A chaque nouvelle itération, la branche des One Piece Pirate Warriors subit quelques transformations, mais pas toujours pour le meilleur. Ainsi, après avoir tenté d'incorporer des phases de jeu originales n'ayant visiblement pas fait l'unanimité, le studio Omega Force avait choisi de se recentrer uniquement sur les bases, à savoir la formule musô appliquée à l'univers One Piece. Ce troisième opus confirme cette tendance en optant pour la facilité sans aucune prise de risque.
S'il y a au moins une chose qu'on ne pourra pas reprocher à ce troisième épisode, c'est sa fidélité à l'histoire originale du manga de Eiichiro Oda. Car contrairement à son prédécesseur qui s'articulait autour d'un scénario inédit sans aucun rapport avec la série, One Piece Pirate Warriors 3 marque le retour à une histoire qui suit véritablement le déroulement du manga original. Et ce depuis le tout début du périple de Luffy puisque, même si les arcs sont forcément largement survolés, le jeu propose un résumé global de toute l'histoire du manga. Un élément crucial pour les fans qui seront certainement ravis de voir que le titre relate vraiment les principaux temps forts de la série, depuis le départ de Luffy de son village natal de Fushia jusqu'à son arrivée sur Dressrosa.
Une immersion plutôt réussie
C'est donc par le biais des différentes missions du mode Légende que l'on nous invite à recruter un à un tous les membres de l'équipage de chapeau de paille, tout en donnant une leçon aux innombrables pirates rivaux qui se mettront en travers de notre chemin. Même s'il ne faut pas s'attendre à un résumé détaillé de toute l'histoire de One Piece, on apprécie de voir que la narration est servie par de nombreuses cinématiques réalisées avec le moteur du jeu et que les cut-scenes découpées façon planches de B.D. restent en accord avec ce qu'on a pu voir dans l'anime. D'autant que le doublage reprend les voix de la série pour un résultat très immersif et que cette version européenne conserve le doublage japonais, avec des sous-titres en français. Si ces derniers ne sont hélas pas exempts de coquilles, nombre de joueurs apprécieront malgré tout la présence d'une traduction française, même très imparfaite.
Bien que toujours calé dans le modèle musô, le mode Légende propose ainsi des missions en lien avec les principaux arcs de la série : Romance Dawn, Skypiea, Alabasta, Water Seven, Enies Lobby, Thriller Bark, l'archipe Sabaody, Impel Down, Marineford, l'île des hommes-poissons et même Punk Hazard et Dressrosa. Côté casting, le nombre de personnages jouables dépasse allègrement le quota du dernier opus, puisque les concepteurs le considèrent un petit peu comme une compilation des deux premiers. Outre les niveaux d'expérience des personnages et de l'équipage en soutien, on peut apprendre de nouvelles techniques et booster les stats de nos combattants à l'aide de pièces obtenues en remplissant différents objectifs secondaires. Bien sûr, étant donné le nombre important de héros jouables, on a toujours la possibilité d'ajuster le niveaux de ceux qu'on utilise le moins souvent moyennant quelques milliers de Berry, ce qui permet de ne laisser personne à la traîne.
Une formule bête, méchante... efficace ?
Côté action, si le premier volet avait osé expérimenter certaines phases de jeu sortant un peu de l'ordinaire, le deuxième opus était lui revenu à un gameplay 100% musô. Un choix qui avait divisé les joueurs, certains regrettant ce revirement un peu facile là où les adeptes de la formule Dynasty Warriors semblaient s'y retrouver davantage. Comme évoqué plus haut, One Piece Pirate Warriors 3 s'engouffre la tête la première dans le sillage de son prédécesseur et ne se permet donc aucune fantaisie. Et bien que les objectifs de missions tentent de justifier vaguement le rapport à l'histoire du manga, ils restent globalement cantonnés à de la prise de forts et de la protection d'alliés, avec une floppée de « héros » ennemis à occire au passage. Du très classique en somme.
On aurait vraiment aimé y trouver des missions un peu plus inspirées, capables de nous surprendre et de se renouveler, la seule petite originalité étant la présence d'objectifs optionnels via la chasse au trésor. Concrètement, votre progression sera régulièrement interrompue par des indicateurs soulignant la présence d'un objectif caché, pas très loin sur la map. Si vous vous en approchez avec le bon personnage et que vous remplissez les conditions demandées, vous pourrez débloquer des scènes bonus en lien avec certains protagonistes. Un moyen comme un autre de nous inciter à recommencer plusieurs fois les missions pour mener à bien toutes les chasses au trésor et empocher les récompenses qui leur sont liées.
