Une petite surprise est apparue dans le monde vidéoludique à la fin du mois d'août dernier. Funcom, à l'origine notamment de The Secret World annonçait The Park, un survival-horror qui se déroule dans l'univers de son MMO. Les développeurs annonçaient aux joueurs une expérience narrative intense et éprouvante. Il n'en fallait pas plus pour intriguer les joueurs et fans de The Secret World qui ont pu se précipiter sur le jeu à sa sortie, deux mois plus tard. Les équipes du studio norvégien ont-elles tenu leurs promesses ?
L'aventure prend place au milieu des années 80. Lorraine, jeune mère, veuve, au regard triste et à la santé mentale plus que douteuse a décidé d’emmener son fils, Callum, à l'Atlantic Island Park. Ce parc d'attraction qui, vous le verrez, peut être qualifié de plus petit parc du monde, a été créé en 1977 par un certain Nathaniel Winter. Emporté par sa fougue, le petit Callum profite d'un moment d’inattention de sa mère pour pénétrer dans l'endroit de ses rêves, pourtant fermé au public depuis quelques années. Lorraine part alors à sa recherche alors que la nuit vient de tomber. Mais quelque chose ne tourne pas rond dans ce parc et Lorraine commence rapidement à avoir des hallucinations. C'est tout, nous n'en dirons pas plus sur cette histoire et laissons les quelques personnes qui auront le courage de jouer au titre la découvrir par elles mêmes.
Un manque d'originalité évident
Les adjectifs ne semblent pas assez nombreux pour décrire l'histoire. Ennuyeuse, inintéressante, téléphonée et j'en passe. Tout d'abord, l'aventure est courte, très courte, trop courte même. En tout et pour tout, et en prenant mon temps, je l'ai bouclée en un peu moins d'une heure et demie (les développeurs annonçaient deux heures environ). Et à 13 € le jeu, Dieu sait que ça fait mal. L'histoire principale est tournée autour de Lorraine et de la recherche de son fils dans un parc lugubre, tiré d'une zone de jeu de The Secret World, elle-même inspirée du parc de Pripyat. La jeune mère arpente donc les allées du parc tout en appelant Callum (grâce au clic droit). Celui-ci répond souvent mais n'a visiblement pas envie de revenir dans les jupons de sa mère pour autant. Ses réponses servent plutôt de boussole c’est-à-dire qu’on se dirige dans la direction où on entend la voix. Ces appels répétés soulignent un autre souci du jeu. On sent la panique dans sa voix, c'est indéniable. Seulement, cela devient perturbant dans la mesure où Lorraine se fait souvent des réflexions dans sa tête. Celles-ci ne sont pas vraiment tendres et assez colériques et on ne sait donc pas vraiment ce qu'elle ressent dans ces instants.
Ces réflexions internes se font en général après un tour de manège. Car, oui, Lorraine pourra tous les essayer. Pourquoi prendre le temps de faire cela alors que son fils a disparu ? Parce que... On ne sait pas, mais chaque tour sur un manège est l'occasion de mieux comprendre ce qu'il se passe dans la tête de Lorraine. Ce sera aussi l'occasion de monter à bord de l'attraction la plus ennuyeuse du monde : une embarcation en forme de cygne qui, pendant 10 bonnes minutes, traverse une caverne alors qu'un narrateur conte l'histoire d'Hansel et Gretel. Histoire qu'une majorité d'entre nous connais déjà par cœur et qui servira de fil rouge à l'aventure même si on ne sait pas vraiment pourquoi (encore une autre interrogation). Pendant ces longues minutes, le joueur reste immobile, sans interaction possible. Une scène révélatrice d'un des grands problèmes du jeu, à savoir sa lenteur. Même pendant le climax final, sorte d'ersatz de la démo P.T. du regretté Silent Hills, et qui dure au moins 20 minutes, on se surprend à bailler. Tout cela pour une fin que, je l'avoue, j'ai aisément devinée au bout d'un quart d'heure de jeu. Une scène qu'on aurait également pu qualifier de courageuse de la part des développeurs si on ne l'avait pas vu venir à 30 km ! A côté de cela, il est possible de s'attarder un peu sur l'histoire du parc et les raisons de sa fermeture en lisant, çà et là, des notes et autres articles de journaux disséminés sur la carte. Cette histoire n'est pas forcément nécessaire mais elle permet de rallonger la durée de vieet d'interagir enfin avec quelque chose, même si ce ne sont que des bouts de papier.
Le trailer de lancement de The Park donnait pourtant envie...
