On peut déjà entendre au loin le son de la guitare grommeler votre nom, le Dieu cornu du Metal vous appelle ! Slain: Back from Hell c'est du pixel, de la difficulté et des litres de sang, le tout dans un univers gothique et résolument metal. L'éditeur Digerati et les développeurs de chez Wolf Brew Games ont conçu leur bébé comme un véritable hommage aux jeux de plateforme et hack'n slash des années 80-90. La belle époque du cultissime Castlevania et du sanglant Splatterhouse. Aguichant sur le papier, alors qu'en est-il manette en main ?
Ce test a été réalisé a partir de la version PlayStation 4. Initialement le jeu est sorti sur PC debut 2016 sous le nom de Slain! ; une sortie un peu trop hâtive, le jeu n'était visiblement pas fini a l'époque et comportait encore plusieurs problèmes liés notament à la difficulté, la gestion des checkpoints ou encore l'IA des ennemis. Wolf Brew Games a donc revu sa copie quelques mois plus tard a grands coups de réajustements, d'ajouts et améliorations diverses et variées. Pour finalement renommer la version finale de leur jeuSlain : Back from Hell, lors d'une simple mise a jour sur PC et d'une sortie en dématérialisé sur console. À noter que maintenant le jeu est également disponible en version boîte.
C'est dans l'obscurité d'un caveau qu'un étrange spectre nous réveille d'un long, très long sommeil, avec en cadeau une belle et grosse épée. Nous sommes Bathoryn, et notre objectif est simple: il est de notre devoir de mettre a genoux le seigneur Vroll et sa bande de sbires démoniaques. Un "scénario" tout ce qu'il y a de plus classique, qui se permettra tout de même une drôle de pirouette dans son final. Et nous voilà parti, épée a l'épaule et cheveux dans le vent.
MANA, BASEBALL, PARADE, C'EST LA BASE
C'est ainsi que débute notre voyage dans les Terres de Sang : ciel rougeoyant, vent glacial et créatures cauchemardesques nous accueillent, bercé par les premiers ronronnements metal de la guitare. Tout démarre sous les meilleurs auspices. Durant la première ligne droite, on nous explique les bases du jeu : attaquer en pressant sur carré ou asséner un coup critique en maintenant cette dernière touche, sauter en appuyant sur croix ou encore, comment faire un petit pas en arrière avec L1. Mais surtout, on apprend comment utiliser le pouvoir mana, renvoyer les projectiles ennemis et gérer la parade. Vous avez ici les clés du combat dans Slain : le pouvoir de mana, le renvoi de projectiles et la parade.
Le pouvoir de mana peut être utilisé en simple projectile magique en une pression de R1, et en un tir plus puissant que l'on peut charger en maintenant la touche enfoncée. Mais également, en une énorme explosion de mana. Pour ce faire, il suffit de maintenir la position accroupis+ R1 pour se charger de mana et tout relâcher par la suite. L'explosion de mana est très éfficace pour infliger de lourds dégâts à tous les ennemis dans la zone d'effet, mais cela vide entièrement la jauge de pouvoir. Évidemment, il est possible de la recharger. Pour la remplir entièrement d'un seul coup, il suffit de franchir un checkpoint ou de récupérer un esprit d'ange, une sorte d'item que vous croiserez une ou deux fois durant votre périple. Mais il est également possible d'en rétablir une partie en tuant les ennemis avec un coup critique. Si le pouvoir de mana vous sera très utile et facilitera incontestablement votre périple, il est tout de même possible de s'en passer pour corser encore plus l'aventure. Mais ce n'est certainement pas le cas des deux autres facettes principales du gameplay en combat.
