À l’opposé des grands studios tombant parfois dans le radotage, nous retrouvons une scène plus modeste qui fourmille de bons éléments et d’idées innovantes. Les développeurs indépendants ne cessent de proposer des concepts aussi inédits qu’intéressants, mais nombre d’entre eux terminent leur vie en tant que simple prototype faute de moyens. Une équipe chapeautée par Piotr Iwanicki a eu en revanche un peu plus de chance en parvenant à séduire les joueurs avec Superhot, une idée développée en Game Jam. Un greenlight, un Kickstarter et deux années de travail plus tard, la version définitive de ce titre est disponible, l’occasion pour nous de découvrir comment Iwanicki a réussi à faire évoluer son bébé.
Une idée particulièrement intéressante et bien exploitée
Entrons directement dans le vif du sujet, Superhot mélange FPS et réflexion en ne faisant évoluer le cours de l’action que lorsque vous vous déplacez ou tirez. Vous avez ainsi tout votre temps pour observer la scène qui vous entoure et réfléchir avant d’agir, un comportement indispensable pour éviter d’essuyer la balle fatale et venir à bout des 34 niveaux qui composent l’aventure.
Ceux-ci sont habillés d’une esthétique très minimaliste, tout comme leur architecture qui se cantonne aux classiques des FPS que l'on peut définir en un mot (marché, métro, pont). Vous vous retrouvez plongé dans des environnements tout de blanc vêtus et hantés par des humanoïdes rouge écarlate qui viendront à vous pour tenter de vous abattre. Votre objectif sera donc de riposter avec des armes placées ici et là afin de venir à bout de l’ensemble de vos opposants. Le concept est simple, mais le gameplay est suffisamment bien calibré pour rendre l’action jouissive. Car oui, ne vous méprenez pas, même si le fait de calculer ses tirs pourrait laisser penser qu’il s’agit d’un jeu de réflexion, la réalité est que les développeurs ont davantage opté pour les coups de feu plus que pour les énigmes.
Cela a pour avantage d’offrir un gameplay haletant, on enchaîne les niveaux, pris dans l’ambiance frénétique du jeu. Malheureusement, le titre étant assez court, on a rapidement fait le tour des mécaniques qui ne sont finalement pas très nombreuses. Pistolet, fusil à pompe, mitraillette, Katana et lancers d’objets suffiront à venir à bout de toutes vos confrontations et même si une fonctionnalité intéressante fait son apparition au milieu de l’aventure, le concept aurait clairement pu être poussé un peu plus loin. Nous avons donc affaire à un gameplay assez limité, mais parfaitement huilé qui vous poussera à parcourir le jeu d’une traite, pris dans le feu de cette action menée tambour battant.
Les ajouts de la version VR
Superhot en VR, ça pourrait être super, non ? Cette idée à certainement traversé la tête de bon nombre de joueurs et pour cause, cette sorte de simulateur de combats à la Matrix offrirait des sensations incroyables en réalité virtuelle. Heureusement, vous n’êtes pas les seuls à y avoir pensé puisque la fin du titre nous laissait comprendre que les développeurs eux-mêmes s’intéressaient à cette technologie de près. Un peu moins d’un an plus tard, nous y voilà, la version VR de Superhot est disponible sur le store Oculus, avec une exclusivité pour le Rift donc.
Composé d’une vingtaine de niveaux, Superhot VR vous propose de refaire un tour dans son univers tout de blanc vêtu et infesté d’humanoïdes rouges bien décidés à vous faire la peau. Contrairement à la version originale, vous ne pouvez vous déplacer que dans un rayon d’un mètre carré. Mais n’allez pas croire que cela freine le rythme, au contraire ! Chaque niveau contient environ cinq petites scénettes frénétiques voyant débouler plusieurs ennemis vers vous avec à vos pieds de quoi vous défendre. Pistolet, mitrailleuses, fusil à pompe, bouteilles, shurikens, l’arsenal n’est pas beaucoup plus varié que par le passé, mais le manier du bout de ses mains change complètement la donne.
Au niveau des sensations, c’est du tout bon ! Cette adaptation apporte tout ce que l’on pouvait attendre d’un Superhot en VR. Les balles fusent tandis que nous nous contorsionnons dans tous les sens pour les éviter, les ennemis explosent à la réception d’un couteau en pleine tête et l’on se surprend même à ramper derrière un balcon pour aller chercher un fusil tombé un peu trop loin. Nous noterons tout de même un petit souci de précision au niveau du lancer d'objets, même si le prise en main finit par se faire au fur et à mesure.
Comme dans un film de John Woo, c’est une sorte de ballet sanglant qui se met en place au fil des heures. La difficulté augmentant, certaines phases devront être presque apprises par cœur puisqu’il est nécessaire de recommencer l’ensemble des scénettes de chaque niveau en cas de mort. Au niveau du gameplay, c’est un peu le seul regret que nous avons, il aurait été bien pratique d’avoir un checkpoint au milieu de certains stages, tant recommencer la toute première phase une vingtaine de fois peut s’avérer pénible et physique.
Car oui, Superhot vous demandera d’effectuer de réels efforts physiques. Les esquives de balles, les accroupissements et autres cabrioles finiront par vous mettre en sueur. Côté nausée, rien n’est à signaler, même après deux heures de jeu non-stop. C'est donc une adaptation particulièrement réussie qui s'offre à nous, la Superhot Team et Oculus rendent une bien belle copie.
Points forts
- Une idée de gameplay réellement innovante
- Du fun immédiat
- Une direction artistique réussie
- Des sensations incroyables
- Le level design au poil
Points faibles
- Le lancer d'objet manque un peu de précision
- Des checkpoints au sein des niveaux n'auraient pas été de trop
Cette version VR est très clairement l’aboutissement d’une idée qui avait déjà un énorme potentiel. Même si le titre perd un peu de son côté réflexion en raison de l’impossibilité de se déplacer librement, l’immersion apportée par le Rift offre une toute nouvelle dimension au gameplay intelligent de Superhot. Les mécaniques sont très bien huilées, le Level Design sert parfaitement l’utilisation des Oculus Touch, les sensations sont au rendez-vous. Bref, cette adaptation en réalité virtuelle est une grande réussite et représente certainement l'un des titres les plus intéressants du casque de Palmer Luckey.