En marge du phénomène Battle Royale qui réunit déjà pas mal de studios, d’autres, à l’image du studio Scavengers, empruntent des chemins plus originaux, plus intimistes et plus subtils que le classique affrontement armé et massif, chacun pour sa poire ou en équipe. Darwin Project est donc de ces jeux qui proposent les mêmes sensations, ou presque, tout en offrant du neuf et, surtout, de l’asymétrie…
Ce jeu est disponible en accès anticipé (early access). Son contenu est donc susceptible d’évoluer significativement dans un avenir proche. Le test de la rédaction est valable pour la version évaluée le 06/04/2018 et sera mis à jour si nécessaire.
Trailer de The Darwin Project
Dix joueurs et un maître du jeu
Darwin Project vous positionne au cœur d’un jeu dans le jeu. Dans ce dernier, 10 personnes s’affrontent sous un dôme futuriste dans lequel règne un froid glacial. Cette cloche énergétique est composée de zones bien délimitées, dans lesquelles on trouve des petites maisons de bois, quelques ruines, un lac glacé, des failles volcaniques, bref : tout l’attirail nécessaire afin de passer un agréable hiver. Nos 10 concurrents sont donc placés aléatoirement dans ces zones et auront une quinzaine de minutes pour s’entretuer. Comme dans le film Battle Royale, les zones vont peu à peu se fermer, réduisant le terrain praticable et forçant les participants à se regrouper ce qui génèrera naturellement des affrontements. La comparaison avec la cultissime œuvre cinématographique ne s’arrête pas là puisqu’un 11ème joueur, incarne ici le show director, qui décide de manière totalement partiale de qui il va aider, et qui il va ralentir. Au rang de ses qualités et de ses différences avec le genre, Darwin Project compte également un habile système de craft et de traque qui fait, selon nous, tout le sel du gameplay.
Suis-moi je te fuis, fuis-moi je te suis...
Pour survivre dans le grand froid, il faut se réchauffer, et c’est là que le craft s’avère très vite nécessaire. Il vous sera possible de fabriquer des feux de camp, en coupant du bois, mais il faudra faire attention, car votre position sera facile à repérer à cause du panache de fumée généré. Un menu radial vous permettra d’avoir accès à toute sorte d’options de craft plus ou moins gourmandes en ressources, de la fabrication de flèches aux améliorations de votre hache en passant par la conception de pièges et autres compétences : tout dépendra ici de 3 ressources qui sont le bois, le cuir et les rouages électroniques. Et si les deux premiers seront relativement faciles à trouver en nombre, le dernier sera accessible que dans des endroits spécifiques, connus de tous sur la map. Passer son temps à ramasser des ressources pour s’améliorer est une stratégie qui paye, mais cela vous exposera également aux autres joueurs puisque, rappelez-vous, le pistage fait partie intégrante du gameplay. Ainsi, lorsque vous tombez sur des arbres déjà coupés, il vous sera possible d’analyser la coupe pour « voir » le tracé de la personne, sa position actuelle, et le garder en vue pendant quelques secondes. On joue ainsi le jeu du chat et de la souris et il est souvent fatal de surprendre l’ennemi, enchainant un ou deux tirs avant d’être remarqué, avant de vous ruer sur lui, hache à la main.
Simple, customisable et abordable
Au niveau des combats, Darwin Project propose « seulement » deux armes : l’arc, et la hache. Cela permet une accessibilité accrue, mais aussi un bon équilibre entre le craft, l’amélioration, la traque et les affrontements. La balistique des flèches est à apprivoiser et différents types de munitions sont à compter. Vous ne pourrez en emporter qu’un seul genre et chacune aura ses spécificités, de la flèche enflammée à la flèche tracker en passant par les flèches Berserk. Il en va de même pour la fourrure que vous pourrez vous fabriquer, tantôt anti-gel, tantôt pro-active lorsqu’il s’agit d’enquêter et de pister un ennemi : tout votre attirail, des bottes jusqu’à la hache en passant par les pièges que vous emportez est customisable avant le match. Ces choix auront une petite influence sur votre approche des autres joueurs, au même titre que les infos que vous collecterez sur vos adversaires, parfois de manière pas très correcte…
"Allez boss ! Sois sympa !"
Nous précisions dans l’introduction que le jeu de Scavengers Studios avait sa part d’asymétrie et ce paramètre intervient notamment grâce à la fonction du Show Director, un joueur qui se balade sur la carte à bord d’un petit robot volant et qui parle au micro à ses joueurs. Ce maître du jeu dispose de points d’actions et peut placer plusieurs atouts durant la partie, du blocage de zone à la bombe nucléaire sur un terrain en passant par les assistances : un speed-up sur un participant qui tente d’échapper à un assaillant, un warm-up sur un autre qui va mourir de froid d’ici peu, le show director fait ce qu’il souhaite et joue au feeling en fonction de son affinité avec les joueurs. Il leur parle, leur donne des infos ou leur ment selon ses envies. Par ailleurs, chaque participant est invité à brancher son compte Mixer ou Twitch sur Darwin Project afin de permettre aux viewers des différents streams de voter pour eux, ce qui définit le "favori de la foule" et aide aux prises de décision pour les chasses à l'homme et les fermetures de zones. On espère que les développeurs agrémenteront le titre de fonctions supplémentaires à ce niveau là, tout en permettant au show director d'influencer encore plus la partie.
Merci à Moogle et Veerus pour leurs précisions au sujet des intéractions entre le chat des streams et la partie.
Points forts
- Un très bon concept à 10 joueurs + 1 maitre du jeu
- Facile à prendre en main et plutôt complet
- Jouer le show director et manipuler tout le monde au micro est plutôt grisant
- Des graphismes simples pour une action ultra-lisible
- Les aptitudes, bien pensées et franchement bienvenue pour faire varier les rencontres
- Petit prix pour une durée de vie assez conséquente
Points faibles
- Un feeling de gameplay que l’on aurait aimé plus percutant
- On fait assez vite le tour du concept et des sensations proposées…
Connecté, social, intense et facile à comprendre, Darwin Project fait office de bon élève dans la catégorie des Battle Royale innovants et plus intimistes que les classiques du genre. Pour autant, il reste à l’heure actuelle un poil trop limité en variantes de jeu ainsi qu'en contenu et son gameplay, bien que reposant sur des mécaniques variées, n’offre pas vraiment la tension, signature du genre, que l’on retrouve chez des titres analogues quand le podium se laisse entrevoir.