Au risque de nous faire frôler l'overdose, TT Games profite de cette fin d'année pour nous gratifier d'une nouvelle aventure LEGO. Après l'adaptation du film éponyme LEGO Ninjago, c'est au tour des héros de Marvel de faire leur come back près de 4 ans après leurs dernières escapades. Totalement inédite, cette production n'entend pas révolutionner les bases de la série mais mise sur son roster et la variété des lieux traversés. Cela fait en effet quelques années que la licence tourne en rond, recyclant les éléments et limitant les prises de risques. Le tout est maintenant de savoir si cette suite estampillée "super héros" a suffisamment de pouvoir pour faire fondre les fans des films et des comics et élargir son aura auprès du grand public.
Le voyage entre les dimensions, la mécanique quantique, les univers parallèles, les déplacements à travers l'espace et le temps... toutes ces notions fascinent et il n'est pas rare que ces procédés soient utilisés au cinéma et dans d'autres formes d'art. Cela permet d'ouvrir le champ des possibles et d'apporter beaucoup de densité à une œuvre, soit par la multiplication des lieux, soit par l'abondance de son casting. Pour LEGO Marvel Super Heroes 2, les développeurs ont surfé sur cette idée pour concevoir une sorte de gigantesque pot-pourri où les situations et les protagonistes s'entrechoquent. Au risque de rendre l'aventure brouillone ?
INTERSTELLAR
Loin d'avoir pris le scénario par-dessus la jambe, les développeurs se sont rapprochés de Kurt Busiek, l'auteur du comics Avenger Forever. Ce dernier, en s'appuyant sur les faits du premier épisode, a décidé de suivre le cours de l'histoire en imaginant un grand voyage entre différents mondes, le tout à coups de super-héros et super-vilains provenant d'époques diverses. Au gré de son périple, le joueur va traverser pas moins de 18 destinations (Manhattan, Égypte antique, Far West, New York en 2099, etc.) et incarner de nombreux personnages, dont certains que l'on a moins l'habitude de voir dans des productions vidéoludiques. On remarque d'ailleurs rapidement le soin apporté aux différents avatars et à leurs pouvoirs spéciaux. Chacun des héros a une manière bien à lui de combattre et on apprécie la possibilité de passer de l'une à l'autre des apparences. Peter Parker qui devient Spider-Man, Bruce Banner qui devient Hulk, etc. Au départ, c'est un peu déconcertant (Rocket, le fameux raton-laveur des Gardiens de la Galaxie a une manière originale de se déplacer par exemple) mais on s'y habitue rapidement. Maintenant, si l'univers est agréable à découvrir, on ne peut pas dire que le gameplay soit des plus innovants. C'est même plutôt le contraire.
JE S'APPELLE GROOT
Depuis des années, on ne peut que constater le manque de prises de risque du studio et ce n'est certainement pas cet épisode qui va changer la donne. Une nouvelle fois, il sera question de détruire et reconstruire des éléments du décor, interagir avec des interrupteurs/mécanismes, s'adonner à quelques QTE et autres phases de shoot, défier des boss ou encore se farcir des énigmes simples d'accès. Adapté à un large public, le jeu se montre tout de même vraiment brouillon par moment et il n'est pas toujours facile de deviner la marche à suivre. On a beau avoir accès à des didacticiels rapides via une pression sur le stick analogique gauche, les objectifs sont loin d'être clairs. Alors certes, à force de tourner en rond et de tester tout et n'importe quoi, on finit par y arriver mais ça manque de fluidité dans la progression. De la même manière, les combats, malgré les différents enchaînements, manquent d'intérêt et donnent parfois l'impression qu'on ne contrôle pas tout. Entendons-nous bien, ce n'est pas une catastrophe mais on a souvent la sensation que le gameplay a le fondement entre deux chaises, tiraillé entre le désir d'être accessible et soucieux d'être suffisamment varié pour combler les chevronnés du pad. Cela donne une sorte de fourre-tout qui pourrait s'avérer de temps à autre indigeste pour certains d'entre nous. Est-ce pour autant une raison pour tout jeter ? Non, mille fois non.
