Un Kickstarter ayant permis de récolter 420 252 € en août 2015, une phase d’accès anticipé en septembre 2016 avant le lancement officiel le 26 mai dernier, EVERSPACE a tout du jeu indépendant au développement modèle. Qu’en est-il du résultat manette (ou souris) en main ? À première vue, la production des développeurs allemands de ROCKFISH GAMES a tout pour séduire et alimenter quelques fantasmes : une composante Rogue-like qui rend vite addict, un gameplay shooter spatial en 3D, et surtout, une plastique de rêve venant titiller l’excitation des joueurs en quête d’aventure spatiale.
J'ai toujours pensé que l'espace était un endroit calme. Avec Everspace Stellar Edition sur Nintendo Switch, j'ai vite compris que j'étais dans l'erreur. Si je ne vais pas revenir sur les qualités et quelques défauts du titre kickstarté de ROCKFISH GAMES, sachez d'abord que cette version Nintendo Switch conserve tout ce qui fait le sel du jeu initial : dogfights musclés, récolte, artisanat, mort punitive mais qui permet toujours d'évoluer, niveaux générés de manière procédurale et aspect rogue-like prononcé. Oui, même sur la console de Nintendo, tout y est, et c'est bien cela qui surprend. En outre, cette Stellar Edition ajoute de nouveaux ennemis, un vaisseau et même quelques quêtes en plus, le tout avec la BO, excellente à mon sens (ce qui n'est pas le cas de mon comparse Clementoss, mais ce sera le seul point sur lequel nous ne sommes pas en accord), et qui peut être écoutée dans les menus. Bref, Everspace Stellar Edition a tout pour lui sur Nintendo Switch, soyons clairs'.
La technique Switch
Je ne vais pas vous mentir, Everspace est nettement moins beau sur Nintendo Switch que sur PC ou Xbox One, c'est une évidence. Pour autant, il n'est pas laid, loin de là, et on retrouve la beauté de l'espace à l'échelle de la machine de Nintendo. Cela est d'ailleurs valable en version portable, comme lorsque la console est dockée. Evidemment, il y a quelques légères baisses de framerate lorsque vous affrontez trop d'ennemis en même temps, mais c'est tellement rare que cela n'impacte que peu votre périple, tout aussi palpitant sur Switch que sur un autre support.
Conclusion spatiale
Très franchement, je ne m'attendais à ce tour de force des développeurs : parvenir à mettre le rogue-like spatial et ses dogfights hyper dynamiques, ainsi que les aspects recherche, collecte, développement, etc. le tout à la sauce rogue-like de Everspace dans une Nintendo Switch. Et qui plus est avec un rendu graphique tout à fait correct, voire même agréable à l'oeil. C'est une prouesse, d'autant que maintenant vous allez pouvoir vous échapper dans l'espace quand bon vous semble et ceci où que vous soyez. Un régal pour les amateurs du genre qui peuvent d'ores et déjà se lancer dans l'aventure, même s'il y a un bien un léger bémol spécifique à la Switch, le prix de 40€, un peu trop élevé à mon sens sur le Nintendo eShop. Quoiqu'il en soit, la note reste la même sur Nintendo Switch que sur les autres supports : 16/20. Et, franchement, c'est bien mérité !
Le test complet de Everspace sur Xbox One et PC par Clementoss (09 juillet 2017)
La tête dans les étoiles
Il y a certains jeux qui, dès la première prise en main, font instantanément briller des étoiles dans les yeux. Everspace est indubitablement de ceux-là. Après avoir passé un menu au design sobre et une cinématique d’introduction, vous voilà plongés dans les profondeurs infinies de l’espace. Il suffit d’un simple coup d’œil et de quelques premiers strafe avec votre vaisseau pour constater qu’elles n’ont jamais parues aussi belles. Balancé dans un secteur inconnu en vue TPS, parfait pour admirer la beauté des astres, des champs d’astéroïdes et la grandeur des planètes qui vous entourent, ou en vue cockpit, moins lisible mais carrément stylée, vous voilà libre de mettre les gaz et de voler là où bon vous semble.
