Depuis que les jeux vidéo existent, nombreux sont les développeurs à avoir tenté d'intégrer les grands classiques que sont les Scrabble, les Trivial Pursuit et autres Monopoly au format numérique. Dans la plupart des cas, ces titres n'ont pas donné satisfaction et on a longtemps pensé, au grand dam des amateurs de RISK ou de Cluedo, que les deux univers devaient garder leur distance. Pourtant, avec Werewolves Within, ce point de vue pourrait bien changer. Profitant de l'arrivée de la réalité virtuelle dans les foyers, le jeu d'Ubisoft et Red Storm (spécialisé dans les productions Tom Clancy's) apporte un nouveau regard sur les jeux de plateau. Drôle, bien réalisé et accessible, il pourrait bien s'agir d'une surprise que personne n'attendait.
Pour les habitués du genre, Werewolves Within n'aura rien d'un inconnu. Il est en effet basé sur les Loups-Garous de Thiercelieux, un grand classique, lui-même inspiré par Werewolf (aussi connu sous le nom de Mafia ou encore Polar Bear), un jeu de plateau de 1986. L'histoire se déroule dans le village de Gallowstone, des loups-garous se sont infiltrés dans la population et les attaques se multiplient. Pour éradiquer cette menace, les habitants ont décidé de se réunir pour voter et éliminer les loups-garous. Mais pour y parvenir, il va falloir détecter le vrai du faux, cibler les bons individus et mettre un terme à leurs agissements. Jeu de déduction et de persuasion, Werewolves Within est un jeu hilarant et très addictif !
LES MENTEURS DE LA TABLE RONDE
Avant toute chose, il est important de savoir que ce titre se pratique uniquement en ligne et en multijoueur. Aussi, en fonction du jour et de l'heure, les parties peuvent être plus ou moins longues à lancer. Heureusement, les développeurs ont eu la bonne idée d'intégrer une option cross-plateformes, permettant ainsi aux joueurs PS VR de défier les détenteurs de l'Oculus ou encore du HTC Vive. C'est futé et on espère que cette tendance s'intensifiera dans les mois à venir. Avant chaque partie, les joueurs peuvent ainsi discuter tranquillement en attendant les autres participants ou encore paramétrer leur grimoire. Celui-ci, visualisable via la touche Triangle, donne accès aux différentes caractéristiques de votre personnage. Sélection des emotes (autrement dit les réactions de l'avatar), description des multiples rôles, conditions de victoire, liste d'amis... rien n'est oublié !
Dès que la partie se lance, les joueurs se retrouvent autour d'une table en bois ou encore d'un feu de camp. Chaque session se déroule de 5 à 8 joueurs et le but consiste à repérer le ou les loups-garous présents dans l'assemblée. À chacun des avatars, incarnés par les joueurs, est accordé un rôle (autrement dit une classe). L'un des participants (ou plus selon les parties) devient un loup-garou et il doit tout faire pour détourner l'attention des autres joueurs de sa personne. Il a aussi le don de renifler le rôle des autres joueurs en se penchant vers eux. Le traître, quant à lui, aura pour action de protéger le ou les loups-garous, et devra user de tous les stratagèmes pour dénoncer les autres participants. Plus loin, on retrouve le pisteur et sa capacité à écouter les loups-garous, le limier et son aptitude à détecter les rôles des personnes à ses côtés ou encore l'astrologue qui peut obtenir un indice en regardant les étoiles. Il y a aussi l'illuminé, capable de définir deux rôles absents dans la partie ainsi que la Commère, qui a accès à deux informations, l'une vraie, l'autre fausse. Pour terminer, l'observateur peut détecter deux classes (l'une exacte, l'autre non) sur une personne choisie. Tous ces indices servent à informer les autres joueurs du possible rôle de chacun. À cela s'ajoute deux classes d'importance et qui doivent rester secrètes : l'Élu, capable de prier pour découvrir l'identité d'un loup-garou et le Déviant qui doit éveiller les soupçons sur sa personne pour se faire éliminer. Cette richesse participe aux parties hilarantes auxquelles on prend part. Et pour cause, tous les participants tentent de prêcher le vrai du faux et cela donne lieu à des discussions cocasses, drôles et remplies de mauvaise foi.
