Le monde du cinéma a connu un bouleversement sans précédent en 1993 avec Jurassic Park. Le chef d'oeuvre de Steven Spielberg poussait les limites de la technologie pour offrir un spectacle qui, comme ses créatures, a su survivre aux affres du temps. Jurassic World Evolution est un jeu très agréable, mais avec Retour à Jurassic Park vous allez vivre un voyage 25 ans en arrière et permettre à Isla Nublar de recevoir ses premiers visiteurs. Re-bienvenue dans Jurassic Park !
Une baffe de 25 ans vous frappe au visage dès la première cinématique. Yeux et oreilles profiteront de visuels et de voix qui font résonner les mémoires. Comme l'indique le titre du jeu, vous êtes de retour à Jurassic Park et tout est placé comme dans vos souvenirs. Isla Nublar a connu "quelques débordements" et c'est à vous de remettre en ordre ce bazar. Ellie Sattler, Alan Grandt et bien entendu Ian Malcolm ont été appelés par John Hammond pour remettre les choses en ordre et ce sont eux qui vous donneront les objectifs à atteindre. Vous débarquez dans un parc en piteux état avec une jeep pour tout réparer et relancer la machine.
"Tu es vivant lorsqu'il te dévore"
Casser la routine d'un jeu de gestion en proposant un scénario de construction délabrée qu'il faut relancer, c'est très classique. Mais ici il faut prendre en compte plusieurs Vélociraptors en liberté... Vous n'avez pas de temps à perdre, ils sont déjà occupés à manger des herbivores et ils s'attaqueront vite aux humains. Une partie de chasse s'enclenche et c'est une évolution heureuse par rapport au jeu de base. Désormais, vos gardes sont vulnérables, et pas uniquement face aux carnivores. Une jeep n'aura pas fière allure après une charge de tricératops. Vous serez donc amené à conduire vos véhicules de manière à ne pas attirer à vous les bestiaux et de nouvelles munitions vous permettront d'éloigner ou d'endormir les dinosaures. Le simple fait de remplir une mangeoire ou soigner un pensionnaire devient un mini-jeu de survie. Ramener de la viande à un Tyrannosaure prend vite un sens littéral, et quel plaisir de devoir ressortir en trombe d'un enclos avec ce géant à vos trousses ! Le danger que représentent ces monstres est plus palpable que jamais.
La nouvelle campagne se divise en deux phases. La première partie, très scénarisée, vous demande de remettre en route les installations. C'est plus tard qu'une plus grande liberté vous sera proposée, avec la possibilité de modeler Jurassic Park comme vous le souhaitez. Là où Jurassic World Evolution se place dans une vision moderne, ici vous êtes en 1993 et les structures ont changé : nouvelles apparences, nouveaux fonctionnements... Il faut repenser à la façon dont vos futurs visiteurs profiteront de vos pensionnaires à écailles. La bonne vieille voiture électrique du film est la seule méthode valable, vous aurez à charge de créer un parcours qui permet de voir les dinos tout en évitant de servir de casse-croûte. Cette mécanique, qui rappelle un peu Planet Coaster, est une agréable nouveauté. Elle aurait cependant été encore meilleure avec plus de paramétres à gérer, comme le prix payé par les visiteurs, à l'instar de ce que proposent les gyrosphères de Jurassic World Evolution. Les nouvelles mécaniques de ce DLC ne vont pas au bout de leurs idées. Justifier scénaristiquement que Isla Sorna, le site B du Monde Perdu, serve à faire éclore les dinosaures loin du parc pour qu'ensuite ils y soient amenés, c'est une excellente idée ! Mais en terme de gameplay c'est une simple incubation avec le nouveau pensionnaire déposé par hélicoptère. Dommage !
La durée de vie ne trouve pas toujours un bon chemin
Hélas, la gestion est la grande perdante. Même avant que le parc n'ouvre, vous gagnerez de l'argent automatiquement par la vente des billets. Peut être des précommandes ? Il aurait été plus intéressant de proposer des récompenses pécuniaires pour les missions de nettoyage du parc, nous obligeant à faire attention au solde disponible. Si le but est de dépenser sans compter, rassurez-vous, c'est exactement ce que vous allez faire. La satisfaction des visiteurs ne s'en sort pas mieux. Amputée de plusieurs besoins à couvrir, elle s'en trouve simplifiée par rapport au jeu de base, déjà très accessible. Le tableau n'est pas complètement noir avec quelques ajouts intéressants : des toilettes, un vrai cycle jour-nuit et, surtout, une volière qui vous permettra d'accueillir une seule espèce de reptile volant. C'est un bon début... Mais on ne peut s'empêcher de penser que ces éléments auraient dû être disponibles dès le jeu de base. Constatons avec plaisir que, au moins, ces ajouts sont disponibles dans vos campagnes précédentes.
Comme la gestion est simple, il faut occuper le joueur et les missions, certes intéressantes, sont au nombre de sept. Pour allonger la durée de vie, le jeu vous oblige à reprendre toutes les recherches depuis le début. C'est avec un grognement de frustration que vous reprenez à zéro la découverte et l'extraction de fossiles, les recherches de nouveaux gènes et bâtiments... Pour passer les objectifs vous devrez attendre de longues minutes que ce que vous avez déjà débloqué dans Jurassic World Evolution ne vous soit à nouveau accessible. Certes, parcourir le parc reste agréable et les quelques nouveaux éléments de décoration fidèles au film -quelle belle porte, quand même !- vous permettent de personnaliser un peu l'endroit, mais ça n'ira pas chercher bien loin. Si au début le joueur trépigne de fan-service, à la fin son cerveau est plus proche de la théorie du K.O.
Points forts
- Les fans du film de Spielberg seront aux anges
- Les gardes vulnérables
- Enfin les reptiles volants, les toilettes, le cycle jour/nuit !
- Créer une attraction avec les voitures iconiques
Points faibles
- Aucun challenge économique
- La frustration de devoir refaire toutes les recherches
- Trop de temps passé à attendre
Il y a des plaisirs simples, comme replonger dans les films qui ont fait vibrer notre jeunesse. Jurassic World Evolution : Retour à Jurassic Park parvient à nous faire ressentir ce plaisir en nous emmitouflant dans nos souvenirs, comme dans un plaid que l'on aurait aimé ne jamais quitter. Hélas, notre nostalgie béate ne voile pas notre acuité, qui n'est pas basée que sur le mouvement : les mécaniques n'ont que peu évolué et la gestion financière n'existe pas. Le fan-service, aussi efficace soit-il, peine à faire oublier une augmentation artificielle de la durée de vie par le déblocage redondant d'éléments que nous avions déjà acquis dans le jeu initial. Un superbe voyage pour les fans du film, à défaut d'être un jeu de gestion à la hauteur.