En effet, pour mener a bien votre belle aventure, vous aurez besoin d'apprendre à renvoyer les projectiles ennemis comme un vrai pro du baseball. Pour ce faire, il vous suffira simplement de presser la touche d'attaque au bon moment, juste avant l'impact, pour frapper et retourner le tir vers son expéditeur, lui infligeant ainsi des dégâts. Cela peut également étourdir votre cible, la laissant sans défense un court instant tout juste suffisant pour lui asséner un puissant coup critique. Cela peut paraître extrêmement basique comme approche, et c'est le cas ! Néanmoins, renvoyer les projectiles est vraiment pratique, mais surtout indispensable, certains pièges et ennemis nécessitant cette approche pour être détruits.
Le dernier atout majeur du combat dans Slain réside dans la parade. Bien qu'il soit possible de maintenir une garde défensive continue pour limiter les dégâts reçus pendant un petit laps de temps, appuyer sur la touche de parade juste avant l'impact va vous permettre d'étourdir vos ennemis pour leur placer un joli coup critique dans les gencives et leurs infliger de très lourds dégâts. Inutile sur le menu fretin, la parade sera par contre très efficace sur les plus gros monstres, obligatoire même sur certaines créatures étant donné que ce sera là votre seul et unique moyen de leurs faire mordre la poussière.
Aucun équipement n'est de la partie. Pas de leveling, de compétence, de sort autre que votre simple pouvoir de mana. Tout se présente dans son plus simple appareil et on ne peut, hélas, compter que sur trois armes différentes quise débloqueront au fil de notre épopée. Chacune ayant un élement qui lui est propre : l'acier, le feu et la glace. L'arme équipée change également l'élément de votre pouvoir de mana. Chacun d'eux aura plus ou moins d'efficacité sur vos ennemis. Mais concrètement, cela ne chamboule pas le gameplay qui reste identique en tout point, seul les effets visuels évoluant.Les combats reposent essentiellement sur le timing et il est aisé de prendre ses marques, tant le gameplay est simple et finalement efficace. Il est toutefois plus difficile, non pas à maîtriser, mais simplement à mettre en pratique dans certains cas.
Se battre contre un unique ennemi est une tâche relativement simple tant que l'on arrive à placer ses attaques et parades avec le bon timing. Le problème, c'est que nous ne sommes que très rarement en duel, bien que sur les premiers niveaux, les ennemis arrivent généralement tous de la même direction. On se retrouvera bien vite dans de mauvaises postures où la mort pourra venir de partout ! Devant, derrière et parfois même du ciel en même temps ! Et là, c'est une autre affaire. En effet certains combats mis en scène demanderont une dextérité et une maîtrise de vos ennemis impeccables si vous voulez vous en sortir vivant.
Il n'est pas évident de parer une attaque avec un tempo parfait lorsque l'on est harcelé de tirs magiques et de monstres provenant de tout les côtés, même si les déplacements et les animations de notre personnage sont fluides. À noter que l'on perd de la vie dès que l'on entre en collision avec un ennemi, ce qui provoque un petit sursaut en arrière parfois franchement gênant ; ensuite notre personnage clignote et devient invincible durant un très court laps de temps. À l'ancienne, me direz-vous. C'est vrai, seulement ce n'est pas pratique et on finit parfois acculé dans un coin, faisant face à des ennemis qui ne cessent de marcher vers nous, avec l'impossibilité de passer au-dessus d'eux et aucun moyen de les faire reculer : très souvent, c'est la mort assurée. Il vous faudra être prudent lors de vos affrontements pour ne pas être dépassé sous peine de mourir bêtement. Eh oui, Slain: Back from Hell n'est pas un jeu si facile.
DIE, DIE, DIE AND RETRY!
De la difficulté ? Il y en a. Déjà dans les combats, contre un bestiaire fourni qui lorgne vers le classique avec, entre autres, des guerriers squelettes, des mages lanceurs de sorts, ou encore des spectres de toutes sortes. Mais également dans le moins classique et parfois même dans le bizarre : pêle-mêle, on évoquera ces quadripèdes répugnants qui arborent une étrange queue sur le dos, dont la "tête" projette de l'acide ; des statues d'homme-loup qui invoquent des loups fantômatiques ; ou encore, de curieuses pustules volantes qui tirent des boules d'acide vertes. En somme, un bestiaire au style classique, horrifique et même gore, réussi et varié, chacun des monstres ayant une manière différente d'être abordé.