LA VR AU SERVICE DE LA CONVIVIALITÉ
Werewolves Within est une ode à la convivialité. Tout n'est que mensonge, chuchotement, mauvaise piste et persuasion ! L'intérêt des parties gravitent autour des échanges entre les joueurs et les développeurs n'ont pas manqué d'ingéniosité pour dynamiser les parties. Par exemple, il est possible de se pencher vers son voisin pour engager une discussion secrète. Pendant ce temps, les autres joueurs voient que vous papotez en sourdine mais seuls des chuchotements se font entendre. De son côté, l'Élu a la capacité de repérer un loup-garou mais pour cela, il doit se pencher en regardant vers le sol pendant un petit moment. Cette faculté peut s'avérer aussi pratique que dangereuse. La discrétion est de mise ! Parmi les autres interactivités, on note la possibilité de se lever pour parler à toute l'assemblée (soit physiquement, soit à la manette) ou encore de se faire des signes amusants. En réalité, chaque partie est différente de la précédente car les rôles sont donnés aléatoirement et les discussions évoluent sans arrêt. Il est d'ailleurs amusant, après quelques parties, de détecter les forces et faiblesses de chacun.
Tromper les autres joueurs, les amener sur de mauvaises pistes, indiquer un rôle qui n'est pas le sien, donner une information erronée, prétendre un bug de micro, faire croire que l'on débute... tous les moyens sont imaginables ! À la fin du temps imparti, les villageois (qui peuvent nommer un meneur ou non) et les autres participants doivent voter pour un joueur et attendre que la vérité éclate. Le concept ne bouge jamais et les personnages restent assez statiques mais le jeu est si bien réalisé qu'on plonge totalement dans l'ambiance. Les graphismes à la Fable, médiévaux et colorés, donnent un cachet unique aux parties. Les protagonistes, quant à eux, sont si clichés (et c'est voulu) que cela donne lieu à des dialogues à mourir de rire, parfois scabreux mais qui participent à l'immersion. Avec le casque du PlayStation VR, on a véritablement l'impression d'être assis avec une bande de potes, d'autant que la communauté est très cool et aide les nouveaux arrivants. Au final, les parties s'enchaînent et le jeu peut vite devenir un passage quotidien obligatoire. Les parties sont courtes (à l'inverse du jeu original, les joutes se déroulent en une seule nuit), on y revient avec plaisir et c'est un signe qui ne trompe pas. Maintenant, il est vrai qu'il faut parfois du temps pour pouvoir lancer une partie (sauf en soirée) et que le prix (une trentaine d'euros) puisse paraître élevé pour certains. Mais on pardonne ces quelques défauts tant l'expérience sociale est géniale.
Points forts
- La meilleure expérience sociale sur VR
- L'ambiance à la Fable
- Un jeu à mourir de rire
- La tronche des personnages
- Les différents rôles
Points faibles
- Le côté un peu ingrat de certains rôles
- Le jeu de plateau autorise plus d'interactions
- Bugs de micro pouvant faire croire à un ragequit
- Le prix paraît un tantinet élevé
Sans crier gare, Werewolves Within vient mettre un grand coup de savate à la ludothèque du PlayStation VR. En choisissant d'opter pour l'adaptation d'un jeu de plateau, le studio Red Storm a eu le nez fin. Le casque de Sony, allié au concept de ce grand classique, offre des moments de franche rigolade, où les coups bas et les mensonges se multiplient. Certains joueurs sont tellement doués (en alliant la parole et les gestes des personnages) qu'on a parfois l'impression d'assister à un véritable one-man show. Sur PS VR, on a eu du shoot, de la course, de l'exploration, de l'aventure et le jeu d'Ubisoft vient ouvrir de nouvelles perspectives très intéressantes pour l'avenir. Werewolves Within est une très agréable surprise et il n'y a plus qu'à espérer que sa communauté grandisse rapidement et que le jeu, pourquoi pas, se densifie dans les mois à venir.