Alors que le soleil déploie ses premiers rayons de lumière, vous voilà fin prêts à débuter votre service. À la tête d'une jeune compagnie de bus, vous devez fournir service et sécurité à votre clientèle, tout en veillant à la bonne tenue financière de l'entreprise. Dans l'entrepôt, un bus flambant neuf est sur la ligne de départ et n'attend plus que vous pour démarrer la tournée. Comme chaque jour, vous allez faire partie intégrante de la vie de plusieurs dizaines de badauds vaquant à leurs activités quotidiennes. Tous les matins, c'est le même rituel : après l'inspection de votre véhicule, vous activez soigneusement chaque bouton de votre poste de conduite, en n'omettant aucun détail. Lumière de la cabine, caisse enregistreuse, portes ouvrantes... tout doit être impeccable ! Mais pas une minute à perdre ! Le portail est ouvert, il est temps d'écrire une nouvelle page de votre carrière...
C'est un fait, le terme "Simulator" n'est pas toujours synonyme de qualité. Certaines productions surfent sur le principe des simulations professionnelles (conducteur d'engins de chantier, routier, conducteur d'ambulance...) mais elles sont loin d'avoir laissé un souvenir impérissable. Avec Bus-Simulator 2016, le programme vous invite à vous grimer dans la peau d'un conducteur de bus en veillant à toutes les règles que ce métier implique. Et comme vous allez le voir, les développeurs n'ont pas manqué d'idées.
Ma petite entreprise
Après avoir nommé le nom de sa boite, le joueur peut s'adonner à un tutoriel. Ce dernier, narré par un instructeur, est indispensable pour s'adapter au gameplay assez riche du titre. Se retrouver aux commandes d'un bus n'est pas la chose la plus aisée du monde et il faut un peu de temps pour s'habituer aux différents boutons du tableau de bord : portes coulissantes, lumière de la cabine, phares, démarreur, caisse enregistreuse, activation du régulateur de vitesse, frein à main, agenouillement... les développeurs ont vraiment fait en sorte de se rapprocher de la réalité. Au volant, les sensations sont correctes et la conduite demeure plutôt accessible. Il faut néanmoins s'habituer au poids du véhicule et aux trajectoires bien plus prononcées qu'à bord d'une voiture. Frôler les autres usagers de la route va devenir votre lot quotidien. Et ce n'est pas sans causer quelques sueurs froides au départ... surtout quand un chronomètre vous rappelle à l'ordre. Prendre du retard n'est jamais bon pour la réputation... Par ailleurs, percuter un piéton n'est absolument pas toléré. Cela se traduit par un échec cuisant (argent et expérience envolés) et l'obligation de recommencer au départ de la ligne. Ce qui peut s'avérer terriblement frustrant, tant certains piétons sont bêtes comme leurs pieds ! L'autre particularité du métier de conducteur de bus est de devoir gérer l'humeur des passagers (il est souvent amusant de suivre leurs conversations sous-titrées) mais aussi de s'occuper de la caisse enregistreuse. Plusieurs tickets et catégories sont disponibles et il suffit d'un peu de calcul mental pour rendre la monnaie. Si, comme votre serviteur, vous n'êtes pas (du tout) à l'aise avec les chiffres, cela peut provoquer quelques pertes de secondes. Mais rassurez-vous, les sommes sont faciles à calculer. Le comble, ça serait par contre de rendre trop de monnaie.
Foule sentimentale
En fait, la vraie force de ce Bus Simulator 16, au-delà de son gameplay honorable, vient des situations que le joueur rencontre durant ses trajets. En fonction des évènements, il faut réagir au quart de tour et veiller à la sécurité et au bien-être des passagers. Cela peut aller de la porte coincée à l'ambulance qui fonce toutes sirènes hurlantes en passant par le passager ivre ou le citoyen en fauteuil roulant qui a besoin de la rampe centrale. Chaque situation est différente et cet apport de dynamisme est une bouffée d'oxygène dans votre quotidien de conducteur de bus. Il faut pas s'attendre à des dizaines d'évènements, mais leur présence est une excellente idée. L'autre intérêt du jeu réside dans la gestion de l'entreprise. Une fois sur la route, il faut veiller à respecter le code de la route (les feux et la vitesse notamment, une prune est si vite arrivée) tout en occasionnant le moins de retards possibles. Les usagers peuvent être source d'accidents et les frais engendrés font alors très mal au portefeuille. L'aspect administratif de Bus Simulator 2016 reste toutefois très léger et ne vous causera pas de maux de crâne. Ce qui sera peut-être moins le cas de la réalisation du jeu...
