Voilà plus de dix ans qu'est sorti le dernier épisode majeur de F-Zero. Il y a 12 ans, F-Zero GX nous en mettait plein les yeux avec ses graphismes et sa vitesse époustouflante. Ils furent nombreux, ceux qui balancèrent leurs manettes après un énième « game over » en Story Mode. Et curieusement, ils en redemandent... Pourtant ce n'est pas Nintendo qui satisfera leur demande. Cette fois, l'espoir vient d'Allemagne, directement du petit studio Shin'en, que les joueurs Nintendo connaissent bien désormais. C'est certain, Fast Racing Neo ne vaut pas F-Zero, mais il fera largement l'affaire, faute de mieux.
En 2011, Shin'en proposait sur le Wiiware un petit jeu pas piquet des hannetons, nommé Fast Racing League. Le titre ne cachait pas ses inspirations, et le joueur peu averti aurait facilement pu confondre le titre avec un F-Zero made in Nintendo. Manette en mains, les choses étaient tout de suite moins intéressantes, avec des tracés rigolos, un gameplay sympathique mais une impression de vitesse pas folichonne. Fort de ces enseignements, Shin'en revient cette fois avec Fast Racing Neo, un nouveau jeu de courses futuristes, qui rappellera F-Zero à certains... et WipEout à d'autres.
F-Zero ou WipEout ?
En lançant Fast Racing Neo, le joueur sera tenté de penser que le titre emprunte énormément à WipEout, plutôt qu'à F-Zero. En vérité, si l'esthétique globale du titre le rapproche de l’œuvre de Psygonosis, manette en main on retrouve plutôt les sensations de la série de Nintendo. Les bolides volants, dont le design rappelle énormément les engins anti-gravités de WipEout, sont effectivement assez éloigné du sol et l'on serait tenté de penser que chaque virage devra être dûment anticipé, de part l'inertie si particulière desdits véhicules. Il n'en est rien : les vaisseaux sont plutôt collés au sol et chaque virage peut être pris sur la corde, à grand coup de « glissades » qu'on activera avec les touches LZ et RZ. Ceux qui ont retourné F-Zero GX dans tous les sens ne seront pas perdus, puisque les sensations de pilotages sont ici assez similaires.
Esthétique très WipEout, gameplay évoquant F-Zero, Fast Racing Neo n'en oublie pas pour autant son identité personnelle et vient ajouter sa petite touche. On découvre très rapidement le système de phases, qui sont au nombre de deux. En quelques mots, il vous suffit d'appuyer sur un bouton (X par défaut) pour changer de phases : la bleue, ou la orange. En adoptant la bonne phase, vous pouvez bénéficier d'un puissant boost lorsque vous passez sur une zone de la même couleur. Car sur les circuits de Fast Racing Neo, on trouve une multitude de bandes de couleurs bleues ou oranges, plus ou moins longues. Pour gagner, il faudra toucher ces zones tout en alternant phase orange et phase bleue, en fonction des besoins. Attention toutefois, puisqu'utiliser la mauvaise phase peut vous faire perdre de très précieuses secondes.
En cas de retard, vous avez toujours la possibilité d'utiliser votre Turbo personnel. En course, vous trouverez sur le circuit bon nombre de petites orbes de couleurs (déjà présentes dans le premier Fast Racing), qui feront grimper une jauge dédiée. Toute la difficulté sera de réussir à accumuler des points de Turbo et de passer au bon moment sur les bandes de couleurs, en adoptant la phase de son bolide. Le gameplay de Fast Racing Neo est assez minimaliste, mais en pratique les choses se corsent un peu : pas évident de faire grimper sa jauge de Turbo tandis que l'on essaie de switcher de phase en phase pour bénéficier des boosts offerts par le tracé. Tout cela se déroule à une vitesse démentielle et réussir à enchaîner turbo et boost, pour finir premier, est extrêmement grisant. Les fins de course sont plein d'adrénaline, d'abord grâce à l'impression de vitesse, mais aussi parce que l'IA tient son rang.
Un jeu exigeant
Fast Racing Neo n'est pas un jeu difficile. En revanche, il est extrêmement exigeant. Le mode Championnat, qui devrait accaparer votre attention dans les premières heures de jeu, est composé de trois niveaux. Subsonic, Supersonic, et Hypersonic sont en fait des indicateurs de difficulté. On ne le comprend qu'en faisant ses premiers pas en ligue Supersonic : les coupes sont les mêmes qu'en Subsonic. Il en va de même pour les courses, et c'est bien dommage. On en reparlera plus tard... Quoi qu'il en soit, on comprend rapidement le potentiel « agacement » de Fast Racing Neo, dans lequel les adversaires sont sans pitié. Il faut dire que les bougres n'hésitent pas vous tamponner, profitant de leurs turbo pour vous pousser dans le vide, ou simplement vous faire partir en tête à queue. Mais l'offense suprême, c'est peut-être de se faire dépasser cinq mètres avant la ligne d'arrivée par un concurrent qui aura réussi à amasser plus d'orbes que vous. Et il faut admettre que cela arrive souvent dans le titre de Shin'en : les ennemis savent utiliser le système de phase et n'oublient pas de gaver leur jauge de Turbo. La compétition est très serrée, et pour peu que vous ne fassiez pas attention, certains concurrents pourront vous coller 10 à 15 secondes dans les gencives, les doigts dans le nez. Comme dit plus haut, toute la difficulté réside dans votre capacité (ou votre incapacité) à enchaîner les coups de boost, avec les bandes de couleurs ou les orbes ramassées en route.