Parce que oui, à part marcher lentement dans le parc, et on rappelle tout de même que Lorraine recherche son fils, on pourrait donc s'attendre à un peu plus d'affolement de sa part dans ses déplacements. Les développeurs nous ont certes promis une expérience narrative psychologique comme The Vanishing of Ethan Carter a pu faire avant lui, mais cela justifiait-il aussi peu d'interactions et un rythme aussi lent ? Excepté mettre en place une soit disant tension continue, je ne peux y voir là-dedans qu'une volonté de faire durer le jeu plus longtemps qu'il n'est nécessaire. Une touche permet bien de trottiner mais cela ne change pas grand chose. Bien que Funcom ai désiré faire de son jeu un titre qui tend vers l'horreur psychologique, les tentatives de jump-scare me font penser autrement. Au final cette peur, où est-elle ? Elle a dû partir dans de plus sombres contrées tant l'ambiance n'est ni pesante, ni vraiment stressante. J'ai bien sursauté deux ou trois fois mais je mets plutôt ces réactions sur ma sensibilité : J'ai peur facilement. Donc pour ce qui est d'une « expérience qui mettra à mal notre santé mentale » (si, si, c'est marqué avant de commencer le jeu) on repassera.
A qui ai-je l'honneur ?
Tout au long de l'aventure, et il est possible de le voir notamment pendant que l'on est sur une attraction, un mystérieux monstre affublé d'un superbe haut de forme nous suit et nous parle. Il est même présent lors de la dernière scène mais rien ne nous est expliqué sur lui. Qui est-il ? Que fait-il ici ? Que nous veut-il ? On ne sait tout simplement rien. Comme The Park est un spin-off de The Secret World j'ai fais mes recherches. Il s'agit en fait du Bogeyman, monstre emblématique du MMO et qui hante le parc d'attraction. Il se nourrit de la peur des parents de perdre leurs enfants et manipule les attractions à sa guise. Mais voilà, je ne suis pas un joueur de Secret World, et je pense que beaucoup des joueurs de The Park ne le seront pas non plus. Cela fera plaisir aux fans de retrouver un personnage iconique mais un minimum d'informations n'aurait pas été superflu pour les néophytes.
Un autre personnage qui semble avoir son importance est Chad le Hamster, la mascotte du parc, devenue véritable psychopathe du jour au lendemain. Il apparaît parfois pour nous fixer de ses yeux rouges avant de disparaître quelques secondes plus tard. Là encore, outre les morceaux de journaux qui nous expliquent ses actes, on ne sait pas le pourquoi du comment. Peut-être une tentative (ratée) des développeurs d'ajouter quelques jump-scares. The Park semble donc avoir été créé pour les fans du MMO et, il faut le dire, aussi pour les youtubers, friands de ce type de jeu. Ce qui a d'ailleurs marché si on regarde les nombreuses vidéos de réactions qui ont été publiées sur le site de partage.
Une ambiance en demi teinte
Côté technique, The Park est moche. Le jeu tourne sous Unreal Engine mais affiche des textures laides et certains éléments du décor apparaissent à retardement, même ceux à cinq mètres de nous. Lorraine semble figée dans une seule expression, son état mental peut certes l'expliquer en partie, mais cela fait qu'il est difficile de comprendre son émotion du moment lorsqu'on la voit. Dommage car c'est un des éléments central du jeu. Le parc, si on ne connaît pas la zone de laquelle il est tiré, n'est pas original et sa direction artistique laisse à désirer. Un effort a été fait pendant ce que j'appelle « le moment P.T. », mais rien d'extraordinaire. C'est banal et déjà vu. Le Bogeyman est le seul élément du jeu avec un peu de style, mais son design date tout de même de 2012. Il n'y a pas grand-chose d'autre à dire sur ce point malheureusement.
Est-ce qu'il reste quelque chose à sauver ? Oui. La bande son est de bonne qualité. Les musiques sont discrètes mais bien arrangées et nous mettent dans l'ambiance. Les différents bruits que l'on peut entendre ici et là pendant notre exploration sont les seuls éléments qui ajoutent un peu de stress au jeu. On peut entendre quelques bruits de pas dans l'herbe à côté de nous, ce qui, inévitablement, nous amène à nous retourner dans l'espoir d'enfin apercevoir quelque chose digne d'intérêt. Je ne vais pas vous mentir, dans ces cas-là, il ne se passe quasiment jamais rien.
Points forts
- La bande son
- Quelques (petits) moments stressants
Points faibles
- C'est moche
- D.A. pas inspirée
- Histoire simpliste, téléphonée et pas intéressante
- Seulement pour les fans de The Secret World, et encore...
- C'est lent
- On s'ennuie
- Entièrement en VO
Disons le franchement, The Park n'a pas grand-chose pour lui. Ce qui aurait pu être une bonne surprise et redonner de l'élan à The Secret World en attirant un nouveau public n'est au final qu'une grosse déception, moche et ennuyeuse. L'histoire ne tient pas vraiment debout et a déjà été vue et revue. Elle aurait pu avoir un réel intérêt si elle avait été traitée plus en profondeur et mieux amenée, si elle avait exploré d'autres aspects du sujet abordé, à savoir les relations parentales, le déni et le traumatisme. Peu d'explications nous sont données sur l'utilité de faire apparaître Chad le Hamster et le Bogeyman. Autre point qui pourrait rebuter les joueurs, l'intégralité du titre, des dialogues aux écritures et sous-titres, sont en anglais. Pour couronner le tout, un prix que l'on pourrait qualifier d'indécent pour la qualité et le temps de jeu passé, finit de mettre le titre de Funcom, déjà pas à son avantage, à terre.