La Bloober Team, petite équipe de développeurs indépendants basé en Pologne, nous offre avec Layers of Fear non pas un jeu vidéo, mais une expérience. Ici, vous serez à la fois joueur et acteur tant dans les interactions avec votre environnement qu'avec les scènes que vous n'aurez le choix de subir.
Trailer de Layers of fear
Une expérience avant tout :
Dans Layers of Fear, vous jouez le rôle d'un enquêteur menant sa petite investigation sur le passé tortueux d'un peintre dont le penchant psychotique fait froid dans le dos. Enfermé dans un manoir, vous visiterez, pièce après pièce, tous les coins et recoins en quête de lecture vous permettant de mieux comprendre de quoi il en retourne. Ce qui est intéressant dans Layers of Fear a trait au point de vue que les développeurs ont décidé de vous faire prendre. Loin du rôle de joueur que l'on a l'habitude d'incarner avec notre petit inventaire et ramassage d'objets en tout genre, ici, les interactions sont minimes et l'inventaire inexistant. Pas besoin de penser à ranger quelque objet que ce soit, ces derniers s'inscriront de manière automatique dans un petit coin de l'écran et s'utiliseront dès lors que vous serez face à l'endroit approprié.
Un autre point expérimental plutôt intéressant concerne la manière dont vous allez interagir avec votre environnement. On pourrait prendre pour exemple l'expression joindre le geste à la parole pour illustrer le propos, sauf qu'ici, il sera plutôt question de joindre le geste à l'action. C'est ainsi que, pour ouvrir une porte, il ne vous suffira pas de simplement cliquer dessus, mais il vous faudra maintenir le bouton action enfoncé tout en usant de la souris pour créer le mouvement d'ouverture. Il en sera de même pour les tiroirs, les lumières et autres placards. Ça ne parait rien, mais dans la circonstance d'un jeu à la première personne comme Layers of Fear, ça apporte une immersion des plus fonctionnelles.
Mais où est le jeu là-dedans ?
On pourrait se poser la question de l'utilité d'un jeu dans lequel la seule chose que vous aurez à faire consiste à vous promener de salle en salle pour subir chaque effet de mise en scène mis en place pour soutenir la cause de l'horreur. Toutefois, la Bloober Team assume totalement ce côté et vend son jeu en mettant en avant son côté immersif.
Vous ne resterez pas les bras croisés tout au long de votre pérégrination, bien au contraire. Même si vous n'aurez pas à chercher le code situé dans la pantoufle de la grand-mère cachée dans le faux plafond de la grange en arrière de la Trabant du jardinier, il vous faudra quand même agir et même parfois fouiller. Il est clair qu'on est loin de la complexité d'un Resident Evil en termes de recherche, mais on est également loin du monde des Bisounours.
Ce n'est pas en glaçant le sang qu'on fait du boudin...
L'immersion est des plus totales et l'alchimie mise en place par la Bloober Team est excellente. L'ambiance sonore, les graphismes et l'atmosphère à faire frémir un asticot congelé fonctionnent à merveille. À chaque pas que l'on fait, on appréhende le prochain effet de mise en scène. Tous les codes de l'horreur sont présents. On retrouve dans le désordre les portes qui s'ouvrent ou se ferment toutes seules, les voix étranges murmurant derrière vos oreilles, les ombres qui passent, les fenêtres battantes et j'en passe.
Mais il n'y a pas que cela, on peut également ajouter une transformation continuelle de votre espace, menant à perturber le joueur qui ne pourra jamais revenir en arrière. Il arrivera bien souvent que vous entriez dans une pièce en provenance d'un couloir, pour ressortir en usant de la même porte et vous retrouver dans un salon ! C'est toute cette mise en scène qui donne son charme à Layers of Fear. On regrettera cependant le fait que toutes les lectures ainsi que la narration soient entièrement en anglais, car il est impératif de se plonger dans les coupures de journaux et autres lettres pour comprendre la torture latente envahissant les murs du manoir du peintre.
Layers of Fear est encore actuellement en Early Access et propose environ deux heures de jeu. D'après eux, il leur reste encore 25% à mettre en place pour avoir un jeu complet. Il faut rappeler que ce dernier n'était censé au départ n'être qu'une expérience courte d'une vingtaine de minutes. On pourra apprécier alors l'effort et la passion des développeurs qui, écoutant les retours des joueurs, ont décidé de créer une vraie expérience tout en augmentant le temps de jeu.
Points forts
- L'immersion sans faille
- La mise en scène à faire froid sans le dos
- Une histoire profonde et torturée
- Une ambiance à couper au couteau
Points faibles
- Un manque cruel de challenge
- Avancer et subir sont les deux seules actions récurrentes du jeu
Layers of Fear est une excellente pioche de part l'expérience qu'il vous fera subir. Loin des principes vidéoludiques auxquels on est habitué, l'immersion proposée ici est telle que l'on ne peut tourner le dos à un tel jeu. C'est de l'art, salasse, malveillant, mais ô combien plaisant auquel vous aurez accès ici. On regrettera le manque d'enjeu toutefois, mais tout cela n'est rien à comparer du plongeon que vous vivrez dans les méandres psychédéliques de ce peintre fou.