On l'avait presque oublié mais voilà plus de deux ans que Strategy First a annoncé avoir dans ses cartons un nouveau FlatOut. Il faut dire qu'après la purge FlatOut 3, on doutait de revoir un jour la licence revenir sur le devant de la scène. Et pourtant ! Avec aux commandes deux studios, Kylotonn (WRC 5, WRC 6) et Tiny Rebel Game (Doctor Who : The Legacy, sur mobiles...), on était en droit de se demander ce qu'allait donner le développement. Si le jeu a su pendant quelques heures attiser notre intérêt, il nous a aussi rapidement rappelé pourquoi nous avions préféré oublier FlatOut ou nous cantonner aux bons souvenirs qu'il nous avait laissés, il y a 15 ans.
Soyons honnêtes : en lançant FlatOut 4, nous ne nous attendions à rien. Oh il existait bien un léger espoir puisque Kylotonn n'est pas étranger au milieu du jeu de course. Mais après FlatOut 3, sorti en 2011 avec l'envie manifeste de détruire l'adolescence de nombreux joueurs, notre niveau de confiance était finalement assez bas. C'est sans doute pour cela que le temps de quelques heures, le nouveau FlatOut 4 a su nous berner : faire pire que le précédent opus aurait relevé du plan machiavélique. Mais si le nouveau venu fait mieux que Chaos And Destruction, il n'est malheureusement pas à la hauteur des deux premiers jeux.
De bonnes bases
Pourtant tout n'est pas à jeter dans ce FlatOut 4. Dès le menu principal, il est évident que les développeurs ont cherché à faire plaisir aux fans, avec certes un mode Carrière mais surtout un mode « FlatOut » dans lequel on retrouve toutes les épreuves qui ont fait la popularité de la licence : Cascade, Match à mort, Carnage... Ajoutez à cela une chouette BO, composée de vrais morceaux rock qui sentent bon la poussière et l'huile de vidange : on pourrait y croire. Vraiment.
Et d'ailleurs les premiers instants de course confirme cette première bonne impression. Alors que le premier contact n'est pas évident : FlatOut 4 pique les yeux, mais l'on y reviendra plus tard. À peine le top départ lancé, vous vous retrouvez pris au milieu d'une course complètement folle dans laquelle chaque participant n'hésite pas à envoyer au tas ses opposants. Les taules se froissent, plient, se déchirent, le décor explose dans tous les sens... Bref c'est un véritable carnage. Et cela tombe bien, parce que FlatOut, c'est justement ça : un jeu de course arcade décomplexé, dans lequel tout est possible. On apprécie également la très bonne impression de vitesse et surtout l'accessibilité du titre, qui permettront à tout un chacun de prendre rapidement en mains le titre et de ressentir l'ivresse de la vitesse. D'autant que côté effets sonores, le jeu s'en sort plutôt bien : les moteurs se font entendre et on ne saurait pas étonné d'apprendre que Kylotonn est allé fouiller dans sa propre banque de sons, puisque par moments on n'est pas loin de ce que l'on peut entendre au volant d'un bolide de rallye...
Le mode Carrière propose une succession de championnats qui mélangent courses classiques et les Assauts, dans lesquels il est possible d'utiliser des armes et des pièges (bombes, mines, etc) pour s'imposer au classement. Une diversité plutôt appréciable, qui va de paire avec les circuits. Si les environnements ne font clairement pas dans l'originalité (montagnes enneigées, forêts, canyons américains, zones industrielles...), ils ont au moins le mérite d'apporter une certaine variété. Et surtout ils donnent un excellent prétexte aux développeurs pour multiplier les difficultés : lac de glace, échafaudages branlants, j'en passe et des meilleurs.
En tenant compte de ces nombreux points, on obtient donc un jeu de course méchamment furieux, rigolo et varié. Bref, le divertissement idéal pour décontracter, ou respirer entre quelques longues sessions d'un Zelda Breath of the Wild ou d'un Horizon Zero Dawn, deux exemples choisis tout à fait au hasard bien entendu. Mais ce serait oublier pléthore de défauts qui rendent l'expérience rapidement désagréable.
