2016 est une année particulièrement savoureuse pour les amoureux de jeux de combat : il en pleut à verse. Street Fighter V, Guilty Gears Xrd Revelator... et maintenant ce King of Fighters XIV, que beaucoup avaient mal jugé, avant même de lui donner sa chance. C'était sans compter le talent de SNK et plus particulièrement celui de Yasuyuki Oda, le producer du titre. Le roi des combattants est de retour !
Aperçu pour la première fois lors du Tokyo Games Show 2015, pendant la conférence PlayStation, The King of Fighters XIV avait surpris. Doublement. D'abord parce que l'on ne l'attendait pas vraiment : KoF XIII était sorti il y a plus de 5 ans et SNK connaissait alors des moments compliqués. Ensuite parce que la série semblait bien décidée à passer à la troisième dimension. Ce qui n'était pas une première pour la série. En 2004, SNK tentait le coup avec The King of Fighters Maximum Impact, un jeu développé par Noise Factory ; considéré par la plupart des joueurs comme un spin-off raté, Maximum Impact n'a pas marqué les consciences et beaucoup jugeront que KoF XIV est le premier King of Fighters 3D. Un virage amorcé tant bien que mal, mais le résultat est là, sur nos PlayStation 4, et autant vous le dire tout de suite, c'est plutôt réussi.
« Life in plastic, it's fantastic »
Autant se débarrasser tout de suite d'un sujet qui, on le sent, vous taraude. KoF XIV est-il vraiment si laid qu'on le dit ? Ah la rumeur, sale, aveugle et tellement collante... D'où viennent-elles d'ailleurs ? Eh bien tout droit du TGS 2015, et de cette fameuse première présentation officielle. Une seule bande-annonce et les moqueries se sont abattues, sans pitié aucune. Il faut dire que le trailer en question mettait en scène des personnages incroyablement lisses, qui semblaient sortir tout droit d'un Tekken des années 90. Techniquement, c'était vilain, mais la direction artistique ne faisait pas vraiment mieux, et donnait au jeu un air de titre free-to-play de contre-façon...
Nous sommes désormais en août 2016 et les choses vont mieux. Enfin, un peu. Si les personnages donnent toujours l'impression d'être fait de plastique, les costumes sont plus fouillés, et les arènes ont gagné en détail. KoF XIV n'est donc pas d'une laideur repoussante, mais il est vrai que l'on a connu des jeux de combat plus avenants, de ce point de vue là. Le passage à la 3D a été difficile pour certains personnages, tandis que d'autres sont plutôt réussis, notamment chez les nouveaux venus. Ce qui est finalement assez logique. Mais comme le veut le proverbe, l'habit ne fait pas le moine. Et là, on aurait même plutôt affaire à un pape.
Jean-Pierre KoF
Quelques minutes de jeu suffiront à nous faire oublier la particularité visuelle de ce nouveau King of Fighters. Pour ceux qui l'auraient oublié, ce nouvel épisode est réalisé par Yasuyuki Oda, un grand monsieur du VS fighting, qui a travaillé tant sur les premiers Fatal Fury et les Art of Fighting (en tant que membre de la Division 1 de la R&D de SNK), et à qui l'on doit également les combats de Street Fighter IV. Eh oui, le monsieur a vu du pays et de retour chez SNK, il s'est vu attribuer ce nouveau projet, ce dont on sait gré à SNK.
Avec ce passage à la 3D, SNK n'a pas cherché à déboussoler les habitués. On retrouve la possibilité d'effectuer des roulades efficaces pour se déplacer plus rapidement ou éviter des attaques ; les trois types de saut, allant du petit hop au grand saut, sont toujours là ; et il est toujours question de s'affronter dans des combats à trois contre trois. Néanmoins, on sent rapidement chez ce KoF XIV la volonté d'attirer un nouveau genre de joueurs, ou en tout cas un public qui jusqu'à présent aurait pu être rebuté par le caractère un rien élitiste de la série. On découvre très vite le Rush Mode, qui permet d'effectuer très simplement un enchaînement de coups, en tapotant le bouton Carré. Du pain bénit pour les débutants qui en feront, dans un premier temps, leur arme de choix pour contre-attaquer. Dans le même genre, le Guard Cancel Blowback permet de contrer une attaque lorsque le combattant est en position de garde. Une manœuvre assez facile à exécuter et qu'il est parfois difficile de voir venir.
Néanmoins, que les amateurs de VS Fighting se rassurent, The King of Fighters ne s'est pas « casualisé » pour autant. Si le Rush Mode détonne un peu, les joueurs les plus confirmés le mettront vite de côté au profit de combos plus puissants, d'autant qu'il est extrêmement facile de le punir. En effet, pour le déclencher, il faut se trouver très proche de son adversaire, ce qui aura tendance à alerter le joueur averti... et même pourquoi pas de répliquer avec le Guard Cancel Blowback mentionné précédemment, ou n'importe quelle chope si l'on est plus rapide. À haut niveau, savoir lire le jeu de son adversaire sera primordial et KoF XIV propose de toute manière de nombreuses clés pour désamorcer bien des situations. Avec la possibilité de varier ses coups grâce au Max Mode, mais également avec des cancels en tout genre (Super Cancels, Advanced Cancels, Climax Cancels), le joueur est en mesure de développer un mind game très poussé qui sera mis en valeur par le dynamisme de KoF XIV, beaucoup moins statique qu'un Street Fighter V. Le plus difficile étant ensuite de maîtriser tous les match-up du jeu. Et là, ce sera une autre paire de manches.
