Voilà un petit jeu qui a fait beaucoup de bruit lors de sa sortie : NBA Playgrounds a débarqué sur plusieurs machines à la fois, y compris sur Switch, la nouvelle portable de Nintendo. De quoi alimenter le buzz autour d'un jeu d'un genre que l'on pensait disparu, mort et enterré avec NBA Jam. Il faut croire que l'on s'était trompé, puisque le titre de Saber Interactive s'en sort plutôt bien.
Notre Gaming Live de NBA Playgrounds
Le monde du jeu vidéo de basket-ball est impiyotable ; archi-dominé par l'hégémonie de Visual Concept et ses NBA 2K, le milieu s'est petit à petit desséché. Lui qui était si fertile il y a encore une dizaine d'années ! Alors, pour se faire une place dans cette no-go zone d'un nouveau genre, Saber Interactive n'a pas hésité une seconde à imiter, dans les grandes largeurs, l'un des jeux les plus populaires de la planète orange : NBA Jam, avec ses deux contre deux hyper arcade et ses dunks enflammés. Avec une certaine réussite, il faut bien le dire, mais aussi bon nombre de ratés agaçants.
C'est dans les vieux pots qu'on fait la meilleure confiture
Pour toute personne ayant connu les joies de NBA Jam, NBA Playgrounds devrait présenter un visage particulièrement séduisant. Le jeu vous permet de prendre part à des matches à deux contre deux dans une ambiance qui fleure bon la vieille salle d'arcade. Playgrounds va piocher dans les rosters de la NBA actuelle mais aussi dans le passé, ce qui permet d'opposer LeBron James et Kevin Durant à Scottie Pippen et Hakeem Olajuwon, par exemple. Comme dans NBA Jam, les stars de NBA Playgrounds sont représentées dans un style très cartoon, avec une tête volontairement disproportionnée. C'est plutôt réussi dans l'ensemble, avec un style que ne renieraient pas les nombreux caricaturistes que l'on peut rencontrer, une belle journée d'été, autour du Sacré Coeur. D'ailleurs, sur le plan visuel, le titre s'en sort plutôt bien, avec des décors riches en détails, des effets de lumière réussis et surtout des animations plus léchées qu'on ne pouvait s'y attendre. Que ce soit les ralentis sur les dunks, les shoots, les contres, tout semble avoir été réalisé avec soin et attention. Un bon point donc.
Comme son glorieux mais lointain cousin, NBA Playgrounds bouscule les codes du basket-ball classique avec une approche très, très arcade du sport. Les joueurs sont capables d’enchaîner les triple-lutz et les passements de jambes, dans les airs, avant de claquer des dunks de folie ; les contres ne sont jamais illégaux, comme les contacts qui sont même plutôt encouragés. Il est donc tout à fait possible d'aller savater un adversaire en vol, alors qu'il s'apprêtait à envoyer un missile à travers le nylon. Les dunks, les contres, et les steals font grimper une jauge qui, une fois remplie, donne aléatoirement accès à un modificateur : points doublés sur les dunks, bonus de vitesse, tir immanquable, temps de possession adversaire réduit à 12 secondes, etc. Les choses sont plus variées que dans un NBA Jam, et l'on s'en réjouit, mais dans la pratique, les choses sont bien différentes.
Boomshakalaka
Parce-que manette en mains, on ne tarde pas à remarquer bon nombre de petits défauts qui finissent par érailler les parties et notre plaisir. Commençons par les modificateurs dont nous parlions à l'instant : ceux-ci impliquent une part d'aléatoire qui prend rapidement trop de place dans les matches. Bien entendu, mettre deux fois plus de points sur chaque dunk, c'est très pratique, et souvent ça permet de gagner un match trop serré ; en revanche, le bonus de rapidité ne sert pratiquement à rien et hélas, il sort trop souvent. De son côté, l'IA est soit très chanceuse, soit bénéficie de l'aide précieuse du jeu qui n'hésite pas à lui faciliter les choses, de manière parfaitement scandaleuse. Comprenez par là que, trop souvent, alors que vous avez la main sur le match, l'équipe contrôlée par l'IA va subitement disposer des meilleurs bonus, et réussir toutes ses actions. À la perfection. Ce que l'on ne vous a pas dit, c'est que les tirs parfaits rapportent plus de points, et encore à ce jour, contrairement à l'IA, nous ne sommes pas encore certains d'avoir compris ce qu'est un tir parfait. Et ça, c'est rageant.
Que le jeu donne un petit coup de pouce à l'IA, on pourrait faire avec, si seulement le reste du gameplay n'était pas aussi frustrant, par moment. Parlons par exemple de la petite jauge d'endurance qui concerne uniquement vos joueurs : le fait de sprinter, de tenter un steal, ou de bousculer votre adversaire la videra petit à petit, et vous devrez donc la gérer intelligemment pour vous en sortir. Sauf que dans l'absolu, vous serez très souvent dans le rouge puisque pour palier l'incroyable efficacité au tir de vos adversaires, il faudra être très agressif en défense, et surtout sur le porteur de balle. Un souci d'attention qui n'affecte pas l'IA, comme nous le disions, puisqu'elle-même réussit presque tout le temps ses tentatives de contres ou d'interception. Et même les contres les plus improbables, en partant 5 mètres derrière votre joueur. De votre côté, les contres sont moins automatiques, malheureusement. On a d'ailleurs parfois un peu de mal à comprendre la logique de ce système de contres. Souvent, le joueur semble verrouillé sur la balle et va suivre sa trajectoire, ce qui résulte généralement sur un contre loupé puisque la balle se déplace plus vite. Alors qu'en restant sur place, le défenseur aurait été bien plus efficace.