Ce n'est toutefois pas le cas des boss, qui restent totalement dans le domaine du classique et moyennement inspirés, hormis un ou deux. Bien qu'ils vous enverront manger le sol en quelques coups, ils partagent tous plus ou moins tous le même point faible plutôt facile à trouver et à exploiter. Revers de la médaille dû a ce fameux gameplay cité plus haut ? Ou manque cruel d'ambition et d'inspiration pour proposer des approches différentes sans altérer le gameplay ? En cela, chacun jugera. Malgré tout, la surprise n'est présente que lors des premiers affrontements, et la difficulté n'est pas bien présente durant les combats de boss. Dommage !
Si vous ne trouvez pas forcément la mort en battant les différents boss, ne vous inquiétez pas : vous allez bien trépasser de nombreuses fois ! Tout bon jeu de plate-forme qui se respecte a ses pièges, et Slain en regorge. Pieux, murs écrasants, jets de flammes ou d'acide, boulets enchaînés, trous menant au vide… rien ne nous est épargné, et tout cet attirail vous tuera d'un coup net au moindre contact. Sur le papier en tout cas ; car dans les faits, il ne suffira que de sauter au-dessus, d'autant qu'on est rarement mis sous pression lors de ces phases. On a donc tout notre temps et la notion d'empressement ou d'agilité lors des sauts est ici inexistante, la faute à un level design un brin paresseux. On y reviendra.
Toutefois, il y a des pièges bien vicelards qui sont entièrement camouflés. Il est même impossible de savoir que cela en est un sans mourir une fois dessus. La plupart ont une logique ; après tout un piège mortel est fait pour surprendre. Mais d'autres n'en n'ont pas : certains "pièges" sont placés n'importe comment, sans aucune logique. Prenons l'exemple des fontaines de sang qui ressemblent ni plus ni moins a des décors d'arrière plan inoffensifs, d'autant qu'il nous sera possible d'en traverser des semblables. Ce n'est pas sans rappeler ces vieux jeux de plate-forme dont certains éléments de l'écran nous tuaient sans raison ni logique. Slain n'avait absolument pas besoin de ces faux pièges, qui ajoutent simplement des morts frustrantes, pour être difficile. Avec tout ça, c'est sûr, les mécaniques type "die & retry" sont bien présentes. Le jeu ne pardonne pas, et les erreurs d'inattention se terminent généralement en mort rapide.
ENTRE METAL ET BANAL
Pour parer à cette difficulté, vous pourrez compter sur des checkpoints, qui sont d'ailleurs plutôt bien placé. En plus de valider la progression durant votre voyage, Ils redonnent vie et mana au grand complet. Et on va en voir du pays ! On traversera par exemple des terres ensanglantées et battues par une pluie de sang, des égouts mal famés qui baignent dans de l'acide vert fluo, ou encore un temple glacé niché dans les sommets. Chaque environnement possède sa propre ambiance, sa propre palette de couleurs et son propre style. Le travail sur les différentes ambiances est parfaitement maîtrisé, et certains niveaux sont une franche réussite. Deux exemples sortent du lot, La Forêt des Loups – dont nous reparlerons plus tard – et la Tour du Massif. Cette dernière jouit d'une ambiance visuelle et sonore particulièrement angoissante. Des hurlements glaçants traversent la tour tamisée dans une obscurité bleutée où rôdent des spectres un brin flippants.