PLUS AMBITIEUX QUE SES AINÉS
Malgré les tares qu'il se trimballe, le jeu parvient à accrocher le joueur grâce à son rythme et ses situations. Pendant une douzaine d'heures, on prend un malin plaisir à passer d'un héros à un autre dans une aventure qui se veut très dépaysante et ponctuée de séquences de gameplay diversifiées (mini-jeux, combats contre des boss, exploration, missions annexes...). Si certains regretteront, au départ, la présence de barrières matérialisées par des faisceaux verdâtres, il faut savoir que celles-ci disparaîtront au bout d'un moment, laissant la liberté au joueur de se balader au coeur du monde ouvert. C'est véritablement à cet instant que l'aventure prend tout son sens et on ne peut qu'être charmé par les environnements au look irrésistible comme le Manhattan Noir aux couleurs délavées. Comparé à un titre comme LEGO Ninjago, il y a un vrai gap au niveau des détails (les passages sous l'eau sont superbes) et des effets (fumée, neige, vent, feu...) utilisés pour apporter de la densité aux décors. Les graphismes sont soignés et l'animation n'a montré qu'à de rares moments des signes de fatigue sur notre version PS4 Pro. À part quelques pointes d'aliasing, il n'y a pas grand-chose à reprocher à LEGO Marvel Super Heroes 2 sur le plan visuel. À vrai dire, on n'était pas habitué à une telle profusion d'éléments dans un jeu LEGO. Côté son en revanche, les musiques sont sympathiques mais se font trop discrètes et les voix sont parfois surjouées même si ça reste dans l'esprit délirant de la saga.
Au-delà de l'aspect collectionnite toujours aussi présent (236 héros/vilains à débloquer, des "Stan Lee" à débusquer dans les niveaux, des défis à accomplir...), LEGO Marvel Super Heroes 2 peut aussi compter sur un multijoueur surprenant. En effet, en plus de la campagne entièrement jouable à écran splitté - ce qui est toujours l'un des fers de lance de la série - les joueurs peuvent se rejoindre à 4 dans deux modes inédits. Le premier, intitulé "Faute d'accord" rappelle ni plus ni moins que Splatoon 2 puisqu'il est question de conquérir des territoires à l'aide de peinture. De temps à autre, des items spéciaux apparaissent et permettent d'élargir la zone couverte ou d'accélérer la vitesse de votre avatar. Le second, "Capture de Pierres d'Infinité" emprunte un peu au concept de Power Stone. Pour faire simple, les joueurs doivent récupérer une pierre (qui apparaît aléatoirement sur le terrain) et la conserver jusqu'à la fin du chronomètre, soit en fuyant, soit en combattant. Le but est de récupérer un maximum de pierres pour faire grimper son nombre de points et remporter la victoire. Enfin, sachez que le jeu propose un éditeur pour créer votre héros de toutes pièces. Incontestablement fun, ce nouvel épisode plaira au plus grand nombre et à celles et ceux qui aiment les jeux LEGO mais manque d'innovations pour atteindre les sommets.
Points forts
- L'équilibre monde ouvert/niveaux fermés
- Globalement très beau
- Des dizaines de héros à incarner
- Environnements variés
- Une aventure rythmée
- L'aspect collectionnite prononcé
- Le multijoueur
- L'éditeur de héros
Points faibles
- Objectifs pas toujours clairs
- Lisibilité de l'action parfois mise à mal
- Ralentissements lorsque l'écran est surchargé
- Musiques trop discrètes
- Des défauts récurrents
- Pas très esthétiques les barrières vertes flashy
- Un manque flagrant d'innovations
D'une générosité rare et mieux rythmé que l'original, LEGO Marvel Super Heroes 2 comble ses lacunes par sa profusion de héros et de lieux visités. Même si la formule reste inchangée et qu'on aimerait que TT Games prennent plus de risques, les situations se renouvellent et le jeu est fun. L'apport de plusieurs modes multijoueur, en plus de la campagne en coop', est une vraie aubaine pour les familles nombreuses. L'aspect collectionnite est toujours aussi présent et l'humour n'est jamais bien loin pour nous faire esquisser un large sourire. Doté d'une chouette réalisation, le titre est une réussite mais se coltine les mêmes défauts (lisibilité de l'action, objectifs pas toujours clairs, caméra, ralentissements...) que dans les précédents épisodes. Quand les développeurs auront gommé ces imperfections, on sera en présence de titres très aboutis. Un peu plus de surprises la prochaine fois et ça sera parfait !