Un homme, un train et l’humanité au bord de la ruine. The Final Station est un jeu d’aventure situé dans un monde post-apocalyptique. Derrière cette réalisation se cache le studio indépendant Do My Best, et notamment le duo russe formé par Oleg Servgeev et Andrey Rumak, le tout édité par le célèbre tinyBuild. Si le gameplay est sympathique et expérimental, c’est surtout dans son histoire que le jeu tire sa véritable force. Captivante, énigmatique et marquante, la narration laisse libre place à l’imagination et à la force de déduction du joueur. The Final Station est unique, et on vous explique pourquoi.
UN MONDE EN FIN DE COURSE
106 années se sont écoulées depuis la première visite. Peu d’éléments permettent de déterminer la nature de cette dernière, si ce n’est qu’elle a détruit une grande partie du monde dans lequel se déroule l’intrigue de The Final Station. Vous incarnez Edward Jones et évoluez sur des terres en ruines, où les hommes font tout pour retrouver une vie normale. Votre travail vous attend et vous devez prendre les commandes de votre train afin d’amener sa cargaison à bon port.
Sur votre chemin, vous allez être confronté à une réalité compliquée. Les villes tombent une à une sous le joug d’une étrange infection. Certaines personnes présentent en effet des symptômes mystérieux et leur peau se couvre d’une liquide noir… jusqu’à ce qu’elles deviennent violentes et perdent leur humanité. Pourtant, les citoyens n’ont pas l’air de mesurer l’ampleur des événements qui se déroulent sous leurs yeux.
Votre train en lui-même est un personnage à part entière. Si bien sûr il convient de le différencier des personnages humains, il reste un lieu de vie et un élément clef de l’intrigue. C’est là que le héros en apprend plus sur ce qui se déroule dans le monde qui l’entoure, lorsque ses passagers discutent entre eux. C’est aussi là qu’il est confronté à la réalité de la situation, lorsque ce dernier transporte des blessés ou des gens qui fuient des villes tombées.
LE TRAIN COMME DERNIER BASTION DE L’HUMANITE
Vous voyagez en train et avez besoin d’un code pour ouvrir des « bloqueurs », qui relient les différentes villes et stations. Pour trouver ce code, puisque les villes sont généralement désolées, il vous faudra chercher des indices et fouiller les différents bâtiments.
Dans chaque nouvelle zone ou ville, vous serez amené à aider les locaux en leur proposant de les faire voyager dans votre train, et c’est là où entre en scène l'aspect gestion de The Final Station. Vous devrez non seulement gérer le train lors des séquences de voyage en s’assurant que tout fonctionne (système de dépréciation, système de ventilation, contrôle de la cargaison, …) mais aussi surveiller les survivants. Et pour cause, chacun possède deux jauges : une jauge de faim et une jauge de vie.
Pour restaurer la jauge de faim, il vous faut avoir de la nourriture. Cette dernière se trouve lors de vos visites des différentes stations ou bien s’achète dans les villes. Si elle touche son point le plus bas, le survivant à qui elle appartient voit sa jauge de vie chuter à toute allure. La vie peut également se dégrader seule lorsque vos passagers ont été blessés avant de prendre le train. Pour la restaurer, il vous faut des bandages, qui se trouvent dans les stations ou les villes. Mais le jeu en vaut la chandelle puisque si vous réussissez à garder les voyageurs en vie, ils sauront vous récompenser lors de votre arrivée.
SURVIVRE EN TEMPS D’APOCALYPSE
Il existe un système de crafting dans la locomotive, qui vous permet de créer vous-mêmes vos kits de soin ou vos munitions. Pour ce faire, il vous faut récupérer les matériaux lors de vos expéditions. A chaque nouvelle zone que vous rencontrez, il vous faut progresser dans ces dernières. Des habitations, des immeubles, des ruines, Edward Jones traverse de nombreux lieux de vie durant son périple.
Dans chacun de ces lieux, il y a des placards, des cachettes et des contenants où il peut récupérer des objets. Ces objets vous permettent de gagner de l’argent pour acheter des objets et des vivres mais aussi de fabriquer munitions et bandages dans le train, un atout indéniable quand on avance dans le jeu.
