L’adolescence est une période bien connue des psychanalystes pendant laquelle un jeune individu est parfois amené à rejeter toute forme d’autorité et à adopter un certain mimétisme pour se rapprocher de divers modèles. En guise d’exemple, prenons le héros juvénile de Urban Trial Playground : il fonce cheveux au vent, et sans protection, sur sa moto dans le but d’affronter les dénivelés vallonnés d’une ville californienne. Dans la continuité de l’épisode Freestyle, le titre développé par Tate Multimedia semble toujours aussi calqué sur le célébrissime Trials, avec plus ou moins de réussite.
A motocross, the universe
Sous le soleil californien qui chauffe des plages paradisiaques et illumine de tranquilles zones pavillonnaires, le héros (ou l'héroïne) de Urban Trial Playground dévale des pistes à bord de sa moto avec l’insouciance qui caractérise les avatars de jeux vidéo. C’est au joueur qu’incombe la lourde tâche de contrôler l’insolent garnement du point de départ jusqu’à la ligne d’arrivée à l’aide d’un gameplay 2D typé plate-forme qui empêche tout virage vers les profondeurs. À l’instar de la série Trials qui sert clairement de modèle, il est demandé de gérer convenablement ses accélérations, son freinage avant comme arrière, l’orientation haute/basse de sa moto et la force des sauts afin de l’emporter et faire un maximum de points. L’intérêt du titre vient de la balance qui oscille entre la prise de risques et la récompense obtenue en conséquence. Avec le flip avant à exécuter dans un timing serré et les figures à enchaîner afin d'augmenter son multiplicateur de combo, tout est ici une question d’agilité et de lecture de l’environnement. Les tracés urbains pleins d’irrégularités font passer le coureur aussi bien sur des balcons qu’au travers de courts de tennis. Là où il y a de la gêne, il n’y a pas de plaisir.
Les habitués de l’épisode Freestyle resteront ici en terrain connu. Urban Trial Playground propose dans son mode solo deux types d’épreuves. Le premier nécessite de faire un maximum de point en exécutant des figures alors que le second s'apparente à des missions chronométrées. Des étoiles sont octroyées (ou non en cas de ratage) à la fin de chaque niveau et déterminent les épreuves accessibles à l’écran de sélection des courses. La bonne nouvelle, c’est que le système de progression est assez permissif et n’oblige pas à enchaîner les victoires parfaites pour continuer à avancer.
Des objectifs annexes sont proposés dans le but de récupérer un peu d’argent virtuel supplémentaire. Qu’il s’agisse de devoir terminer une course sans chuter, rester en l’air pendant deux secondes ou même réaliser un flip arrière cinq fois, les missions sont nombreuses à défaut d’être bien originales. Il aurait cependant été bienvenu d’afficher les objectifs pendant les temps de chargement plutôt que de les faire apparaître en plein jeu, alors que l’attention du joueur est portée sur la route
Urban Legend
La cinquantaine de niveaux du mode solo laisse rapidement une impression de redite à cause d’une grande répétitivité dans les éléments qui composent les terrains, laissant penser que des morceaux entiers du décor ont été copiés et collés. Les challenges qui se renouvellent peu empêchent également le titre de Tate Multimedia de bondir plus haut qu’il ne le fait. Tout juste tente-t-il d’ajouter discrètement à sa panoplie de mouvements la capacité de se baisser afin de passer sous divers obstacles. L’argent virtuel récolté est à éliminer chez un styliste pour personnaliser son avatar ou chez un garagiste dans le but d’améliorer sa moto. Attention cependant, en cas de moteur surpuissant installé sur sa bécane, il va falloir gérer l’accélération différemment tout en mettant régulièrement plus de poids à l’avant et ainsi éviter de chuter inopinément. Inutile de préciser que plus de patate dans sa moto facilite l’accès à des plateformes surélevées en cas de prise de rampe à pleine vitesse. Les plus appliqués tenteront de trouver la meilleure combinaison possible en fonction du type de terrain sélectionné.
L’aspect purement technique de Urban Trial Playground ne fait pas honneur à la Switch. Si nous pouvons mettre de côté les niveaux qui se chargent en temps réel au début de chaque course, il est par contre difficile d’ignorer les graphismes à la fois flous et scintillants en mode téléviseur. Le framerate, s’il reste globalement stable, accuse parfois quelques ralentissements dont nous nous serions bien passés. Des défauts qui se remarquent également dans le mode multi local du titre, où deux joueurs peuvent s’affronter sur le même écran, chacun muni de son joy-con.
Points forts
- Trials en plus accessible
- Mode 2 joueurs en local
Points faibles
- Grande répétitivité dans le level design et les objectifs
- Globalement flou dans ses graphismes en mode télé, et quelques chutes de framerate (surtout en multijoueur)
- Un certain manque de contenu (pas de multi en ligne, pas d'éditeur de niveaux, etc)
Au pays des monocycles, les deux roues sont reines. Seul dans son genre sur Switch, Urban Trial Playground offre les sensations d’un Trials sans en atteindre sa profondeur ni son degré d’exigence. À faire seul ou à deux (en local), il propose tout de même suffisamment de défis pour passer des moments agréables sur ses pistes accidentées. Nous regrettons particulièrement une technique légèrement encrassée ainsi qu’un level design qui a tendance à trop se répéter.