Un exemple de chasse au trésor avec Sanji
Kizuna & jeu en coop
Toujours au coeur des préoccupations des développeurs, la notion d'amitié relative au soutien de nos alliés transparaît dans le gameplay via l'équipage dont les membres sont présents sur le terrain et participent aux combos en prenant le relais lorsqu'on exécute un enchaînement assez long. Chaque intervention de leur part fait monter leur jauge de soutien, et une fois celle-ci pleine, on peut faire appel à eux pour renforcer temporairement notre puissance de frappe et conclure par une attaque spéciale combinée. La bonne idée est de pouvoir switcher librement entre les différents alliés qu'on nous confie, ce qui permet notamment de choisir en priorité celui qui bénéficie du bonus temporaire "pouvoir de héros" pour profiter de ses stats boostées. Cela permet également de remplir les jauges de soutien de plusieurs personnages en parallèle, le but étant de réussir à en invoquer jusqu'à trois à la fois pour exécuter des attaques spéciales combinées à quatre. Pour le reste, le système de combat reste très basique, en dehors des possibilités de contre-attaque via les marques de choc.
Techniquement à la ramasse, le jeu ne réussit malheureusement pas à nous convaincre sur ce plan-là, la partie étant régulièrement plombée par des ralentissements et une caméra qui a bien du mal à suivre malgré le lock. Plus pénible encore, le jeu souffre d'un manque de lisibilité flagrant qui devient réellement problématique lorsqu'on joue à deux en écran splitté. Les bulles de dialogue viennent carrément masquer les objectifs sur la mini-map du second joueur et la confusion à l'écran est telle qu'on ne peut jamais profiter des animations traduisant les combos et autres techniques des personnages. C'est très frustrant, et même s'il reste toujours possible de profiter du coop en ligne, cela gâche le plaisir de découvrir les missions à deux en local, chacun se partageant les objectifs pour couvrir la map de manière beaucoup plus efficace. On attendait donc mieux de ce côté-là.
Un mode Rêve pour les gouverner tous
L'un des arguments du soft étant la quantité astronomique de personnages jouables, il fallait bien trouver un moyen de les faire intervenir d'une façon ou d'une autre, sachant que le mode Légende ne se limite qu'à une poignée d'entre eux. C'est donc via le mode Rêve que l'on peut débloquer la plupart des personnages jouables, à condition toutefois d'arriver jusqu'à eux et de parvenir à les vaincre. Faisant fi de toute cohérence scénaristique, le but du mode Rêve est de rallier chacune des îles de la map en complétant les missions imposées, l'intérêt étant de pouvoir choisir n'importe quel personnage du jeu, y compris ceux qui ne sont pas disponibles dans le mode Légende. C'est d'ailleurs le seul moyen de débloquer des adversaires puissants comme Mihawk, Shanks et compagnie et de faire équipe avec des alliés comme Trafalgar Law. Les embranchements de la carte du monde permettent d'aller à peu près où on veut mais certaines routes sont imposées et gardées par des boss dont le niveau est de plus en plus haut. Plus le rang obtenu en fin de mission est élevé, plus on empoche de récompenses.
Les missions s'échelonnent donc sur des degrés de difficulté croissants, obligeant le joueur à booster ses personnages pour avoir une chance de s'en sortir. Car si elles sont très classiques, les missions peuvent s'avérer longues et comportent souvent plusieurs boss à défier. On n'est donc pas fâché de retrouver dans cet opus l'option permettant d'augmenter le niveau de ses personnages en dépensant un certain quota de Berry, ce qui permet de changer régulièrement de combattant. Il faut dire qu'avec le nombre conséquent de protagonistes inclus dans le jeu, on est vite tenté de les essayer tous, d'autant qu'ils ne bénéficient pas forcément des mêmes alliés en soutien. Matérialisés sur la carte par des silhouettes à leur effigie, les gros boss style Magellan, Moria ou Barbe Blanche vous attendent donc aussi de pied ferme, ce qui garantit de très longues heures de jeu... à moins que vous ne vous lassiez bien avant.
Gaming Live de One Piece Pirate Warriors 3
Points forts
- Le retour de l'histoire originale dans son intégralité
- La quantité de persos jouables
- Toujours plus fun en duo (coop local ou en ligne)
- Voix japonaises et traduction française incluses
Points faibles
- Techniquement très limité
- De gros soucis de lisibilité, surtout en écran splitté
- Missions tellement répétitives et gameplay si peu inspiré
- Trop peu de modes de jeu
- De la fausse durée de vie via le mode Rêve
Moins bien lottie que Zelda (Hyrule Warriors) et Dragon Quest (DQ Heroes), la branche des One Piece Pirate Warriors se fait plus traditionnelle que jamais avec ce troisième volet qui ne se permet aucune fantaisie. Concentré à 100% sur le gameplay musô, le jeu ne parvient jamais à nous surprendre, et pourtant on se laisse irrémédiablement séduire par tous les éléments relatifs à l'univers de One Piece. Bien que très imparfait, le jeu risque donc malgré tout de faire craquer les fans une fois encore, même si un manga d'une telle popularité mériterait un traitement autrement plus ambitieux.