Allô maman, bobo
Comme on pouvait s'y attendre, c'est sur le plan technique et visuel que le bât blesse. Si les graphismes n'ont rien d'infâmant, il faut tout de même reconnaître que nous sommes à des années-lumière des standards actuels. Les textures sont d'une pauvreté extrême et il n'y a quasiment aucun effet à se mettre sous la dent, si ce n'est sur les carrosseries. L'ensemble est plat et on aurait aimé que la ville soit plus variée, surtout avec des quartiers (5 au total) aussi vastes. Malgré la taille de la map, on a constamment l'impression de revivre encore et toujours les mêmes scènes. Il y a tout de même quelques bâtiments et monuments bien réalisés, comme un stade notamment. On regrette également que l'optimisation ne soit pas optimale (c'est le moins que l'on puisse dire), même avec un PC assez costaud. Sur la toile, la grogne commence à se faire sentir et certains utilisateurs n'ont d'ailleurs même pas pu lancer le jeu. Quant au moteur physique, il est totalement à la rue avec des collisions inexistantes et des réactions du bus parfois très étranges. On ne joue pas à Bus Simulator 16 pour sa technique. Heureusement...
Faut que j'travaille
Sans être une grande réussite, il faut bien admettre que Bus Simulator 16 a un petit côté sympathique. Le jeu n'est pas vendu très cher et la durée de vie est convaincante. Au fil des tournées, votre entreprise ne cesse d'évoluer. L'argent récolté permet de personnaliser vos bus, (peintures, décalcomanies, publicités) d'embaucher du personnel et de modifier (voire créer) chacune des lignes. Les amateurs seront également ravis d'apprendre que deux bus sont sous licence MAN, et qu'il en existe plusieurs catégories : bus à deux portes, trois portes et en accordéon. Il est juste regrettable que l'entrepôt ne soit pas plus garni. Pour terminer, sachez qu'une option multijoueur permet d'inviter vos amis afin de collaborer dans l'exploitation de votre entreprise. Certains joueurs se satisferont de cette possibilité, tandis que d'autres regretteront l'absence d'une véritable mode multijoueur en ligne. Au clavier et à la souris, à la manette ou au volant (prenez le temps de le configurer, vous ne le regretterez pas), Bus Simulator 2016 se laisse apprécier, à condition d'être indulgent et d'aimer, bien entendu, ce genre de jeux.
Points forts
- Les évènements quotidiens
- Licence officielle MAN
- Gameplay accessible
- Compatible avec les mods
- Réalisme des fonctions du tableau de bord
- Map plutôt grande...
Points faibles
- Trop plat visuellement
- IA qui tarde à réagir
- Un moteur physique, où ça ?
- Quelques bugs
- Une optimisation à la truelle
- ... mais manquant de variété
Réservé à un public de connaisseurs, Bus Simulator 16 a le mérite de proposer un gameplay accessible et un contenu des plus corrects. Malgré la pauvreté du garage (6 bus, c'est léger), le jeu a un côté hypnotique qui pousse à réaliser toujours plus de tournées et de gestes de civilité. Les évènements qui interviennent régulièrement y sont pour beaucoup et la partie gestion n'est pas désagréable. En revanche, les joueurs devront accepter ses graphismes désuets, son IA sur rails et son moteur physique d'un autre temps, sans parler des bugs et de son optimisation chaotique. Un titre bancal et plaisant à la fois qui peine à trouver un juste milieu. Peut-être pour la prochaine édition.