Dans le monde vidéoludique, on peut tomber sur des expériences étranges qui semblent être de simples farces, et qui sont pourtant pleines de sens. Everything fait partie de ces jeux absurdement intéressants, et nous présente un récit guidé par les discours du fameux philosophe Alan Watts sur les choses autour de nous, et les liens les liant toutes. Attention, OVNI en approche.
Peut-être connaissez-vous David O'Reilly ? Si si, le développeur de Mountain, un jeu non moins étrange où l'on regarde une montagne s'agrémenter de diverses choses (arbres, panneaux…). L'intérêt avait beau être limité, l'expérience a plu à certains joueurs en quête de jeux apaisants. David a décidé de remettre le couvert, à une tout autre échelle.
Mais... Mais c'est gigantesque !
Tout commence avec une petite particule lumineuse au milieu de l'écran, à qui vous pouvez faire poser de petites questions comme "Qui suis-je ?", ou "Que suis-je censé faire ?". Après quelques instants, nous nous retrouvons dans la peau d'un animal aléatoire : vache, loup, renard... Il y a beaucoup de possibilités. Et là, choc violent en approche : les animations, particulièrement grotesques. On s'y fait vite, mais il faut avouer que voir une vache avancer en roulant sur elle même, c'est étrange. Passé ce petit choc, on commence à errer dans les lieux que le jeu nous propose, générés de manière procédurière. On apprend à chanter, à former un troupeau... Et aussi à changer d'hôte.
A partir de là, on découvre l'étendue d'Everything : tout ce que vous voyez à l'écran, ou presque, peut être incarné ! D'une vache à une galaxie, en passant par des atomes, des mégots de cigarettes, des poissons, des plantes, des lampadaires... Et ça, c'est sans parler de la taille de l'espace de jeu : les atomes abritent des univers, avec des galaxies contenant diverses planètes, contenant des îlots, abritant la vie, qui possède en elle des formes microscopiques, et rebelote. Everything contient un univers de choses, dans deux pauvres gigaoctets !
Alan Watts est parmi nous
Entre tous ces chapardages, il est possible de dialoguer avec les choses qui nous entourent, qui ont des choses à raconter. Beaucoup. Des questionnements sur le sens de la vie et la place des choses dans le monde globalement, qui nous poussent à la réflexion. Il nous sera également possible de tomber sur des enregistrements d'un philosophe de renom du siècle dernier : Alan Watts. Ses interventions nous font également nous poser des questions existentielles, toujours plus étranges et surprenantes, participant à l'ambiance mystique d'Everything. Nous n'en dirons pas plus, il vous faudra découvrir ces enregistrements anciens par vous même, en interagissant avec les choses alentour.
Ces questions philosophiques tranchent avec l'univers absurde que l'on visite, rendant le voyage toujours plus captivant et bizarre. Le graphisme simple, mais très réussi, ainsi que la bande-son apaisante, rendent ce tableau toujours plus impressionnant. Enfin, le côté bac à sable du jeu nous confère beaucoup de liberté, et avec un minimum d'imagination, on peut s'amuser longtemps.
Cependant, quelques lacunes viennent gâcher la fresque : pour commencer, Everything est entièrement en anglais. Des connaissances linguistiques seront requises pour avancer sans se sentir perdu. On pourra également pester contre les animations bâclées (qui ont au moins le mérite de ne pas faire chauffer la machine), mais aussi contre le manque de but évident. Il faudra faire preuve d'imagination pour s'immerger complètement dans Everything. Néanmoins, une fois ces murs franchis, sachez que vous risquez bien de questionner votre existence passé cet étrange périple.
Points forts
- On peut incarner tout et n'importe quoi (animaux, sculptures, végétation, bâtiments, véhicules…)
- Une OST apaisante et agréable
- Les discours d'Alan Watts
- Un mélange réussi entre absurdité et poésie
- Des panoramas qui sauront vous titiller la rétine
- Simple et agréable à prendre en main
Points faibles
- Des animations lunaires
- Un jeu clairement pas adressé aux anglophobes
- Peu de véritables objectifs
La note parait exagérée à première vue, et pourtant, Everything parvient à offrir un monde étonnamment riche, drôle et mystique, renforcé par les interventions du philosophe Alan Watts, les panoramas de certains lieux qui impressionnent, et son OST envoûtante. On pourra cracher sur les animations bâclées, sur le manque de traduction française, et accessoirement sur le manque d'objectifs évidents. Mais qui n'a jamais rêvé de voir le monde sous des points de vue parfois ahurissants ? Everything nous le propose, et applique sa recette avec brio. Chapeau bas.