La volonté de Games Workshop à porter ses franchises ne connaît aucune limite. Les licences Warhammer n’en finissent plus de se voir adapter en jeu vidéo et pullulent désormais autant sur PC, consoles et mobiles. Alors que le prometteur Total War : Warhammer et le volontaire Warhammer : The End Times - Vermintide attisent la curiosité des fans sur PC et/ou PS4/Xbox One, l’App Store et Google Play accueillent par douzaine, et je n’exagère à peine, les titres marqués du Marteau de Guerre. Deathwatch: Tyranid Invasion, Arcane Magic ou encore Legacy of Dorn - Herald of Oblivion… autant de types de jeu différents pour deux licences sur-représentées et ce phénomène n’en est qu’à ses prémices. Warhammer 40.000 : Freeblade débarque sur iOS les canons encore à chaud et la tronçonneuse hurlant son envie d’en découdre. Ce titre développé par Pixel Toys redorera-t’il le blason d’une licence en perte de vitesse depuis une décennie ?
Warhammer 40K Freeblade : 15 minutes au Bolter et à la Tronçonneuse
Une mécanique de guerre bien huilée
Les forces impériales sont acculées. Les armées du Chaos harcèlent sans répit les troupes de l’Empereur tandis que des hordes d’Orcs déferlent sur les colonies extérieures. Face à cette menace grandissante, les Space Marines tentent de repousser cette multitude d’attaques avec une réussite toute relative. Ne pouvant concevoir la défaite, vous acceptez de recevoir le rituel du Becoming et de transférer votre personnalité au coeur d’une machine de guerre lourdement armée, une armure motorisée répondant au nom de Titan brandissant fièrement ses Bolters et sa tronçonneuse dans un râle guerrier à même de dresser les poils des guerriers les plus endurcis. A première vue le scénario tient sur un timbre poste et vous aurez l'occasion de confirmer ce manque crucial d’originalité et de profondeur au gré de votre périple sanglant. Et Warhammer 40.000 : Freeblade s’en contrecarre et à raison. En tant que Rail Shooter à la troisième personne, l’intérêt d’une mise en situation est primordiale mais la voir s’étendre serait un gaspillage d’encre dont Pixel Toys s’épargne le coût de production et par la même nous épargne un scénario sans envergure.
L’intérêt de ce nouvel épisode de la franchise Warhammer 40K tient dans son envie de faire parler la poudre à grand renfort d’huile de moteur. Le contrôle des Titan est divertissant. En effet, le mecha se déplace de lui-même après avoir annihilé toute résistance au point chaud précédent. A la pointe de sa tronçonneuse et par le hurlement de votre gatlin gun, vous distribuez le plomb et la mort sans vergogne et avec un plaisir non dissimulé. Les contrôles sont d’une simplicité déconcertante… en tant que jeu de tir cela va sans dire. D’un simple touché, votre arme principale se déclenche alors que votre arme lourde s’emploie en visant avec deux doigts tout en vous obligeant à réagir aux tirs de roquettes en déclenchant manuellement votre bouclier à ion. Quant au combat à corps dans lesquelles vous affrontez d’autres mechas, ils prennent la forme de QTE (Quick Time Event). Rien de novateur à première vue. Les ennemis eux-mêmes sont une resucée de l’univers Warhammer 40.000. Aucune surprise donc. Les Orcs nous donnent du fil à retordre, lançant dans le conflit l’intégralité de leurs forces : soldats, chars d’assaut, mecha Dread… Il en va de même pour les hordes hérétiques du Chaos.
Les missions s’enchaînent à un rythme effréné. Première raison et non des moindres, chacune de ces missions durent moins de 5 minutes orientant l’expérience de jeu autour d’escarmouches de courte durée, idéale dans le cadre de sessions sur smartphones et tablettes. Et l’objectif se voudra unique. Détruire toutes les poches de résistance disposées dans l’environnement et survivre tant bien que mal. Jeu mobile oblige, ce Freeblade se permet “l'excentricité” de vous octroyer des médailles en fin de mission récompensant ainsi vos faits d’armes et vos facultés à rentrer en un seul morceau… ou presque. Mais la présence de ces récompenses se justifie par l’accès aux chapitres suivants de l’aventure. Un nombre de médailles étant requis pour débloquer lesdits chapitres. Et l’ajout de quêtes quotidiennes se résumant à détruire X ennemis avec un Bolter, battre Y mechas en combat au corps à corps se veut l’écho des constantes mécaniques de gameplay inhérentes aux jeux sur mobiles.