Combattez-les tous
Avec 50 personnages jouables, il semblerait que KoF XIV soit désireux d'embarrasser la concurrence. Le roster est des plus complets, avec le retour d'anciennes gloires (Kyo, Benimaru, Goro...) mais aussi une sacrée flopée de nouvelles têtes. 18, exactement. Certaines ne sont pas complètement inconnues, notamment si vous vous intéressez au pachinko : Love (Sky Love), Alice (Fatal Fury The Legend of the Wolf), Mui Mui (Dragon Gal)... Mais pas d’inquiétude puisque la plupart des nouveaux personnages sont exclusifs au jeu qui nous intéresse aujourd'hui. Parmi les plus intéressants, on compte notamment Kukri et ses attaques de sable, Luong et son jeu de stances, ou encore King of Dinosaurs, que certains comparaîtront probablement à Tizoc puisque outre l'apparence, il propose le même style de jeu, à base de chopes dévastatrices.
Ces 50 personnages offrent une belle variété à KoF XIV qui parvient à chaque partie à nous opposer un challenge renouvelé. Il vous faudra bien des heures de jeu avant de connaître chaque personnage, pour déjouer les pièges qu'il serait susceptible de vous tendre. Ajoutez à cela le fait que vous pouvez composer librement votre équipe de trois combattants, et vous voilà partis pour de nombreuses heures de jeu qui ne se ressembleront jamais.
Coup de poing complet
Figurez qu'en plus de proposer des combats particulièrement excitants et de nombreux personnages jouables, King of Fighters se paye également le luxe de proposer de nombreux modes de jeu. Le menu principal ne rend peut-être pas honneur à cette diversité puisque les développeurs ont fait dans le minimalisme. Pourtant, lorsque l'on commence à fouiller le jeu, on découvre qu'il comporte un Mode Histoire (avec de vraies cinématiques, et pas uniquement des artworks sous-titrés), un mode Versus à 3v3 ou 1v1, un mode Entraînement, une Galerie pour revoir les cinématiques débloquées en Mode Histoire, une partie Online, un Mode Mission, et un tutoriel. Bon point, ce dernier est très complet et devrait permettre aux débutants de vite comprendre les bases du jeu.
Le Mode Mission est lui-même divisé en trois sous-sections : Défis, Contre-La-Montre et Survie. Si les deux derniers sont archi-classiques, le mode Défis aura surtout l'avantage de permettre aux néophytes d'apprendre quelques combos et donc de développeur leur jeu. Pour les autres, disons que ce sera une façon comme une autre de booster la durée de vie du titre.
Quant au online, que dire ? Match de rang, match libre, entraînement online, classement, tout est là, jusqu'à la possibilité de regarder en vidéo les dernières performances de vos amis, ou de n'importe quel joueur, en fait. Parfait pour étudier certains match-up ou éventuellement apprendre à jouer tel ou tel personnage. Une fonctionnalité qui devrait être présente dans beaucoup plus de jeux du même genre.
Néanmoins, après quelques dizaines de partie, une ombre surgit : nous avons constaté, au cours de notre test, plusieurs problèmes de lag. Si l'essentiel de nos parties s'est déroulé sans anicroche, d'autres ont été complètement saccagées par un lag extrêmement gênant, tandis qu'il nous est même arrivé d'être éjecté d'une partie en cours. Alors que tous les indicateurs étaient au vert... Espérons que cela sera très rapidement corrigé par SNK.
Points forts
- Gameplay accessible...
- … mais qui ne perd pas en profondeur
- Des animations soignées
- Un jeu de combat complet day-one
- Toujours aussi dynamique
- 50 personnages jouables
- 19 arènes
- Tous les sticks arcade PS3 compatibles
Points faibles
- Pas vraiment beau
- Online perfectible
On s'est moqué de lui, mais The King of Fighters revient et donne la leçon. Certes, le jeu n'est pas vraiment joli, mais il se repose avant tout sur un gameplay qui se veut plus accessible que par le passé, sans perdre en profondeur de jeu. Avec ses animations, sa bande-son et sa jouabilité aux petits oignons, KoF XIV propose des combats techniques au dynamisme hypnotisant. Comme en plus il se permet le luxe d'être extrêmement complet, difficile de le bouder lorsque l'on aime les bons jeux de combat. Entre un Street Fighter V qui accumule les déboires, et un Guilty Gears Xrd Revelator peut-être plus hermétique, King of Fighters a peut-être un joli coup à jouer cette année. On en reparle d'ici un an.