En 2007, Activision et Infinity Ward bouleversaient le monde du FPS en sortant ce qui peut-être encore le dernier grand titre d'un genre qui depuis peine à se renouveler. Call of Duty 4 : Modern Warfare a largement modifié le paysage à l'époque et après sa sortie, de nombreux jeux s'en sont inspirés, pour le meilleur comme pour le pire. À l'heure où la série subit les foudres d'une partie de sa fanbase, Activision s'est dit qu'il serait bon de rappeler à tous les joueurs pourquoi Call of Duty règne encore sur la scène FPS, en délivrant une très attendue remasterisation de CoD 4. Un exercice périlleux, car le public n'est pas tendre lorsque l'on touche aux grands classiques... Mais bonne nouvelle, Raven Software a fait de l'excellent travail.
En 2007, lorsque Modern Warfare arrive dans le commerce, c'est un véritable choc. Call of Duty prend le parti de s'écarter de la Seconde Guerre Mondiale, et s'installe dans le monde moderne. Les guerres du gouvernement Bush déteignent sur les créations artistiques et les jeux vidéo n'y coupent pas. Modern Warfare, comme à son habitude, va donc diviser sa campagne en deux tronçons, le premier se déroulant en Russie et au Kazakhstan, l'autre dans un pays qui n'est jamais clairement identifié mais qui pourrait parfaitement être l'Irak. Un véritable changement pour la série qui jusque là était plutôt habituée à nous faire revivre les grandes batailles de la Seconde Guerre Mondiale, en Europe comme dans le Pacifique. Avec le talent d'Infinity Ward et la propension de la série à multiplier les scènes archi-scriptées mais d'une intensité folle, Call of Duty a, cette année-là, atteint des sommets. Et si aujourd'hui certains n'hésitent pas à tacler un peu gratuitement la série, tous reconnaissent les qualités indéniables de ce quatrième épisode. Autant dire que ce remaster était attendu au tournant.
Une campagne qui n'a pas pris une ride...
C'est donc avec un certain plaisir que l'on retrouve le capitaine Price et son cigare, pour la première mission du Sergent McTavish. Passé le tutoriel dans les quartiers du SAS, on attérit donc ce bateau pris dans la tempête, et que dire sinon que le travail des graphistes de Raven Software est de qualité. En 2007, Modern Warfare n'était pas particulièrement beau. Aujourd'hui, il a plutôt fière allure, avec des textures qui nous rappellent que l'on est bien en 2016. Les personnages, notamment, sont franchement réussis (animations mises à part) et l'on constate rapidement que l'équipe artistique en a profité pour enrichir de détails les différents niveaux que l'on traverse. Ce sont pourtant de petits détails, mais qui tous additionnés apportent une véritable touche de fraîcheur au jeu.
Plus beau ? Oui, clairement, a fortiori si on le compare au jeu original. Pour autant, on ne peut s'empêcher de penser que les équipes auraient pu faire mieux. Une réflexion qui revient souvent et notamment lorsque l'on joue les missions du Sergent Jackson, au Proche Orient. La distance d'affichage est souvent assez moyenne et les décors sont régulièrement nimbés dans un brouillard qui délave des niveaux qui devraient être chargés de couleurs chaudes et de lumière. Ces dernières années, les remasters se sont enchaînés et clairement, le polish de Raven Software n'est pas au niveau de celui appliqué à Resident Evil 0, Halo 2, la trilogie PS3 Uncharted, God of War III ou encore Gears of War, des titres qui pour certains sont plus vieux encore que Call of Duty 4.
Cela étant, impossible de bouder son plaisir puisque la campagne se vit, comme en 2007, à fond les ballons. Toujours aussi bien équilibrée, savamment rythmée, on se surprend presque dix ans plus tard à voir avec quel talent les équipes d'Infinity Ward avaient représenté la guerre à l'écran. Certes, le jeu use et abuse de scripts tous plus grandiloquents les uns que les autres et laisse finalement assez peu de liberté au joueur, mais il ne l'étouffe jamais avec un level-design trop rectiligne. Et en 2016, cela fonctionne toujours aussi bien, notamment parce que le jeu enchaine avec aisance les missions et les objectifs différents, et sait distiller intelligemment les retournements de situation. Bref, difficile de ne pas prendre de plaisir en découvrant ou en redécouvrant cette campagne.
… mais dont l'âge commence à se faire sentir
Malheureusement, tout n'est pas parfait. Raven a pris le parti de toucher aussi peu que possible le noyau même du jeu et cela se ressent par instants. Difficile de ne pas pester contre l'IA, qui déjà à l'époque prêtait à sourire. En 2016, elle donne carrément à pleurer ! Chez les alliés, le pathfinding est inexistant et la plupart du temps, ils suivent un chemin prédéterminé, ce qui les conduit régulièrement à pousser le joueur s'il se trouve sur leur chemin, et éventuellement à l'exposer aux tirs ennemis... Tandis que chez ces derniers, on dénombre de nombreux comportements suicidaires qui, on est prêt à le parier, ne font pas partie de ce que l'on apprend habituellement à l'école militaire. Ces soucis concernant les ennemis auraient sans doute demandé une quantité de travail sans doute intenable pour Raven Software, mais il est toutefois dommage que par moments, le caractère hyper scripté du titre nuise au plaisir de jeu. On aurait donc aimé que les développeurs détachent les alliés de leurs rails et les dotent d'une véritable IA, même peu élaborée.
