Plus ancré que jamais dans le «cinéma d’action testostéroné», Les Aventures de Gunslinger Joe se situe dans la droite lignée de Wolfenstein II : The New Colossus, trop sans doute. Bien que l'idée de s’attarder sur trois personnages principaux à travers une Freedom Chronicle dédiée soit intéressante, on se rend rapidement compte des soucis que pose un tel concept ne serait-ce qu’en terme de construction ou d'absence de liens avec l’aventure principale et donc les personnages qu’on a suivi pendant plus de 15 heures.
Joe joue le match de sa vie !
Ainsi, ce premier épisode s’attarde sur le sort de Joe, ancien footballeur ayant un lourd passif avec un commandant nazi, ancien dentiste qui plus est (un gars qui a donc tout pour lui !). C’est à travers trois chapitres (synonyme de 2 à 3 heures de jeu environ + quelques défis pour rallonger le tout) que nous allons suivre son parcours, de son emprisonnement pour ne pas avoir suivi les instructions lors d’un match de football truqué à ses pérégrinations dans les rues de Chicago avec une ribambelle de nazis et de membres du Ku Klux Klan à ses fesses. Il y avait donc matière à nous proposer quelque chose d’intéressant, ne serait-ce que par le fait d’incarner un noir et donc de creuser le ressenti et la vie du personnage dans cette uchronie nazie.
Malheureusement, Machine Games a préféré partir sur une histoire familiale en imbriquant le passé du père de Joe et ses répercussions sur la vie de son fils qui aura fort à faire avec l'Übercommander Roderick Metze. Si l’idée peut paraître séduisante, elle s’avère moins impactante que prévue ne serait-ce que par l’utilisation de dessins vaguement en mouvements prenant le relais lorsqu’il s’agit de faire avancer l’histoire. Bien qu’artistiquement, le tout offre au DLC un petit côté «pulp», dans les faits, cela nous ressort par moments de l’histoire, surtout lorsqu’une séquence «in game» trouve un prolongement direct dans une vignette. Bref, il aurait sans doute fallu partir sur le même procédé que dans le jeu de base, ce qui aurait également évité de donner à cette extension un côté un peu cheap prenant le pas sur l’aspect artistique du procédé.
Sur la construction pure et dure du contenu, on trouvera également étrange que le tout, découpé en trois Volumes/Chapitres, nous fasse revenir sur le Menu Principal entre chaque Volume afin de lancer le suivant. Idéal pour nous sortir du jeu une fois de plus. Dommage que ces problèmes entachent ce contenu qui, par ailleurs, va à 100 à l’heure en terme d’action en mettant en avant un Joe brutal et dont la capacité principale de défoncer murs et ennemis, issue de son passé de footballeur (mais aussi du jeu de base), accentue encore un peu plus le côté bourrin de l’aventure. A ce sujet, signalons tout de même sans surprises qu’on a le droit à la même panoplie d’armes (avec l’excellent feeling et sound design associés) faisant bien le taf surtout qu’on aura encore droit à des vagues d’ennemis incessantes n’arrivant parfois pas à masquer un level design moyennement inspiré et redondant ou certains niveaux (les rues de Chicago notamment) inédits mais relativement pauvres en terme de détails.
Alors oui, on s’amuse en compagnie de ce Gunslinger Joe mais il est frustrant de ne jamais être surpris voire même de traîner un peu les pieds en se rendant compte que l’amélioration de nos armes se fait cette fois de façon automatique (en trouvant des upgrades), cet aspect étant assujetti, on l’imagine, à la courte durée de vie. On espère donc que le second DLC, à la gloire de l'espionne Jessica Valiant, saura nous faire retrouver la verve d'une aventure mieux équilibrée en nous laissant plusieurs options possibles dans la progression, chose quasi impossible avec Joe dont l'approche reste sans doute trop directe bien que liée au passif du personnage.
Points forts
- Un contenu mené tambour battant
- Le style brutal de Joe...
- Quelques dialogues plutôt drôles
Points faibles
- Les scénettes vaguement animées sortent de la narration
- ... Mais ne laissant pas vraiment différentes approches
- L’histoire quelconque
- Une construction sans surprises
- Les capacités de Joe sont toutes issues du jeu de base
Autant dire que ce premier contenu additionnel de Wolfenstein II : The New Colossus nous a un peu refroidi, que ce soit en terme de durée de vie, de structure mais aussi et surtout de narration, pourtant l’un des points forts de la saga depuis qu’elle a été reprise par Machine Games. Sympathique à découvrir, l’aventure de Joe s’enlise dans une construction connue, rythmée par des gunfights nerveux et une absence de surprises nous faisant avancer sans déplaisir sans pour autant vibrer pour le personnage principal. Intéressant donc mais autant dire qu’on est loin, très loin même de l’excellent stand alone The Old Blood qui avait en son temps réussi à prolonger de façon très agréable l’aventure débutée dans The New Order sous couvert d’un prologue barré et excitant.