Pour Square Enix, Final Fantasy XV devait renouer avec ce qui a fait les belles heures de la saga, une nécessité qui les a forcé à repousser la sortie du jeu à maintes reprises. En empruntant le système de combat de Kingdom Hearts, en s’inspirant des plus grands RPG du moment et en y ajoutant un univers cross média étoffé, Hajime Tabata a su accoucher d’un titre qualitatif qui restera longtemps dans les annales. Et si Final Fantasy XV s’en sort si bien, c’est aussi grâce à son univers étendu : un film à la réalisation de haute volée, une série animée revenant sur la jeunesse des compagnons de notre héros mais également un mini-jeu, proposé uniquement en Amérique du nord pour toute précommande de l’opus central. Erreur réparée puisque A King’s Tale vient d’atterrir sur le vieux continent. Que vaut donc le conte du Roi ?
Il était une fois, un jeune prince insomniaque...
Avant même que les événements prennent la tournure que l’on connaît et que le destin du monde d’Eos repose entre les mains de notre jeune Prince désinvolte, c’est Régis qui tenait les rênes d’un royaume déjà en guerre contre Niflheim. Un soir, alors qu’il s’apprête à se coucher, notre bambin royal réclame une histoire à son père. Point de conte de fée ici, c’est une bribe de son passé que Régis commence alors à narrer à son fils.
Une fois la scène d’introduction passée, nous voilà propulsés dans la première zone du jeu : Insomnia. Ce qui frappe avant tout, c’est bien évidemment la direction artistique. Tout de pixel art vêtus, les graphismes transpirent la nostalgie envers une époque désormais révolue (pas tout à fait, je le concède, mais vous m’avez compris). Le jeu entier constitue un hommage à toutes ces consoles et jeux “rétros”, si chers à beaucoup d’entre nous. Ainsi, le joueur ne peut se déplacer que de gauche à droite sur des écrans simples mais terriblement bien réalisées. Qu’il s’agisse des cinématiques, des décors, des animations ou des effets visuels, le jeu est irréprochable. Seules les surfaces aquatiques sont à prendre en ‘défaut”, la faute notamment à une texture réfléchissante trop réaliste par rapport au parti pris visuel, mais je chipote.
L’essayer c’est l’adopter
Cet aspect “nostalgique” ne s’arrête pas aux graphismes et c’est là la force de ce petit beat’em all surprenant. C’est bien simple, une fois débuté, impossible de décrocher du jeu avant de m’être heurté à l’écran de fin, survenu à peine trois heures plus tard. La prise en main se veut immédiate grâce à un gameplay accessible : un joystick pour les déplacements et quatre boutons dédiés aux roulades, aux coups de boucliers, aux entailles et aux lacérations. De plus, Square Enix a eu la bonne idée de mettre à disposition des joueurs un petit guide présentant les touches, les combos ainsi que le bestiaire, mais je reviendrai sur ce dernier point plus tard. Sachez toutefois qu’il vous sera utile, car avec la panoplie de coups disponibles et le nombre d’ennemis différents (quatorze espèces de monstres, sans compter les variantes), les allers et retours seront courants, du moins si vous voulez pouvoir déclencher les différentes attaques dont notre jeune roi dispose. J’insiste sur le terme de “volonté” car le jeu est tout à fait faisable en martelant simplement les touches de base. D’ailleurs, pour les joueurs qui recherchent le challenge et la sueur, il faudra attendre la fin du jeu et le déblocage des combats oniriques pour pouvoir refaire les stages dans un niveau de difficulté supérieur.
Des monstres en veux-tu ? En voilà !
Rares seront donc les game over, mais cela ne veut pas dire que le jeu ne propose aucune technicité, bien au contraire. Chaque monstre dispose de ses résistances et de ses faiblesses; et chaque variante de monstre se verra plus récalcitrant encore. Les squelettes par exemple pareront vos attaques légères mais resteront facile à occire via la touche d’attaque lourde tandis que les maîtres squelettes, teintés de rouge, contreront toutes vos attaques, vous obligeant ainsi à créer une ouverture avec un combo bouclier/attaque lourde. Cette “complexité” perdurera jusqu’au dernier niveau, le jeu introduisant peu à peu de nouveaux monstres bien connus des joueurs de la licence (coucou les Pampas). D’ailleurs, la plupart des monstres laisseront derrière eux des consommables qui pourront restaurer la vie ou la magie du roi Régis.
Fabula Nova Astralis
Car oui, la magie est aussi de la partie par le biais d’une jauge découpée en trois segments. S’activant en pressant simplement une gâchette, les sorts, basés sur les éléments feu, glace et foudre, s’avèrent indispensables lorsque la scène se voit envahie de monstres. Un appui long permet de lancer un sort ravageur quand une pression courte ne fera que chatouiller vos cibles. En plus des sorts classiques, Régis dispose d’une jauge de combo qui permet de faire appel à ses compagnons et de déclencher un assaut fantôme une fois celle-ci remplie. Simple, mais efficace, d’autant que ces attaques fraternelles sont bien mises en scène.
Comme dans tout bon Final Fantasy, vous aurez l’occasion de rencontrer Ramuh, Titan ou encore Léviathan. Les invocations héritent également de la rareté du XV, mais aussi de son gigantisme, car elles n’ont rien perdu durant leur passage à la 2D.
Final Melody
Concernant la BO, c’est Bill Kiley que l’on doit remercier ici. Exit les sonorités épiques et orchestrales de Yoko Shimomura car les musiques qui ambiancent combats et cinématiques sont à l’image de la direction artistique du jeu : un hommage aux perles d’antan. En effet, les mélodies de l’ami Kiley résonnent comme un écho de ces musiques emblématiques ayant bercé notre jeunesse vidéoludique et certains airs rappellent carrément la musique d’introduction de Zelda Minish Cap. Parcourir les plaines de Duscae ou les toits d’Insomnia au rythme de ces quelques musiques est un plaisir qu’il est difficile de bouder, surtout quand on sait que le jeu est offert.
Vous l’aurez compris, A King’s Tale est donc une jolie surprise qui, bien que dispensable, constitue aussi bien un point d’entrée dans l’univers intense de Final Fantasy XV pour ceux qui n’auraient pas encore craqué qu’une occasion d’y replonger pour tous ceux qui auraient déjà bouclé le jeu.
Points forts
- La direction artistique, mignonne et colorée
- la présence des compagnons, élément cher à Final Fantasy XV
- Les combos, complexes mais pas obligatoires
- le système de magie, simplifié mais efficace
- les musiques, un régal nostalgique
- Les invocations, toujours aussi impressionnantes…
Points faibles
- ...mais toujours aussi rares
- la texture des surfaces aquatiques, un peu tâches
- Un poil trop court, on en redemande
D’abord inaccessible pour nous autres européens, A King’s Tale arrive finalement jusqu’à nos consoles, complétant ainsi l’univers cross média de Final Fantasy XV. Si le conte que nous narre Régis s’avère léger au regard de la relative noirceur de l’épisode canonique, il n’en reste pas moins une excellente surprise pour qui aimerait se replonger ou débuter dans cet univers le temps d’une soirée. Artistiquement réussi, accumulant les références au jeu vidéo en 2D et accompagné de jolies mélodies, cette brève incursion, réussie, dans le monde du Beat’em all nous ferait presque oublier le lourd destin qui pèse déjà sur les épaules de notre cher prince.