Un multijoueur enrichi
Côté multijoueur, le constat est finalement assez similaire. Le jeu a évolué dans la bonne direction, en proposant un framerate stable à 60 images par seconde sur console, et un matchmaking qui, lors de notre test, fonctionne à la perfection. Le jeu est livré à sa sortie avec 10 cartes et l'intégralité des modes de jeux disponibles il y a 9 ans, plus Élimination Confirmée qui avait été introduite par Modern Warfare 3. On retrouve donc avec plaisir les parties de Search and Destroy sur Crossfire, ou le chacun pour soi sur Bog. Notez au passage que les joueurs ont vite retrouvé leurs habitudes et l'on trouve déjà bon nombre de campeurs ici et là. Il va donc falloir dans un premier temps subir leurs affronts répétés puisque, comme à l'époque et en fait dans n'importe quel autre Call of Duty, vous allez devoir jouer plusieurs parties avant de débloquer la création de classes et les armes et équipements les plus intéressants. Difficile d'exister sans un bon fusil mitrailleur et un viseur point rouge, dans ce monde de brutes ! On touche là d'ailleurs l'une des caractéristiques générales de la série, et un problème pour de nombreux joueurs : le jeu avantage les joueurs ayant passé le plus de temps sur le titre, et à talent égal, cela fait trop souvent la différence.
Le système de leveling n'a pas évolué et les nostalgiques retrouveront avec plaisir un choix d'armes, d'accessoires et de perks assez limité. Sobriété, efficacité ? Certains regretteront sans doute que Raven Software n'en ait pas profité pour revoir un peu les menus et le contenu qui nous rappellent que Call of Duty 4 est sorti il y a presque 10 ans, et l'on est loin du contenu pléthorique d'Infinite Warfare, dernier épisode en date.
Là où Modern Warfare Remastered fait plaisir, c'est qu'il nous rappelle à quel point un FPS n'a pas besoin de super sauts et wallrun pour être divertissant. Dans un genre complètement différent, Call of Duty 4 oblige les joueurs à prendre en considération chaque mur, chaque maison, qui sont autant des obstacles que de potentiels nids à ennemis. Avec ses cartes remplis de cachettes et d'obstacles, le jeu demande autant de réflexes qu'une certaine science du placement et des déplacements. C'est particulièrement excitant lorsque l'on joue avec des amis, où la faculté de chacun à jouer en suivant un plan collectif est déterminant lorsqu'il s'agit de gagner. Ce remaster nous rappelle pourquoi en son temps, Modern Warfare avait fédéré autant de joueurs. Accessible et ouvertement grand public, le jeu possède néanmoins ce qu'il faut de technique pour aguicher les gros adeptes de FPS, et en 2016, cela fonctionne toujours aussi bien.
Enfin presque. Car hélas, ce multijoueur n'est pas exempt de tout défaut. Si les équipes de Raven Software en ont profité pour moderniser la bande-son et améliorer les sons émis par les différentes pétoires du jeu, il aurait été judicieux d'apporter la même attention aux contrôles et aux déplacements. Depuis CoD 4, la série a évolué et a su s'améliorer sur différents points et l'on ne peut que constater une certaine raideur dans les déplacements, que l'on oublie finalement assez vite. En outre, si le jeu assure sans forcer les 60 images par secondes, c'est au prix d'une apparence visuelle plus pauvre qu'en campagne. Dommage, car c'est probablement ici que les joueurs vont passer le plus de temps.
Call of Duty : Modern Warfare Remastered s'offre un trailer de sortie
Points forts
- Un remaster respectueux et soigné
- Une campagne toujours aussi plaisante
- Un multijoueur indémodable
- Un matchmaking hyper réactif
- L'ajout du mode Élimination Confirmée
Points faibles
- L'évolution graphique est certes notable, mais en dessous de ce que l'on pouvait attendre
- L'IA datée...
- ... et le comportement trop scripté des alliés
Quel plaisir de retrouver Modern Warfare ! La campagne était hyper efficace en 2007 et elle l'est toujours autant neuf années plus tard. On apprécie également de pouvoir retrouver un multijoueur moins bondissant, plus classique, mais sans doute plus exigeant. Si certains joueurs craignaient que Ravent Software dénature le travail d'Infinity Ward, il n'en est rien : ce remaster est un bel hommage à ce FPS historique, qui avait séduit tant de joueurs. Néanmoins, certains défauts et l'évolution graphique réelle mais fragile par rapport aux cadors du genre (Gears of War Ultimate Edition, God of War III, etc) remettent en question l'intérêt de ce remaster, surtout pour les joueurs PC bénéficiant déjà de mods graphiques évolués, ou les possesseurs de Xbox One et de sa fonction rétro-compatibilité, qui leur permet de jouer aux jeux originaux. Dans tous les cas, nous avons ici un remaster solide qui fera le bonheur de nombreux joueurs.