Crashlands, c’est avant tout l’histoire de trois frères qui ont quitté leurs jobs respectifs pour fonder Butterscotch Shenanigans, leur propre studio de développement. Ce titre, leur troisième, possède une histoire assez particulière dans la mesure où le projet est né de la volonté de l’un des frères, qui venait d’apprendre qu’il était atteint d’un cancer, de produire un jeu dont il pourrait être fier, quelque chose de grand, qui le dépasserait. C’est ainsi, alors qu’il luttait contre la maladie, que lui vint l’idée de créer Crashlands, un titre à la croisée du jeu de survie à la Don't Starve, du RPG, et du Hack 'N' Slash à la Diablo. Un projet qu’il mènera jusqu’à son terme puisqu’il aura finalement réussi à vaincre le cancer dans le même temps. Au-delà de cette histoire un peu particulière, et peu banale, Crashlands est avant tout un titre formidable qui mêle habilement les codes dont il s’inspire pour proposer un gameplay riche, varié, cohérent et surtout diablement maîtrisé. Comme pour en rajouter une couche, les trois petits malins de chez Butterscotch Shenanigans ont aussi réussi à enrober le tout d’une histoire aussi intéressante que drôle, qui fait de Crashlands un titre appréciable à tous les égards. Mais trêve de bavardage, et place à la critique de Crashlands.
L’histoire débute alors que l’avatar du joueur, Flux, effectue son travail de tous les jours. Livreur de son état, il parcourt ainsi l’espace de planètes en planètes pour livrer les colis qu’on lui confie. Un job tranquille, routinier, et bien loin d’être excitant. Enfin pas tout à fait, puisque l’espace intersidérale s’avère au final plein de surprise, et tandis que notre bon héros effectue l’une de ses tournée, le voilà éjecté hors de l’hyper espace, et abordé par Hewgo Dooko, une entité extra-terrestre un tantinet sans-gêne. En effet, ce bon Hewgo mène sur sa planète, des expérimentations scientifiques de haut niveau, et il a repéré sur le vaisseau de Flux, une pièce dont il a intensément besoin. Pièce qu’il prendra sans demander son reste, et qui précipitera Flux et sa cargaison sur la planète. En employé modèle, et digne héritier de Tom Hanks dans Seul au Monde, Flux décidera malgré tout de terminer sa mission en livrant les colis qu’il a pu sauver du crash. Le début d’une aventure qui lui demandera de lutter becs et ongle sur cette planète dont il ne connaît au final, pas grand-chose. A partir de ce principe un brin simple, Butterscotch Shenanigans déploie une histoire fort sympathique, qui se révèle au fur et à mesure de la progression du joueur. Au gré des explorations sur cette planète désolée, Flux fera de nombreuses rencontres qui lui permettront d’en apprendre plus sur Hewgo (qui tyrannise à peu près tous ceux qui croisent son chemin) et sur ses desseins, le tout avec une très grande qualité d’écriture, et surtout, un humour omniprésent.
Welcome to the crashlands
Au-delà de proposer une expérience narrative intéressante, c’est avant tout par son gameplay que Crashlands se démarque. Comme précisé un peu plus haut, il s’agit d’un titre qui se place à la croisée de plusieurs genres, et des titres comme Don’t Starve, Monster Hunter ou encore Diablo jaillissent immédiatement dans notre esprit dès lors que l’on joue plus de quelques minutes. Butterscotch Shenanigans, et c’est bien normal, s’est inspiré de grands noms du jeu vidéo pour créer son propre gameplay, et le moins que l’on puisse dire, c’est que pari est plutôt réussi. Loin de sombrer dans la basse repompe, le studio a su s’approprier l’esprit de ces grands jeux pour en faire quelque chose qui lui appartient, quelque chose de complet, et surtout, de très cohérent. Après l’introduction du jeu, qui mène au crash sur la planète (et qui permet de découvrir les bases du déplacement), le jeu introduit très simplement les principales mécaniques du jeu. Les premiers pas sur la planète seront assez hésitants, et l’on ne s’éloignera pas beaucoup du site du crash.
De manière naturelle, on se retrouvera cependant à récolter nos premières ressources. Un peu d’herbe, des morceaux de bois qui traînent au sol, des graines. Puis l’on croisera un arbre, qui nécessitera une scie, ou un monstre un tantinet agressif, que l’on ne pourra attaquer sans posséder une arme digne de ce nom. Autant d’objets que l’on pourra construire grâce à diverses stations de travail que l’on découvrira au gré de nos pérégrinations, et de la récolte des différentes ressources qui composent le monde de Crashlands. Cette manière de progresser continuera d’ailleurs tout au long du jeu, et l’on débloquera de plus en plus de plans, qui nous donnerons accès à de nouveaux objets permettant à leur tour d’explorer plus avant le monde qui nous entoure. Cette manière de progresser, douce et continue, procure une intense satisfaction, et l’on mesure à chaque découverte les progrès que l’on a accompli. De plus, et contrairement à Don't Starve dont il s’inspire énormément, Crashlands évite l’écueil de la frustration grâce à des mécaniques très simples, comme l’absence de jauge de faim, de fatigue, de froid, ou la mort permanente. Crashlands n’est pas punitif, et surtout loin d’être injuste. Chaque mort, en sus d’être souvent du fait du joueur, est avant tout l’occasion d’apprendre quelque chose sur le monde et son fonctionnement.