Avec ces inégalités en jeu, on finit très souvent par limiter au maximum les actions lors des phases d'attaque. Puisque l'IA est insensible aux crossovers et autres dribbles façon And-one Mixtape, et qu'elle est capable de piquer très facilement le ballon (surtout lorsqu'elle est en difficulté), on évite de trop s'attarder ou de faire trop de passes, pour simplement courir vers le cercle et dunker. Les parties ressemblent donc assez souvent à une suite de coast-to-coast et forcément, en termes d'intérêt, c'est plutôt limité. On pourrait discuter encore un moment des petites imprécisions agaçantes, par exemple sur la gestion des rebonds : que ce soit à cause d'une mauvaise perspective ou parce-que nos joueurs oublient soudainement comment attraper le ballon, on en loupe trop. Même lorsque le ballon roule au sol, il arrive qu'on ne puisse le saisir, sans raison particulière. En conséquence de quoi, jouer contre l'IA finit vite par agacer.
Sobriété, efficacité ?
Sauf que voilà, on ne peut pas dire que NBA Playgrounds regorge de contenus. Le mode de jeu principal vous permet de disputer une série de tournois partout à travers la planète ; si l'on apprécie ce petit voyage autour du monde, et la découverte de nouveaux environnements de jeu, le reste peut être résumé à des phases de grind sans fin, qui vous permettront d'améliorer les stats de vos joueurs et surtout de gagner de nouveaux packs de cartes. Ces packs sont l'une des très bonnes idées de ce NBA Playgrounds : inspiré, on l'imagine, du mode MyTeam des NBA 2K, ces petits boosters vous permettent de débloquer de nouveaux joueurs. Et ces joueurs, ils sont nombreux, certains étant, bien entendu, plus forts et plus rares que les autres. Autant vous dire qu'il vous faudra jouer un sacré long moment avant de débloquer LeBron James, Kevin Durant ou Stephen Curry, probablement les meilleurs joueurs de la NBA actuelle. Bien entendu, certains estimeront que le jeu booste artificiellement sa durée de vie, et on aurait du mal à ne pas être d'accord avec eux, mais dans les faits, ces sessions d'ouvertures de paquets de cartes sont vraiment amusantes.
D'autant qu'il ne faut pas croire que le jeu est dénué de toute forme de technicité. Avant d’enchaîner les victoires, il faudra composer un duo complémentaire ; chaque joueur dispose de statistiques et il faudra faire attention à toujours avoir dans son équipe au moins un dunkeur, et un joueur capable de défendre correctement. Le premier apportera des points faciles, puisque le dunk est sans doute l'action la plus facile à réaliser du jeu, et le second pourra gêner l'attaque adverse, notamment avec sa faculté à contrer la balle. À vous de trouver les meilleures associations, mais ne sous-estimez pas l'importance d'un bon shooter. Fait curieux, le jeu est très pointilleux en ce qui concerne le timing de vos shoots, et il faudra un peu d'exercice avant de les réussir. À la manière de jeux de basket plus techniques, comme NBA 2K ou même NBA Live, la jauge dédiée au timing de shoot varie en fonction du type de tir que vous tentez, que ce soit un 3 points, un mid-range sur catch-and-shoot ou un tir en mouvement. On apprécie l'effort, et les parties contre des amis gagnent forcément en intérêt.
Car si le jeu vous permet d'affronter d'autres joueurs en ligne, c'est surtout en local, contre des copains, que NBA Playgrounds délivrera toute sa saveur. Malgré ses défauts, malgré ses imprécisions, le jeu se révèle être, dans cette situation particulière, une source de divertissement très correcte. Et c'est probablement la seule chose qui comptera pour beaucoup d'entre vous.
Points forts
- Le design des joueurs
- Leurs animations
- Des dunks complètement fous
- Le timing des tirs, qui ajoute un petit côté technique
- Le système de packs de cartes
- Très sympa entre amis
Points faibles
- Le côté trop aléatoire des affrontements contre l'IA
- L'IA qui peut retourner un match en 10 secondes
- Peu de modes de jeu
- Les rebonds
- Un online un peu fragile
- Seul, on s'ennuie vite
Avec ses dunks décomplexés et ses joueurs tous plus rigolos les uns que les autres, NBA Playgrounds avait tout pour être un petit jeu de basket arcade débile, donc absolument essentiel, comme avait pu l'être NBA Jam en son temps. Malheureusement, l'expérience, en solo, est entachée par des imprécisions de gameplay et une IA absolument injouable quand le jeu en a décidé. En multijoueur local, en revanche, c'est autre chose, et l'on appréciera à leur juste valeur les quelques points techniques du jeu, notamment sur les timings de shoot ou de alley-oop. De quoi alimenter quelques soirées entre copains.