Retour aux affaires pour Big Ben Interactive et les frenchies Eko Software, bien décidés à mettre le rugby au premier plan sur la scène vidéoludique. Un peu plus de deux ans après la sortie de Rugby 18, nouvel échec dans la quête d'offrir une simulation correcte de ce sport de voyou pratiqués par des gentlemen, le tout était donc de corriger pas mal d'erreurs pour sortir de la penalité.
Le trailer de Rugby 20
Flexion, Lier, Jeu
Malheureusement, dès que la face du contenu est explorée, les craintes surviennent : Rugby 20 ressemble peu ou prou à son prédécesseur. On retrouve donc les modes classiques du genre sportif, à savoir le match libre ou en ligne, le mode Championnat, Solo/My Squad (la carrière style Ultimate Team) ainsi que les didacticiels d'entraînement. A savoir que ces derniers, rapides, se révèlent indispensables pour quiconque n'a jamais touché à un jeu propre à l'ovalie, et pour bien assimiler les phases arrêtées.
11 stades (5 de plus qu'en 2017) et un panel d'équipes de 5 championnats (Top 14 et Pro D2 pour la France, Gallagher Premiership pour l'Angleterre, Pro 14 pour les grosses équipes irlandaises, sudafricaines et italiennes, et les grandes équipes nationales), tout ce beau monde est donc engagé dans ces modes de jeu. Un listing satisfaisant avec toutes les licences françaises, mais avec certains manques dans les packs nationaux. L'Angleterre est la nation européenne sans licence officielle, qui rejoint les équipes sud-américaines, l'Afrique du Sud et la Nouvelle-Zélande dans ce cas regrettable. Bref, Championnat permet d'enchaîner les saisons au gré des bonus offensifs et des matchs de barrage pour emmener son club ou sa nation fétiche au sommet.
Après chaque rencontre le joueur glane des points (également lors des temps de chargement en répondant juste à certaines questions de culture rugbystique, belle initiative) en guise de monnaie virtuelle, et ce pour n'importe quel mode de jeu, souvent boostés par des défis quotidiens à réaliser. Des deniers utisables pour établir son équipe "MySquad", le mode Ultimate Team de Rugby 20. On engage une première équipe avec un budget mis à disposition, avant d'acquérir des boosters pour développer les différentes lignes du roster. Pas de changement dans la cuvée 2020, et de belles épopées en mode solo pour l'aventure en carrière la plus intéressante du titre, d'autant plus que les microtransactions sont à nouveau absentes. Mais côté innovation, on repassera.
Transformation ?
Cependant, Rugby 20 a décidé d'ajouter à ses différents modes les tactiques et styles de jeu, feature sympa pour coller avec le plan de jeu des plus grands coachs de l'ovalie moderne. Par conséquent, il est possible de mettre en place des combinaisons ingame, liées à ces styles de jeu. Parfaite transition pour parler du gameplay. Rugby 18 nous avait laissé en plan avec un trop peu de spectacularité de manière générale, et malheureusement l'ajout de ces combinaisons ne change pas la donne. Elles auraient pu, sur la dernière mouture, tellement les trous étaient béants sur certaines phases pour développer le jeu de passe. Mais cette fois-ci, l'IA repensée freine encore plus la créativité.
Certes nous ne sommes plus face à une simulation en gruyère permanent, propice aux scores-fleuves, mais devant une vraie bataille tactique et de patience. Un peu trop à l'excès. L'Intelligence Artificielle est plus mature, plus solide et il est très difficile de passer dans les petits espaces par le jeu de passe ou en tamponnant petit à petit pour enchaîner les rucks. Pour le coup, c'est une petite transformation par rapport à l'ainé Rugby 18, c'est un fait. Mais un bien pour un mal, puisque les combinaisons, nouvelles arrivantes du titre, se retrouvent presque inutilisables. En revanche, on se plait toujours autant à enchaîner les phases arrêtées, avec des actions contextuelles bien senties et sans un mauvais goût de répétitivité, puisqu'il s'agit de l'essence du rugby.
Dark Maul
Dans le jeu rapide, c'est plus compliqué. Même si des ajustements bienvenus apparaissent sur le comportement physique de certains joueurs (on note maintenant une vraie différence sur la vitesse des ailiers et la puissance des piliers par exemple), la fatigue se fait toujours aussi peu ressentir et l'amélioration de l'IA emmène à des scénarios vraiment stéréotypés. On comprend vite comment récupérer la possession à l'adversaire à la suite des plaquages, on abuse du jeu long et des touches pour conclure après des mauls ravageurs ou en écartant rapidement au large. Résultat, l'ennui survient rapidement après quelques parties, tout comme la frustration de voir trop rarement (voire jamais) les combinaisons aboutir. Le tout en étant souvent en supériorité numérique, puisque l'IA a la fâcheuse habitude de prendre des cartons jaunes somme toutes hasardeux.
Ceux qui auront jeté un oeil sur les phases de gameplay l'ont remarqué, Rugby 20 déçoit également sur la technique, et ne progresse pas d'un iota sur ce point. Le titre est à des années-lumière de la réalisation des standards de 2020 en termes de graphisme ou d'animation. Un retard qui déteint sur les commentaires d'Eric Bayle et Thomas Lombard, excellents sur Canal+ mais mal programmés sur cette itération. Répétition plusieurs fois à la suite du même commentaire, incohérence dans les propos, erreur sur l'identité du joueur en possession de la balle, là aussi, c'est un hors-jeu flagrant.
Points forts
- Les phases arrêtées
- Une IA revue dans le bon sens
- Les modes classiques présents
- Les licences phares au rendez-vous (Top 14, Premiership)...
Points faibles
- …excepté certaines équipes nationales (Angleterre, All-Blacks...)
- Dur de ne pas tomber dans le jeu stéréotypé...
- ...et de faire aboutir les combinaisons
- Technique et réalisation archaïques
- Contenu toujours faiblard
- Commentaires français défaillants
Pour une fois, le monde de l'ovalie aurait bien aimé voir un en-avant. Il n'est est rien, Rugby 20 peine cruellement à dépasser un semblant de cap par rapport à son ainé Rugby 18. Même s'il progresse un chouïa dans le contenu avec l'ajout du mode championnat et sur son IA plus défensive que lors du cru 2017, le rendement est bien trop maigre de la part de Bigben et Eko Software. S'ils désirent découvrir le rugby sur console, les joueurs les plus en manque regretteront la technique datée tandis que ceux ayant déjà touché au précèdent opus pourront facilement passer leur chemin.