Zero Escape, voilà une série qui a marqué (et peut-être traumatisé) ceux qui y ont un jour touché. Neuf personnes doivent faire chauffer leurs méninges pour échapper à un jeu mortel, mais tous ne pourront pas survivre… Dit comme ça, le concept sent le déjà vu. Mais ce serait sous-estimer la complexité du scénario qui vous retourne encore plus le cerveau que les énigmes. Pour ceux qui n'auraient pas encore essayé cette série, une compilation regroupant les deux premiers épisodes est disponible sur PlayStation 4 et PC. Soit deux des meilleurs romans visuels jamais conçus pour le prix d'un jeu.
NINE HOURS, NINE PERSONS, NINE DOORS : NEUF PERSONNES POUR UNE PORTE
999 vous place dans la peau de Junpei, simple lycéen de son état. Alors qu'il rentrait tranquillement chez lui, un vil individu masqué l'endort avec un gaz soporifique, avant de lui déclarer qu'il a le privilège de participer au "Nonary Game", un jeu où la vie des participants ne tient qu'à un fil. Notre bon Junpei se réveille alors dans le compartiment d'un navire… qui explose et commence à couler dès les premières secondes qui suivent son réveil. Bien décidé à s'échapper (et on le comprend), Junpei constate avec effroi que la porte est bloquée. C'est ainsi que commence la première "Escape Room" du jeu, et que les premières migraines peuvent pointer le bout de leur nez. Si le premier Professeur Layton démarrait paisiblement avec une énigme consistait à localiser un village sur une carte, 999 vous envoie directement les objets à combiner, les zones à fouiller et quelques sérieux calculs à faire. Pour ceux qui auraient déjà touché à Ace Attorney, le procédé est similaire dans la fouille des lieux : des plans fixes à examiner, et des objets à récupérer. Cette première zone est également l'occasion d'apprendre le système de racine numérique, qui servira tout au long du jeu.
Une fois que vous vous serez échappé, vous rencontrerez les autres joueurs, huit personnes ayant été conduites dans le navire dans les mêmes conditions que vous. Intervient alors Zero, le maître du jeu et capitaine du navire, qui vous annonce que vous avez neuf heures pour trouver la porte portant le chiffre "9" qui est la porte de sortie vers la liberté. Mais pour celà, il y aura bien d'autres escapes rooms à terminer, chacune était bloquée par une porte numérotée, et qui s'ouvre seulement si trois, quatre ou cinq personnes activent leur bracelet et produisent ensemble une racine numérique correspondant au chiffre inscrit sur la porte. Bien évidemment, roman visuel oblige, les escapes rooms ne s'enchaînent pas à un rythme effréné, le jeu vous imposant de longues discussions pouvant durer jusqu'à 50 minutes sans interruption. Visuel ou non, un roman se lit après tout. Les joueurs se sépareront alors en deux équipes de tailles diverses, ainsi vous aurez d'en apprendre plus sur certains personnages selon la porte que vous aurez choisi. Car 999, c'est avant tout des choix à faire, permettant d'accéder à six fins, pas toujours bonnes, pour ne pas dire angoissantes pour certaines, mais toujours utiles et accrocheuses (même les mauvaises fins... surtout les mauvaises fins même). Et c'est même la grosse force de 999: un scénario qui prend aux tripes, le genre de jeu qu'on veut toujours relancer à peine la console éteinte pour connaître la suite de l'histoire.
Pour cette compilation, 999 a eu droit à un très sympathique lissage visuel, passant du petit écran de la DS à une résolution HD éclatante. Avoir un écran plus grand est d'une aide non négligeable pour la visibilité de l'action, le nombre d'objets à regarder étant assez élevé dans ce jeu. Mais le bonus le plus appréciable est vraisemblablement le flowchart (une sorte d'organigramme), initiallement absent et n'étant apparu qu'à partir du second épisode. Comme dit plus haut, les choix sont importants dans 999, puisqu'ils déterminent les salles visitées, les dialogues enclenchés, le déroulement du scénario et la fin obtenue. Le flowchart, lui, permet tout simplement de revenir à n'importe quel moment du jeu déjà fait, et donc de revenir juste avant un choix crucial pour ne pas à avoir besoin de refaire tout le début du jeu à chaque fois. Un bonus vraiment bienvenu dans un jeu extrêmement bavard, avec malgré tout la possibilité d'accélérer la vitesse des dialogues déjà vus pour ceux qui voudraient se replonger dans le contexte d'une situation avant de faire un choix crucial.
