Si vous êtes parents de jeunes enfants, il y a de fortes chances que vos chères têtes blondes aient déjà regardé un épisode de LEGO Ninjago. Née en 2011, cette ligne de jouets a été conçue en parallèle d'une série d'animation s'étendant désormais sur 8 saisons et qui est toujours en production. Convaincues par le potentiel de cet univers et bien aidées par le succès des précédentes adaptations cinématographiques (La Grande Aventure, LEGO Batman...), les pontes de la Warner ont signé un partenariat avec le constructeur danois afin de mettre en chantier un film d'animation éponyme. En préparation depuis de long mois, il arrivera en France le 11 octobre prochain. Et comme c'est bien souvent le cas, le tout est accompagné d'un jeu vidéo retraçant les évènements du long-métrage. Disponible sur toutes les plateformes du moment, LEGO NINJAGO, le film : le jeu vidéo est orienté vers le jeune public mais son ambiance tournée vers les films asiatiques des années 70/80 pourrait bien faire craquer les plus grands.
Réalisé par TT Fusion, LEGO Ninjago suit la trame du film. Dans les grandes lignes, ce dernier raconte les exploits de Lloyd, un apprenti ninja qui s'unit à ses camarades pour sauver la ville de Ninjago. Bien évidemment, toute la petite bande est au complet ! On a donc Cole et son pouvoir de la terre, Kai et sa maîtrise du feu, Jay et sa magie de la foudre ou encore Zane, le ninja de la glace. La fille de la troupe, Nya, est également de la partie pour exploiter son pouvoir de l'eau tandis que Garmadon, l'antagoniste de l'aventure, devient jouable en cours de partie. Autant dire que ça fait du monde à incarner !
MARTIN, REPOSE CHRISTOPHER !
LEGO oblige, on retrouve l'humour totalement loufoque de la saga. Les héros sont de sacrés bavards et participent grandement à l'ambiance déjantée du jeu. Même si les voix ne sont pas celles du film, le casting n'a pas été bâclé pour autant. Les acteurs sont impliqués et donnent l'impression qu'ils se sont bien marrés lors du doublage. Par conséquent, les transitions entre extraits du film (qui ont été redoublés pour l'occasion) et phases de gameplay se font plutôt naturellement et on plonge sans mal dans cette ambiance placée sous le signe du ninjutsu... ou plutôt spinjutsu (contraction entre ninjutsu et spinner, qui signifie toupie en anglais), même si l'histoire use et abuse de clichés.
L'univers est d'ailleurs la seule véritable variante par rapport aux précédents épisodes et les nouveautés sont rarissimes. Comme d'habitude, il s'agit d'évoluer dans un monde semi-ouvert en construisant et déconstruisant des éléments du décor pour résoudre une succession d'énigmes. Entre chaque région traversée, un hub, faisant office de transition, est là pour accueillir le joueur avec des quêtes secondaires, des briques dorées et parchemins à récupérer, une foule de personnages à débloquer et des défis multijoueur (course pédestre, combat en arène...). Il n'y a donc rien de véritablement novateur dans la progression mais la coop' en écran splitté demeure toujours aussi efficace et vraiment parfaite pour les familles nombreuses ou celles et ceux qui aiment jouer en couple.
NINJAAAAA
Malgré son manque criant de nouveautés, LEGO Ninjago parvient tout de même à se démarquer grâce à son système de combat. Généralement, il suffit de marteler les boutons pour dézinguer les ennemis dans un fracas de briquettes. Ici, les affrontements sont un peu plus poussés et offrent plusieurs types d'attaques. En début d'aventure, un tutorial sert de guide d'apprentissage et vous confronte au Maître Poulet (oui, c'est de l'univers LEGO) et à ses sbires. Dans le dojo de Maître Wu, on apprend ainsi à effectuer les attaques de base, les mouvements aériens, les charges ou encore les parades. Bien évidemment, cela reste très simple et accessible mais certains ennemis se protègent et poussent le joueur à adopter différentes techniques. Et mine de rien, quand les combos s'enchaînent et que l'on déclenche une attaque ultime en envoyant valser l'opposant dans les airs, il y a de quoi avoir un sourire jusqu'aux oreilles. Comme le tout est accompagné de thèmes musicaux (aux teintes asiatiques) excellents, on a parfois l'impression de revivre certaines scènes cultes des films de Bruce Lee ou de Jackie Chan lors de son début de carrière. Toutes proportions gardées bien sûr.
Sur la console de Nintendo, on retrouve les mêmes problèmes techniques que sur les machines concurrentes. Dès qu'il y a de nombreux éléments affichés à l'écran, le framerate a tendance à suffoquer légèrement et l'aliasing n'est jamais bien loin (tout comme les bugs). Cela n'empêche pas le titre d'être jouable et les différences visuelles face aux PS4 et Xbox One sont quasi imperceptibles. En revanche, et comme ça sera souvent le cas avec la Switch, le jeu devient beaucoup plus agréable en mode portable. La résolution de 720p atténue grandement les soucis techniques. Comme les graphismes sont plus fins et que les couleurs ressortent mieux, l'aspect visuel fait un bond qualitatif indéniable. Même les environnements un peu moins inspirés passent plus facilement. Enfin, et c'est important de le souligner, il est tout à fait possible de s'adonner à deux en utilisant, pour chaque joueur, un Joy-Con. Non vraiment, cette version Switch tient plus que la route !