La victoire d'une première impression
Lors de son annonce en août 2015 puis une fois le jeu en main, au-delà de la remarque factuelle “Encore un jeu Warhammer ?”, Warhammer 40.000 : Freeblade me fit une bonne première impression. Visuellement parlant, Pixel Toys a su rendre une excellente copie sur les tablettes et smartphones de dernière génération. Bien que les environnements puissent sembler pauvres et les ennemis rudimentaires, l’accent est mis sur les effets pyrotechniques. Flammes, explosions, impacts… pour la palette du parfait pyromane ! Ces vagues de chaleur insufflent un sentiment de puissance au titre. Un ressenti comblé par la seule présence du Titan. Chaque pas secoue l’environnement. Les hordes d’Orcs paraissent dès lors ridicules face à cet ogre mécanique de plusieurs tonnes. Les douilles fusent, les coups de tronçonneuses se transforment en spectacle pyrotechnique. L’ensemble caresse la rétine sans jamais tomber dans le too much bien que certaines texturent aient tendance à baver. Le seul véritable bémol reste cette redondance des décors. Les mêmes bâtiments copiés/collés et une réutilisation systématique des assets 3D à outrance, le tout durant plusieurs missio. Une diversité plus présente durant les premières heures de jeu aurait été la bienvenue.
L'Enfer du Free to Play
Warhammer 40.000 : Freeblade est un Rail Shooter, de l’action pure souche pour des gunfights de haute volée dans les rues de colonies impériales désertées… mais ce jeu est avant tout Free to play. Passer de mission en mission vous récompensera en Minerai (la devise de base, en Or (la devise rare) et en équipements divers et variés.
La personnalisation est au coeur de l’expérience proposée par le studio Pixel Toys. Repeindre votre mecha, lui appliquer des autocollants… le tuning existe bel et bien chez les Space Marines. Votre Titan, puissant au-delà de vos rêves les plus fous n’en demeurent pas moins un amas de métal réclamant attention et soins. Cette armure motorisée se compose de 10 parties distinctes : arme montée, bouclier, arme lourde, heaume, plastron, carapace, épaulières, arme légère, arme de mêlée, cuissardes. Chacune se doit d’être mise à jour régulièrement afin de tenir tête aux ennemis de l’Empereur. Une partie des items équipés seront obtenus après vos succès lors de missions. Cependant, la majorité du temps la Forge sera votre seul recours pour améliorer significativement votre engin de mort. Forger exige la destruction de deux équipements ou plus ainsi qu’une somme en Minerai afin de récupérer un item plus performant, en théorie. L’équipement possède un niveau et la Forge ne garantit en rien de récolter un item avec une côte Wargear plus haute, le résultat étant aléatoire. Et nous touchons du doigt le principal problème du jeu. Progresser sans débourser s’avère extrêmement délicat et repose avant tout sur la chance… celle de forger le bon équipement afin de gagner en puissance de feu ou en blindage et écraser les forces adverses. Et pour ne pas bouder votre plaisir, la Forge elle-même gagne en productivité si vous mettez la main à la poche afin d’ouvrir une seconde forge, vous permettant de produire 2 items simultanément puis 3...
La difficulté elle-même détériore l’expérience de jeu. Calibrée pour vous faire échouer et vous inciter à payer, la courbe d’apprentissage se heurte à un mur après une poignée de missions. Le plaisir d’occire de l’orcs laisse place à une frustration née d’un modèle économique conçu pour soutirer. Malgré les quêtes quotidiennes récompensant votre fidélité et votre entrain et les rares cadeaux faits par le jeu au gré des victoires, farmer les missions faciles composera l’amère recette de votre pain quotidien. Et une menace bien plus pesante est encore tapie dans l’ombre. Un archaïque système d’énergie freine votre progression. Chaque mission mais surtout chaque défaite détruisent doucement mais sûrement votre mecha, l’empêchant de fonctionner de manière optimale. Et seul le temps OU de l’Or rendront à votre Titan sa superbe d’Antan et l’intégrité de son blindage. Traduction, le temps de réparation d’une armure à 20% de sa capacité avoisinera les 2 heures d’attente. Le Free to Play… un Enfer pavé de billets verts !
- Test effectué sur iPad Air 2
Points forts
- Un Shooter nerveux et dynamique
- Le respect de la licence Warhammer 40.000
- Des graphismes explosifs portés par des effets pyrotechniques de qualité
- Une personnalisation riche et étendue du mecha
Points faibles
- Des environnements redondants et limités techniquement (parfois)
- Un modèle économique archaïque à l’origine d’une frustration palpable
- Une courbe de la difficulté en dents de scie
Cette nouvelle adaptation de l’univers Warhammer 40.000 se drape de frustrations inédites pour la franchise de Games Workshop. Véritable défouloir humant la testostérone, la poudre à canon et le sang, l’expérience Warhammer 40.000 : Freeblade s’offre une esthétique de qualité tout en se reposant sur un gameplay simple mais efficace. Un Rail Shooter teinté de RPG via son système d’amélioration et de personnalisation pour une immersion dans l’univers des armures Titans, des conflits interplanétaires et des pieux Space Marines. Malheureusement le modèle économique du titre de Pixel Toys annihile le plaisir de contrôler notre mecha. Cherchant par tous les moyens à nous soutirer quelques deniers, le jeu exacerbe la frustration des joueurs par des leviers considérés comme archaïques par toute une communauté nomades de joueurs.