L’invitation à l’exploration est tentante sachant que le feeling est immédiat et les sensations de vol incroyablement précises, que çe soit à la manette ou au clavier / souris. Mais le retour à la réalité est rapide tant on se retrouve la plupart du temps sous le feu de trois ou quatre vaisseaux ennemis dès les premières secondes d’une partie. Et c’est bien là le propos principal de ce titre, qui nous plonge instantanément au cœur de l’action. Une rixe entre hors-la-loi et la G&B, une société exploitant sans vergogne les ressources de la galaxie, des vaisseaux de la race alien Okkar qui vous prennent en chasse… dès votre arrivée dans une zone, soyez-prêts à faire l’objet d’un accueil chaleureux, et à potentiellement voir votre premier run se terminer prématurément. Car oui, avec ses environnements restreints découpés en secteurs successifs proposant plusieurs embranchements puis en sous-zones et son principe « vivre, mourir, dépenser les crédits accumulés et retour à la case départ », Everspace est un Rogue-like pur et dur.
Endless Space
Heureusement, le jeu met à votre disposition tous les outils pour vous défendre et vous la jouer pilote de l’espace. Un court tutoriel introduit brièvement la maniabilité arcade du titre avant de vous laisser libre de piller de fond en comble les ressources d’une zone, puis de localiser le point de saut d’hyper-espace pour filer vers la suivante jusqu’à atteindre celle dotée d’un portail permettant de s’enfoncer dans les secteurs les plus reculés. Seule condition pour tout cela : avoir suffisamment de carburant, précieuse ressource dont vous manquerez rapidement si vous ne prenez pas le temps de la récolte.
Ressources de craft, équipements, outils, plans, éléments pour personnaliser l’aspect de votre vaisseau… l’espace regorge de trésors divers et variés, généralement planqués dans des caisses ou récoltables à grands coups de laser. Autant vous prévenir, vos chances de salut seront proportionnelles au temps passé à farmer. Les plus chanceux trouveront les armes les plus efficaces sur les carcasses des vaisseaux ennemis ou des précieux crédits. La fièvre de l’or vous gagnera rapidement sachant qu’il sera nécessaire afin de remplir votre arbre de talents, l’un des éléments persistants après votre mort. Augmentation du nombre de slots d’armes, vitesse du vaisseau, meilleure récolte de ressources… à vous de décider quelle sera votre priorité afin de vous enfoncer toujours plus loin dans la galaxie et progresser dans le scénario.
Oui oui, vous avez bien lu. Everspace embarque dans sa cargaison une vraie narration, distillée au fil de vos voyages par l’IA parlante de votre vaisseau, qui par ailleurs saura toujours caser une petite touche d’humour entre deux joutes spatiales, et un lot de cinématiques soignées entièrement doublées. Ne vous attendez pas à la quête la plus épique de ces dernières années, mais prenez le tout comme une source de motivation supplémentaire pour enchaîner les runs. Les plus passionnés pourront même consulter un codex donnant quelques informations supplémentaires.
Espace vital
Comparable à FTL : Faster than Light pour leurs caractéristiques communes de Rogue-like, ainsi qu'avec Elite : Dangerous au niveau du gameplay shooter 3D, Everspace s'affiche comme un savant mélange des deux. Il vous obligera à apprendre à gérer votre bouclier afin d’empêcher votre coque de subir des dégâts, et, plus embêtant, voir votre moteur, vos capteurs ou vos armes endommagés. Le cas échéant, il vous en coûtera de précieuses ressources et des nanobots afin de les réparer.
Pour survivre, il vous faudra également maîtriser votre jauge d’accélération, alterner déplacements latéraux et changements d’altitude, pour ensuite jongler entre coups de rayons lasers ou de canon électrique afin de dégommer les boucliers des vaisseaux adverses, avant de les réduire en poussière à grands coups de gatling ou de roquettes. Si les armes sont finalement peu nombreuses, elles restent suffisamment variées pour s’adapter à vos envies. Par contre, ne vous attendez pas à dégoter par chance une arme surpuissante (si l'on fait exception de l'arme secondiare Arc-9000, à utilisation unique) vous rendant quasiment invincible au cours de l’un de vos runs : Everspace ne joue pas dans la démesure.