Par ailleurs, comme le jeu exploite le background des ninjas, les développeurs ont intégré diverses actions inspirées de cette thématique. Tel un shinobi, il est possible de courir sur les murs (à la verticale comme à l'horizontale), tenir en équilibre sur des plateformes prévues à cet effet, s'accrocher à une corde pour passer un ravin ou encore se déplacer sur une planche au-dessus du vide. Tout est fait pour que le joueur puise dans les aptitudes physiques des guerriers de l'ombre et se libère de situations a priori inextricables. À côté de ça, chaque membre de la troupe devra user de son spinjutsu (le pouvoir élémentaire) pour progresser et passer les obstacles un à un. Il faudra ainsi parfois combiner différents sorts pour interagir avec l'environnement. Par exemple, faire appel au pouvoir de feu de Kai pour faire fondre une paroi de glace et utiliser Cole et sa capacité de terre pour détruire le bloc rocheux qui obstrue le passage. En mixant les forces élémentaires et les capacités de chaque personnage, LEGO Ninjago distille une atmosphère agréable et la huitaine d'heures de l'histoire principal se déroule sans accroc. Ou presque...
UN PEU RUSHÉ
Dans l'ensemble, les mécaniques, notamment au niveau des énigmes, n'évoluent que très peu et une certaine monotonie peut s'installer dans les décors moins inspirés. Car il faut bien l'admettre, l'aventure est assez inégale. Si certaines zones sont fouillées, d'autres peinent à embarquer le joueur, comme lors du flashback de la rencontre entre Garmadon et Misako. Ce passage, en plus d'être d'une grande pauvreté visuelle (un décor marron cradingue, ce n'est pas ce qu'il y a de plus enthousiasmant), manque de consistance. Mais c'est surtout la partie technique qui fait tiquer. Les jeux LEGO n'ont jamais été des foudres de guerre mais ils sont généralement assez solides, comme on a pu le constater avec l'excellent LEGO City Undercover. Là, il est évident que le développement a été rushé pour coller à la sortie du film. Bugs, ralentissements, problème de pathfinding (les autres membres du groupe restent bloqués, sautent dans le vide, etc.), mauvaise gestion du changement de héros, synchronisation labiale pas optimale et mixage audio approximatif, ça fait beaucoup pour un seul jeu. Le titre reste globalement joli mais il est entaché par toutes ces imperfections, auxquelles il faut ajouter des chargements honteusement longs. Sans mentir, on a poireauté pendant plus d'une minute trente lors de certains loadings. En 2017, ça fait quand même tache.
Même si le jeu est agréable et délivre une atmosphère excellente (entre humour et films d'arts martiaux des années 70/80), on est constamment enquiquiné par les problèmes techniques et le manque de renouvellement dans les situations. Les environnements sont dépaysants (bien que basés sur des thématiques essorées dans le jeu vidéo), il y a énormément de contenu à débloquer et l'expérience demeure positive. Mais par rapport aux anciens jeux LEGO, et vu la prise de risque minimale (utilisation ultra sporadique des véhicules, mécaniques archi-exploitées...) ces défauts sont loin de passer inaperçus.
Points forts
- L'atmosphère rappelant les films d'arts martiaux à l'ancienne
- Pas mal de contenu à débloquer (briques, parchemins, persos...)
- L'humour porté par des acteurs convaincants
- Multi et coop' en écran splitté
- Un système de combat dynamique et efficace
- La bande son très "Kung Fu Fighting"
- La surprise à l'esprit "Godzilla" à la fin du jeu
Points faibles
- Chargements interminables
- Environnements inégaux (parfois beaux, souvent quelconques)
- Gros soucis de pathfinding
- Bugs d'affichage
- Foison de problèmes techniques
- Les mêmes mécaniques, encore et toujours
Non dénué de qualités, LEGO Ninjago ne rentrera probablement pas au panthéon des meilleurs jeux de la licence. Si la touche orientale n'est pas désagréable, elle manque tout de même de profondeur pour éviter le syndrome du copier-coller. Très proche de ses aînés, le titre de TT Fusion aurait eu besoin de quelques mois supplémentaires pour passer maître dans l'art du ninjutsu. Les problèmes techniques sont trop nombreux et l'ensemble est trop capillotracté pour être ignorés. Pas mauvais mais pas renversant, LEGO Ninjago est un épisode correct, dans la lignée de ce que propose la série ces derniers temps. Prochain rendez-vous : LEGO Marvel Super Heroes 2 !