Pourtant les circuits ne sont pas franchement méchants, lorsque l'on se trouve dessus, et c'est peut-être là que Fast Racing Neo pèche un peu. Les tracés manquent d'imagination et font la part belle aux lignes droites dans lesquelles on pourra vider son Turbo, ou bénéficier de quelques bandes oranges ou bleues où utiliser le système de phases. Certains dissimulent tout de même quelques virages bien vicelards, comme Sunahara Desert ou Alpine Trust... mais rien n'est vraiment insurmontable. Faites tout de même attention aux véhicules que vous choisissez : certains sont certes extrêmement rapides, mais tournent très mal. Cela étant, on comprend vite que les coupes ont été organisées de manière à ce que chaque course privilégie un type de véhicule. Il faudra donc ramasser le plus de points sur les épreuves les plus adaptées, et assurer sur celles mettant en défaut son bolide. Plutôt bien vu de ce côté là.
Mais une fois la ligue Subsonic terminée, et une fois passée la surprise de la découverte, on comprend que les courses manquent d'un peu de génie, d'un peu de malice. Certains circuits proposent des pièges sournois (chute de pierres, containers en mouvements, météorites...), mais l'ensemble est finalement assez moyen. Rien de catastrophique, bien entendu, mais de quoi penser « zut, c'est dommage » après seulement quelques heures de jeu. On aurait aimé que les circuits nous demandent plus souvent le meilleurs de nous-même, indépendamment des différents façon de bénéficier d'un coup de boost.
Un F-Zero à petit budget
Avant d'en demander trop de la part de Fast Racing Neo, il faut se rappeler que le titre a été développé par un petit studio, avec des moyens limités, et qu'il n'est vendu que 15€ sur le Shop de la Wii U. On le comprend très vite en parcourant les menus du jeu. Sorti du mode Championnat, que l'on retournera dans tous les sens pour obtenir tous les trophées d'or, et tous les véhicules à débloquer. Mais même eux ne sont pas nombreux : on en compte 10, une fois le jeu terminé. Cela s'ajoute aux 16 circuits que l'on connaîtra vite par cœur. Une fois terminée, on pourra toujours passer un peu de temps en mode Contre la montre, un poncif du genre, le mode Hero et ses défis à réserver à ceux qui auront atteint le niveau Hypersonic et... du multijoueur. Ce dernier laisse une impression mitigée : d'un côté on est très content de trouver du Versus en local, en écran splitté, pour des parties déchaînées jusqu'à 4 joueurs ! Voilà qui est précieux, à une époque où de plus en plus de développeurs l'oublient... Mais de l'autre côté, on a ce online hyper limité (on choisit parmi trois courses et hop, en voiture Simone) et qui peine à trouver des adversaires. Bonjour tristesse !
En course, on constate d'autant plus les limites budgétaires du studio allemand. Non, Fast Racing Neo n'est pas joli. Qu'il coûte 15 ou 60€, le résultat est là : le jeu est extrêmement aliasé et le clipping est très prononcé. F-Zero GX, sorti il y a 12 ans, n'a pas grand-chose à se reprocher, à côté du bébé de Shin'en. Certes nous sommes sur Wii U, mais on a eu la preuve (si c'était encore nécessaire) avec des titres comme Xenoblade Chronicles X que la console de Nintendo en avait sous le capot. Là, le résultat est plutôt sale... Heureusement que le jeu est extrêmement fun : on oublie vite ce défaut.
Notre Gaming Live du jeu
Points forts
- De la vitesse, de la vitesse, encore de la vitesse
- Gameplay au poil
- Exigeant
- Le split-screen à 4
- Vendu au juste prix
- Fluide...
Points faibles
- ... mais laid
- Des tracés qui manquent d'originalité
- Contenu faiblard
Vendu à petit prix en dématérialisé, Fast Racing Neo remplit son contrat : celui de proposer aux joueurs une alternative à ce F-Zero que les fans attendent depuis si longtemps. Son contenu est plutôt léger et le jeu n'est pas franchement joli, mais on s'amuse énormément. Parfaitement fluide, le jeu de Shin'en propose des courses complètement dingues que l'on vit à fond, du début à la fin. Et comme le titre est très nerveux et repose sur un gameplay simple mais solide, il est difficile de bouder son plaisir. Alors pour patienter encore un peu, on lancera avec grand plaisir Fast Racing Neo pour oublier notre peine.