Qu'on se le dise tout net, le pixel art fait clairement fait le boulot, c'est un régal. Ça fourmille de détails, c'est vivant, animé et extrêmement fluide sur tout les plans. Que l'on soit égaré dans une brume opressante, sous des amas de chair suintante ou dans un marais verdâtre, tout est parfaitement rendu. Les arrière-plans sont eux aussi de très bonne facture et ont profité d'un joli travail. Ils évoluent au fil de vos déplacements, faisant office de transition entre les différents environnements au sein d'un même niveau. Avec son esthétique largement inspirée des cultures classique, gothique, gore et metal, Slain : Back from Hell] est graphiquement réussi sur tous les points.
En revanche, le level design lui est bien trop banal. En effet, les niveaux sont très plats. De belles lignes droites, pas franchement inspirées, où une succession de pièges et ennemis se suit sans grande surprise avec parfois une sensation de bourrage intensif, ce qui tranche radicalement avec la qualité de l'univers. Mais tout n'est pas noir sur le tableau ! On peut compter sur quelques mises en scène de combats çà et là pour casser un peu ce rythme quelque peu monotone. La Forêt des Loups est un bel exemple de réussite, avec son challenge un peu plus relevé, ses phases de gameplay changeantes et ses combats assez ardus. Par contre, si vous aimez explorer pour collecter items et secrets, à l'instar d'un Castlevania, il faudra vous contenter de trouver les 5 morceaux (pas franchement cachés) d'un talisman tout à fait dispensable, bien qu'il puisse être utile lors du grand final. Aucun autre item à collecter n'est de la partie, hormis deux pour se soigner, qui sont offerts par la maison directement sur votre chemin. On ne dénombre pas la moindre collecte d'item, de secret ou autre. L'exploration est donc absente, fatalement la rejouabilité l'est de fait aussi, d'autant qu'il n'y a pas de système de scoring non plus.
Ce sera donc un billet en aller simple pour Slain : Back from Hell. Durant six heures de balade sanglante, nous sommes porté par une OST de qualité et 100% metal, chapeautée par Curt Victor Bryant, un ancien musicien du groupe Celtic Frost (dont on vous invite a écouter quelques morceaux si vous êtes amateur du genre). Même si la bande son est parfois répétitive, un brin trop discrète ou trop convenue pour ce que l'on est en droit d'attendre d'un bon morceau de metal, il est difficile de la bouder tant elle habille parfaitement l'univers proposé. La musique sera également bien plus puissante durant certains combats, les rendant tout de suite bien plus intense et brutaux, mais également quelques secondes lors des hommages au Dieu Cornu du Metal que le jeu vous proposera après chaque boss vaincu.
Bande-annonce de Slain: Back from Hell
Points forts
- Détaillé, animé, vivant… en bref, très beau
- Difficile, juste ce qu'il faut
- Gameplay simple et efficace
- Va direct à l'essentiel
- Ambiance résolument metal !
Points faibles
- Level design un peu banal
- Boss pas foufous
- Rejouabilité inexistante (pas d'exploration, de secrets ou de scoring)
- Les fontaines de sang, une mauvaise idée
Slain : Back from Hell est un jeu de plate-forme old-school, sauce 90s, à l'ambiance particulièrement inspirée et soignée. C'est bien pour ces qualités qu'on aurait aimé pouvoir aller plus loin dans cet univers dont l'influence metal détonne ! En effet, son gameplay, simple de prise en main, constitue à la fois une force et une faiblesse. À vouloir faire trop classique, le jeu perd de sa saveur faute de renouvellement, et offre bien trop peu de rejouabilité. En outre, la simplicité du level design n'aide pas à casser la monotonie de la ligne droite. Néanmoins, on ne peut pas ignorer que le tout reste vraiment beau, fun et corsé. Slain demeure une bonne expérience qu'il serait tout de même dommage de bouder tant que l'on aime l'ambiance du titre. Wolf Brew Games, globalement, a réussi son pari en nous livrant ici un bel hommage au Dieu Cornu.