La survie du plus fort
Si l’aspect exploration, récolte de ressources et survie compose une partie importante, tout cela ne se fera pas sans mal. En effet, le monde de Crashlands ne se compose pas uniquement de végétales et autres caillasses justes bonnes à être récoltées. La faune y est par exemple, particulièrement agressive, et il faudra bien vite apprendre à s’en occuper sous peine de finir rapidement six pieds sous terre. De plus, aller casser du monstre aura un second avantage, dans la mesure où ces bestioles, en décédant, lâcheront elles-aussi quelques précieuses ressources. De manière très simple, les développeurs ont repris les bases du Hack 'N' Slash pour créer le système de combat de Crashlands. Il suffira de cliquer sur une créature pour l’attaquer, et lui infliger des points de dégâts en fonction de l’arme équipée. A cela s’ajoute bien évidemment tout un tas de modificateurs, tels que des dégâts élémentaires, des buffs ou débuffs, et bien évidemment, le niveau de la créature. Car les monstres possèdent bien évidemment différents niveaux qui les rendent plus ou moins puissants et agressifs. Là où en revanche les trois gus de Butterscotch Shenanigans ont innové, c’est en dotant chacune de leurs créatures d’un pattern différent. Très rapidement, il faudra apprendre à analyser et utiliser à son avantage les mouvements et attaque de ces monstres pour les vaincre sans périls. Une idée très simple, mais aussi très efficace, qui amène un brin de challenge lorsque des créatures de différents types s’allient pour tenter de vous faire la peau.
Afin de gagner en puissance, il sera possible de compter sur deux grands axes. Le premier consiste à s’équiper correctement via les mécaniques de craft. Au fur et à mesure du jeu, comme expliqué plus haut, il sera possible de découvrir des recettes permettant de se fabriquer de l’équipement. A la manière d’un Monster Hunter, ces pièces d’équipement demanderont que l’on possède des matériaux récupérés sur des monstres spécifiques, ce qui renforce encore une fois l’aspect progressif du jeu. Là où les choses se compliquent, c’est que chaque objet crafté obtiendra un niveau de rareté, et des statistiques différentes. Deux armures d’herbe pourront ainsi être bien différentes, et changer du tout au tout votre manière de jouer. Il sera donc très important de gérer cet aspect hérité du Hack 'N' Slash pour optimiser au mieux sa survie. L’autre moyen de gagner en puissance réside dans la possibilité de posséder des familiers. Il arrive en effet de temps en temps, de récupérer un œuf en exterminant un monstre. Il sera possible de le faire éclore pour posséder un familier du même type. Dès lors, et à la manière de Pokémon, il sera possible de lui faire gagner en puissance, et de le faire évoluer. Dans la plupart des cas, il représentera un atout majeur capable de vous sauver la mise. Le gameplay déployé dans Crashlands s’avère donc très riche, et surtout, extrêmement complet et jouissif tant on ressent une constante impression de progression. Un sentiment fort agréable, et bien trop souvent absent.
Terminons ce tour d’horizon de Crashlands par un point sur la technique. Là encore, Butterscotch Shenanigans a réalisé un travail exemplaire. Graphiquement tout d’abord, le jeu s’avère très réussi. Que l’on accroche ou pas à la direction artistique très typée cartoon, difficile de nier la qualité du travail effectué. Les animations des personnages sont d’une rare fluidité, tout comme le jeu dans son ensemble qui tourne sans accros ni surchauffe sur un iPhone 6. Côté son, rien à redire non plus. Bruitages et pistes sonores délivrent une partition on ne peut plus satisfaisante qui accompagne à merveille tant l’exploration que le combat. Un mot enfin sur les contrôles. Si Crashlands bénéficie d’une sortie simultanée sur plusieurs plateformes, cette version mobile n’est en aucun cas un portage au rabais. Les contrôles tactiles y sont très réussis, et extrêmement réactifs, que ce soit dans l’exploration des menus, ou lorsque l’action se corse un peu.
Au final, Butterscotch Shenanigans n’a négligé aucun aspect, tant sur le plan technique que celui du gameplay, afin de proposer aux joueurs un jeu riche, complet, et capable de les satisfaire à tout point de vue. Preuve supplémentaire, Crashlands propose une option permettant de synchroniser ses sauvegardes entre les différents supports, histoire de pouvoir continuer à profiter de leur jeu en toutes circonstances.
- Test réalisé sur un iPhone 6
Points forts
- Réalisation au poil
- Commandes tactiles parfaitement optimisées
- Histoire bien écrite et très drôle
- Gameplay soigné et avec une bonne courbe d’apprentissage
- Le prix, peu élevé par rapport au contenu
- Sauvegardes cross-plateformes
Points faibles
- Pas de langue française
- Un peu gourmand côté batterie
Crashlands est sans aucun doute LA bonne surprise de ce début d’année. Mélange réussi à la croisée du jeu de survie, du Monster Hunter-like et de l’Action RPG, le jeu de Butterscotch Shenanigans, en plus d’être très réussi, fait preuve d’une énorme générosité à l’égard de ses joueurs. Que ce soit les mécaniques de "crafting", le "housing", le combat ou bien tout simplement l’exploration pure et simple, tout respire le travail bien fait, et surtout, l’amour du jeu vidéo. Les trois frères à l’origine du projet ont en effet extrêmement bien pensé leur jeu pour en faire un tout cohérent, agréable à jouer, généreux et surtout, parfaitement réalisé. Tout, de A à Z marche à la perfection, à tel point que les synergies entre les différentes mécaniques de jeu semblent naturelles. Crashlands est donc une énorme réussite, qui vaut allégrement que l’on débourse ses 5€. Vous l’aurez compris, Crashlands est le jeu qu’il vous faut absolument posséder sur votre mobile.