VIRTUE'S LAST REWARD : S'ALLIER OU TRAHIR, IL FAUT CHOISIR
VLR vous place dans la peau de Sigma, un lycéen (décidément) qui a été kidnappé en pleine nuit par un vil individu masqué qui l'endort avec un gaz soporifique (re-décidément). Sigma se réveille alors dans un ascenseur, accompagné d'une jeune inconnue qui semble pourtant en savoir un peu sur lui. Mais la conversation se stoppe net quand Zero III, un lapin qui parle, annonce le début du Nonary Game, édition ambidextre cette fois-ci. Le jeu fonctionne avec un système de binômes, équipes de 3 et portes de couleur, avec un soupçcon de perfidie en plus avec les AB Games, basés sur le dilemme du prisonnier. Si deux parties d'un groupe (un binôme et un joueur seul qui a fait équipe avec le binôme dans la précédente session de jeu) s'allient, cela fait deux points chacun, sachant que chaque joueur commence avec trois points et qu'il en faut neuf pour gagner le Nonary Game. La vie est belle, tout le monde choisit "Ally" trois fois et tout le monde s'échappe tout ensemble… bon, ça c'est le rêve. La réalité, c'est la possibilité de trahir l'autre parti pour tenter d'amasser plus de points d'un coup, quitte à faire perdre des points au malheureux qui aura eu la mauvaise idée de vous faire confiance. À cela s'ajoute un détail qui a son importance : un joueur qui perd tout ses points profitera d'une liberté bien différente : celle de la mort après une petite injection létale au poignet.
Tout aussi bavard (voir un peu plus), VLR est tout aussi passionnant que son aîné mais ne lésine pas sur les explications scientifiques. La glace-neuf de 999 est presque une formalité en comparaison de ce qui vous attend dans VLR. Les escapes rooms sont bien sûr de retour, mais désormais intégralement modélisés en 3D. Fini les plans fixes, donc, même si dans les faits les différences sont inexistantes puisqu'on ne peut examiner ni les sols, ni les plafonds. Graphiquement, le jeu étant initialement destiné à des supports portables, la 3D n'est pas très reluisante sur des écrans élargis, notamment pour certains personnages, comme Clover qui donne l'impression de constamment sourire, même dans des poses où elle est censée être en état de choc.
QUELQUES CHANGEMENTS MINEURS
Zero Escape : The Nonary Games réunit donc ces deux excellents jeux en un seul, hélas uniquement sous format dématérialisé, et pour une somme allant de quarante euros (prix sur Steam ou en promotion sur PS4) à soixante euros (prix hors promotions). Cette compilation a toutefois quelques avantages, le premier étant d'avoir ENFIN 999 en Europe, le jeu n'ayant jusqu'à présent jamais dépassé les frontières américaines et japonaises. Cette compilation permet de profiter de VLR dans des conditions optimales, la version PSVita ayant quelques problèmes de framerate et la version 3DS ayant un bug de sauvegarde pouvant purement et simplement supprimer la progression du joueur. Il y a aussi l'ajout de doublages anglais et japonais, de très bonne facture. On peut noter aussi quelques petites déconvenues : par exemple le système de mémo de VLR, qui avait un sens pour un jeu exploitant un écran tactile. Sur PC, écrire avec une souris est déjà moins précis. Sur PS4, écrire avec le stick gauche est une horreur, qui nous fera ressortir du placard quelques feuilles blanches pour se faciliter la tâche pour certains raisonnements. Certaines énigmes sont d'ailleurs un peu complexifiées sur PS4, le tangram à réaliser au stick pouvant faire s'arracher quelques cheveux à tout joueur peu patient.
Hormis sur ces quelques points, 999 et VLR restent deux excellents jeux, qui trônent au sommet des romans visuels grâce à leur histoire prenante, leurs personnages attachants et une narration maitrisée d'une main de maître. Deux jeux qui ont marqué les joueurs à travers des situations alambiquées poussant constamment à théoriser sur la suite des événements une fois la console éteinte. Seul frein potentiel : ces deux jeux étant uniquement en anglais, une maitrîse de la langue de Shakespeare est donc primordiale pour profiter de ces jeux particulièrement bavards.
Premier trailer de 999
Points forts
- Un scénario hors norme
- Des personnages charismatiques
- Une bande son marquante
- Une cinquantaine d'heures de jeu
- Les mauvaises fins de 999, délicieusement angoissantes
- Le flowchart ajouté à 999
- Des puzzles qui font réfléchir
- Dialogues toujours plaisants à lire
- Une ambiance au top
- Des retournements de situation toujours imprévisibles
- Doublages de bonne facture
Points faibles
- Quelques puzzles de VLR agaçants
- La 3D de VLR pas terrible
- Prendre des notes dans le mémo sur PS4, c'est pas facile
- Uniquement en anglais
- De 40€ à 60 € uniquement en dématérialisé, ça peut freiner certains joueurs
Pour ceux qui ont déjà parcouru ces jeux en long, en large et en travers, l'achat de cette compilation ne se justifie pas vraiment. La mise à jour graphique ? Un roman visuel se joue rarement pour ses graphismes. Le flowchart pour 999 ? 60 € est élevé pour un organigramme. En revanche, pour ceux qui n'y auraient jamais touché, cette compilation est appréciable. Vous aimez les scénarios complexes ? Vous aimez les situations angoissantes ? Vous aimez tout simplement vous prendre la tête avec des casse-têtes dans des salles entières ? Et vous n'avez joué ni à 999, ni à VLR ? Alors cette compilation est incontournable, à condition de manier l'anglais.