Chaos et destruction
Et s'il y a un point sur lequel il faut s'arrêter en priorité, c'est bien la question des graphismes, et l'aspect technique du jeu, de manière plus globale. On le sait et on s'y attendait, les développeurs n'ont pas des moyens illimités et en toute logique, cela a un impact sur le jeu. Qu'il ne soit pas vraiment beau, on pourrait passer outre, mais qu'en plus la lisibilité soit parfois plus que limitée... C'en est un autre, et cela engendre beaucoup de confusion. Vous me direz, c'est le propre de la série FlatOut, mais comprenons-nous, ce chaos apparent existait dans un cadre bien défini, compréhensible par tous et donc finalement limité à un certain contexte. Les choses sont différentes ici. Si l'on peut passer sur les textures pauvrettes, l'aliasing, le clipping et les éléments qui clignotent ici et là ont tendance à rendre l'expérience vite désagréable pour les yeux. C'est particulièrement vrai dans les courses en forêt, où l'abondance de végétation met le jeu à genoux. Si l'on ajoute à tout ça un framerate qui a parfois le hoquet, les choses se compliquent grandement.
De fait, le joueur n'est pas vraiment dans les meilleures conditions imaginables pour éviter les différents obstacles qui peuvent se mettre en travers de son chemin. Et des obstacles, il y en aura. Si vous avez déjà joué à un FlatOut, vous savez bien entendu que les décors sont destructibles, et peuvent vite se transformer en pièges pour le joueur. C'est toujours vrai aujourd'hui, mais à l'extrême. De telle sorte que souvent, l'accident est tout simplement inévitable. Troncs d'arbres, barrières, carcasses de voitures, la piste est vite encombrée, et lancé à pleine vitesse, il n'est pas toujours possible de les éviter. Oui, ça agace, surtout lorsque l'on tente de prendre des chemins de traverse, qui en fait n'en sont pas. Une bien mauvaise surprise, qui fait souvent perdre de précieuses secondes.
Roulette russe
D'autant que de leur côté, vos adversaires sont inarrêtables. Ces véritables petits bulldozers à réaction n'hésiteront jamais à vous percuter de plein fouet, et ils auraient tort de s'en priver. En vérité, les collisions sont rarement sinon jamais à votre avantage, un défaut d'une frustration incroyable. Un adversaire vous tamponne le par-choc arrière ? Vous finissez, au mieux, dans le bas-côté. Faites en de même et avec un peu de chance, vous serez juste ralentis. Dans le pire des cas, c'est vous qui sortirez de la route ! Des réactions que l'on ne comprend pas, d'autant qu'en dehors des collisions, le moteur physique du jeu tient la route, et le mode Cascade le prouve. Ce qu'on comprend bien en tout cas, c'est la frustration, sinon l'énervement ressenti devant ce qui apparaît souvent comme une forme d'injustice. Il n'y a rien de plus agaçant que de perdre une course dans la dernière ligne droite, parce qu'un adversaire s'est encastré dans votre portière, vous laissant à moitié mort sur la route, avant de passer la ligne d'arrivée sans encombre.
Conséquence directe ? On en revient souvent à recommencer les mêmes courses avec la sensation que victoire comme défaite tiennent plus de « la faute à pas de chance », ou du petit coup de bol. A petite dose, cela crée un jeu amusant : la série Mario Kart fonctionne sur ce principe depuis ses origines. Mais dans FlatOut 4, c'est tout simplement frustrant, et peu amusant. On finit par éviter tout contact avec l'ennemi, dans un jeu qui joue justement sur ce concept. Dommage, non ?
Les images utilisées dans ce test proviennent de la version Xbox One du jeu
Points forts
- Bonnes sensations de vitesse
- La variété des circuits
- Le mode Cascade
Points faibles
- Contrairement aux shampoing Dop, FlatOut pique un peu les yeux
- Les adversaires qui gagnent à chaque contact
- Les courses au déroulement trop aléatoire
- Le framerate qui tousse par moments
On pourrait pardonner, dans une certaine mesure, les errances techniques de FlatOut 4, qui repose sur de bonnes bases. Certes il n'est pas vraiment beau, mais qu'est-ce qu'il va vite ! Avec ses circuits remplis de raccourcis, de pièges et d'éléments que l'on peut détruire à volonté, le jeu de Kylotonn et Tiny Rebel Games avait de quoi réveiller les fans de la série, traumatisés par FlatOut 3. Manque de pot, il faudra attendre encore un peu. FlatOut 4 souffre de son IA trop imperturbable et du caractère trop aléatoire des courses. À tel point que tout le reste finit par devenir insupportable, y compris l'apparence visuelle du titre, sur lequel on était pourtant prêt à faire un effort. Espérons que les deux studios ne se découragent pas pour autant, puisque la prochaine pourrait être la bonne.