La prise de décision dans vos actions aura également un rôle primordial dans l’issue de vos parties : dois-je fuir face à cette corvette Okkar surpuissante accompagnée de drones chargeurs de bouclier, ou tenter de l’attirer auprès d’une station-service protégée par des vaisseaux neutres est-il envisageable ? De manière générale, prudence est mère de sûreté et savoir fuir les batailles perdues d’avance est primordial, mais vos prises de risques seront largement récompensées.
Etant donné que les évènements sont générés aléatoirement, la diversité des situations est grande : on peut passer d’une zone vide de toutes traces d’ennemis mais qui vous empêche de passer en hyper-espace à cause de la présence d’un suppresseur de saut, à une autre chaotique remplie d’escouades ennemies et où l’environnement déchaîne ses éruptions solaires, ses éclairs ou ses trous noirs. La difficulté est donc aléatoire mais votre agilité au pilotage devrait suffire à vous mener aux confins de la galaxie, sachant que les dogfights sont évidemment répétitifs mais toujours aussi plaisants, même passées plusieurs dizaines d’heures de jeu.
Dans l'espace, personne ne vous entendra grinder
Il vous faudra bien cela pour venir à bout des sept secteurs du jeu. À moins d’être aussi doué qu’Anakin Skywalker (ou le lieutenant Sulu pour les Trekkies), n’espérez pas faire des miracles lors de vos premiers runs. Ces derniers sont même généralement chaotiques, et c’est seulement après une longue phase d’échecs et de frustration vis-à-vis de votre vaisseau ridiculement faible que vous arriverez à quelque chose. La courbe de progression est relativement lente, mais aucune partie n’est inutile et il y a toujours moyen de dépenser ses crédits à bon escient pour améliorer sa carlingue. S’il n’y en a que trois différents jouables, chacun est personnalisable avec des améliorations, difficiles à trouver mais que vous conservez à chaque partie, histoire de donner un léger coup de balai à cette impression de toujours faire la même chose.
Pour profiter de la grandeur du jeu, il ne tient qu’à vous de passer outre ses quelques défauts : une musique en retrait bien souvent hors ton, préparez donc une bonne playlist, et surtout, des phases de récolte vite rébarbatives sachant qu’on finit parfois à plus tirer sur des cailloux que sur des vaisseaux ennemis. C’est finalement bien peu face aux sensations grisantes qu’Everspace saura vous procurer, sachant qu’il est également disponible en réalité virtuelle pour les plus chanceux.
Le trailer de lancement d'Everspace
Points forts
- Les profondeurs infinies de l'espace n'ont jamais parues aussi belles
- De vraies sensations de vol et des combats jamais lassants
- (Trop ?) Généreux en butin et en ressources
- Un scénario dans un Rogue-like, ça ne peut que faire plaisir
- Des runs globalement variés
Points faibles
- Peu de types d'ennemis différents
- Relativement difficile, sachant que le côté aléatoire peut se montrer cruel
- Des premières parties compliquées
- Seulement trois vaisseaux différents jouables
- La bande-son peu appropriée et presque inexistante
Parce que les Rogue-like ne sont pas que des jeux en pixel art 2D, Everspace s'affiche facilement comme un indispensable du genre. Son triptyque exploration / récolte / artisanat rentre dans les standards, mais il se détache clairement par le dynamisme de ses combats et les sensations de vol qu'ils procurent. Ajoutez à cela des graphismes qui vous émerveilleront instantanément, et vous risquez de revenir y faire une petite virée régulièrement. Tant pis si la musique n'est clairement pas à la hauteur du reste, si le grinding peut lasser et si poncer du minerai de l'espace peut vite rendre fou, on tient là un bon shooter spatial d'arcade en 3D comme on en voit trop peu.