cachet proche de celui des bornes d’arcade ou des télévisions cathodiques d’autrefois. En laissant le choix du format de l’image, ensuite, afin de combattre en 4:3 ou en 16:9, avec ou sans bordure custom. En donnant la possibilité de sauvegarder à tout moment, enfin, et ainsi interrompre la progression sans devoir tout recommencer la fois d’après. Le système de crédit infini est de toute façon déjà présent pour rendre l’expérience plus douce en solo.
En plus du jeu en solo ou en local, les combattants peuvent s’affronter contre le reste du monde sur Street Fighter II : Hyper Fighting, Street Fighter II : Turbo, Street Fighter Alpha 3 et Street Fighter III : 3rd Strike. La bonne nouvelle, c’est que le netcode ne laisse passer aucun lag. Il est cependant regrettable de ne pas connaître le ping de son adversaire, et de ne pas pouvoir choisir sa région. L’autre défaut vient des déconnexions intempestives de l’opposant qui ne font apparemment pas monter le compteur de victoires, même lorsque sa jauge est totalement épuisée au moment de sa fuite. L'absence
Tel un papa heureux qui regarde fièrement les photos de jeunesse de sa progéniture, Capcom a généreusement intégré un musée virtuel afin que le joueur passionné puisse se muscler l’esprit une fois la castagne terminée. Cet ajout est une réelle valeur ajoutée tant les bonus sont aussi intéressants que nombreux. On y retrouve une chronologie détaillée retraçant l’historique de la série, des fiches explicatives sur tous les combattants (avec en bonus les sprites de leurs coups spéciaux), des musiques à écouter et enfin des documents préliminaires en plus d’autres making-of. Il s’agit d’une véritable mine d’informations dans laquelle les passionnés passeront beaucoup de temps, piochant les diverses anecdotes et admirant les artworks rendus disponibles.
Points forts
- Une compilation presque encyclopédique qui contient 12 jeux Street Fighter
- Le musée, riche en contenu (images, anecdotes, musiques, etc.)
- Pas mal d’options de personnalisation (16:9 ou 4:3, filtres, bordures)
Points faibles
- La nostalgie passée, quelques titres ont beaucoup vieilli
- Training et online disponible pour 4 jeux seulement
- Un manque d’options pour les parties en ligne
Street Fighter 30th Anniversary Collection est une compilation faite pour les fans, ceux-là mêmes qui fredonnent chaque musique de stage sous la douche et qui connaissent les combattants de rue sur le bout des poings. La promesse de retrouver de façon presque encyclopédique les Street Fighter 2D des années 1990 est globalement respectée, même s’il s’agit des premières éditions arcades américaines. Changer d’épisode à la volée reste un gros plus pour des soirées animées, tandis que le musée régalera les plus studieux. Une compilation aux qualités certaines même si elle manque de nouveautés et d’options en multijoueur.