L’autre aspect de ce jeu, c’est la survie face aux « infectés ». Au fil du jeu, vous allez être amené à tuer plus d’un ennemi, bien qu’il soit possible de traverser les niveaux sans jamais porter un coup. Toujours est-il que vous avez le choix, et même plusieurs options. Vous pouvez opter pour le corps à corps, ou alors vous munir de votre pistolet et abattre les ennemis à distance. Les ennemis, s’ils sont au début d’un type unique, se diversifient au fil de l’aventure pour devenir de plus en plus puissants et insidieux.
UNE NARRATION CONTEXTUELLE CAPTIVANTE
L’une des choses passionnantes avec The Final Station est que tout ce que l’on apprend sur l’univers du jeu se fait au détour de conversations avec des personnages secondaires et grâce à la narration environnementale. Si bien sûr on apprend certains des éléments clefs de l’intrigue lors de passages obligatoires, que l’on ne peut pas éviter, les éléments qui permettent de contextualiser et mieux appréhender la narration sont quant à eux rencontrés par hasard.
Fouillez les tiroirs, regardez les inscriptions sur les murs ou lisez une note. C’est par ces procédés que l’on en apprend plus sur l’histoire du jeu. Qui sont les « visiteurs » ? Qu’est-il en train d’arriver dans les villes qui semblent tomber les unes après les autres ? Que s’est-il passé, justement, lors de la première visite et qui est véritablement à la tête du gouvernement ?
Autant de questions auxquelles on ne peut pas répondre si l’on fait le jeu de manière linéaire et qu’on ne prête pas attention à l’environnement qui nous entoure. En terme de narration, il serait également dommage de passer à côté du personnage du DLC, The Final Station, qui est présent dans le jeu de base. Complémentaires, l’extension et le jeu de base offrent une perspective différente sur une histoire qui se déroule en simultané.
UN UNIVERS RICHE QUI PUISE DANS DE GRANDES ŒUVRES
A l’évocation du train comme sujet et d’un monde en ruines, on peut penser à Snowpiercer, de Bong Joon-ho sorti en 2013. Si là il ne s’agit pas de zombies mais d’un froid glacial, l’analogisme est légitime et pertinent. On peut aussi penser à un film comme Dernier Train pour Busan, où l’action se situe intégralement dans un train, qui doit amener ses passagers coincés avec des gens infectés par un virus inconnu, jusqu’à Busan, unique ville encore sûre.
L’inspiration réelle des développeurs du jeu a été trouvée dans Galaxy Express 999, un manga écrit par Leiji Matsumoto, où un train de l’espace conduit son équipage de planète en planète, avec une intrigue différente à chaque station. Ces références concernent la partie train et l'ambiance générale. En ce qui concerne l’univers du jeu et ses méchaniques, les développeurs citent FTL : Faster than Light et This War of Mine comme sources d'inspiration. Le liquide noir qui infecte les personnes, quant à lui, fait penser à la fameuse huile noire de X-Files.
Pour ce qui est de la réalisation artistique, Do My Best maitrise parfaitement le pixel et offre un jeu au style retro mais aux couleurs vibrantes. Le personnage principale est plutôt en retrait et sa réalisation relativement sobre. Le choix de faire des ennemis entièrement noirs avec juste les yeux blancs leur permet d’être de se fondre dans le décor mais de garder un aspect inquiétant. En ce qui concerne la musique, elle est parfaitement réalisée, offre une atmosphère nostalgique et reposante et s’inscrit bien dans la lignée du jeu.
La chronique d'At0mium sur The Final Station
Points forts
- Un univers prenant
- Des musiques immersives
- Le Pixel Art au sommet de sa forme
- La narration environnementale
- Un personnage attachant
- Une histoire profonde et mélancolique
Points faibles
- Des traductions parfois hasardeuses
- Un peu court, on en demande plus !
En conclusion, The Final Station est captivant et parvient à plonger les joueurs dans un univers complexe et riche. Si vous cherchez un jeu bourré d'adrénaline et avec des graphismes HD, passez votre chemin. Le rendu Pixel Art est parfaitement maitrisé et parvient à transmettre une atmosphère mélancolique et grave. La fin est particulièrement puissante et pose toujours plus de questions, poussant les joueurs à réfléchir sur le sens de l'histoire. Si vous voulez aller plus loin, n'hésitez pas à vous procurer le DLC The Only Traitor, qui vous offrira une nouvelle perspective et un nouveau point de vue sur l'intrigue de The Final Station !