Alors qu’en cette fin d’année, le marché triple A nous a inondé de jeux aux scénario et gameplay intenses, Lost Ember, développé par les allemands de chez Mooneye Studios en est l’antidote. À l’instar d’un Arise : A Simple Story, le soft, disponible sur tous les supports, s’impose en cette période de fêtes comme un petit vent de fraîcheur, une expérience au côté relaxant où l’intuition sera votre meilleur atout.
Là où d’autres jeux vont s’encombrer d’un HUD peu ergonomique, Lost Ember affiche une interface épurée afin que le joueur soit auréolé d’un sentiment d’immersion. Accompagné d’une âme perdue symbolisée par une lueur écarlate, vous y incarnez donc une louve cherchant à retrouver les souvenirs de sa vie passée. Ici, pas de présence hostile. Vous faites face à vos moyens de locomotion et dans une nature qui a repris le dessus. Le soft s’inscrit dans ces aventures contemplatives et narratives en vous plongeant dans un univers inspiré des civilisations Maya et Aztèque.
UN GAMEPLAY AU SERVICE DE LA NARRATION
Lost Ember s’ouvre sur une séquence 2D joliment réalisée suivie d’une cinématique utilisant le moteur du jeu, où la caméra se dirige ensuite sur la louve que vous incarnez. Vous faites la rencontre de la "lueur écarlate", votre compagnon de route qui vous dévoile les enjeux de votre périple. L’aider à atteindre la fameuse cité de la Lumière sera votre leitmotiv. À présent, place au voyage et à la découverte d’un monde à la dimension humaine et ancestrale disparues !
Le cheminement vous mènera à travers nombre de souvenirs qui feront avancer la trame. Afin de vous aider dans cette quête, divers objectifs sont disséminés dans la nature, et ce, tout au service de la narration avec un décor qui devient acteur. Vous percevrez des feux de camp à l’horizon à activer pour en apprendre davantage sur votre passé et ainsi, abattre les barrières visuelles et symboliques qui peuvent vous bloquer l’accès à la zone suivante.
Le jeu ne tarde pas à révéler au grand jour sa mécanique principale : la possibilité de prendre le contrôle d’autres animaux que vous serez amenés à croiser. Ces derniers ont leurs propres caractéristiques : Saisissez-vous d’un wombat pour passer dans des recoins étroits, creusez avec la taupe, escaladez des falaises avec une chèvre, parcourez l’horizon avec les volatiles ou encore, explorez les profondeurs avec les multiples poissons. Evidemment, les animaux cités ne sont pas les seuls que vous pourrez manipuler. Ces derniers changeant en fonction de l’environnement dans lequel vous évoluerez. Côté gameplay il vous faudra soit appuyer sur une touche soit la marteler pour enclencher une capacité, celle-ci dépendant de l’animal en votre possession. Vous pourrez aussi interagir avec la nourriture disponible mais gardez-vous bien d’obtenir tout bonus en retour !
Des séquences incongrues de QTE utilisant différentes bestioles sont de la partie. Bien que laborieuses au début, ces dernières finissent par tirer leur épingle du jeu en rythmant le cheminement. La progression aurait pu être redondante mais c’est bien par la diversité de ces composantes que le titre trouve une sorte de légitimité. À noter que le récit gagne nettement en puissance sur la première partie du jeu en semant le doute face à notre identité. Bien que ce dernier traîne des pieds sur la seconde partie, il n’en reste pas moins captivant et intrigant par le biais de quelques petits retournements de situations.
UNE DIRECTION ARTISTIQUE AUX ACCENTS FÉÉRIQUES
Des contrôles simples et intuitifs favorisent une focalisation sur le soin porté à la direction artistique. Votre personnage semble bien insignifiant face à l’immensité de l’univers qui s’offre à vous. Car oui, c’est bien par ses qualités visuelles que le soft nous charme. Son univers coloré n’a de cesse de vous émerveiller. De la jungle densément boisée aux canopées luxuriantes de la forêt tropicale en passant par les plaines arides du désert et aux temples archaïques, le jeu offre des décors variés et enchanteurs.
De plus, des effets de lumières soulignés par des notes au piano renforcent le côté onirique. Le titre nous livre un univers poétique à l’ambiance édulcorée que l’on prend plaisir à parcourir. Avec un style graphique et des animations minimalistes basées sur le principe du posing qui, par une simple pose aide à avoir une lecture claire des intentions des personnages. Les cinématiques arrivent tout de même à transmettre des émotions grâce à une bande-originale bien calibrée et des doublages de qualité, ce qui contraste avec l’inexpressivité des personnages.
Le titre est partiellement gâché par des passages gameplay/cinématiques violents, des bugs de collisions, d’affichage ou encore des baisses de framerate qui desservent l’immersion… Notons que le soft dispose de doublages allemands, anglais et japonais ainsi qu’une traduction en 5 langues, des plus-values à saluer pour un jeu indépendant.
DES COLLECTIBLES QUELQUE PEU “GADGETS”
Les collectibles sont légion et dissimulés le long des décors que vous parcourez. Du champignon à la médaille, il faudra vous armer de patience si vous voulez tous les collecter. Malheureusement, ils sont sans grand intérêt, n’apportent rien au scénario ni au gameplay et ajoutent une durée de vie superflue. Comptez 5 à 10 heures en ligne droite contre 10 à 15 pour venir à bout de la trame principale si vous vous languissez d’amour pour les collectibles. Bien que ces derniers nous fassent sortir de la linéarité, lorsque que l’on s'y attèle, le sentiment de liberté et le côté ouvert de la map arrivent à leurs limites. Le joueur pensera qu’il peut faire machine arrière jusqu’à heurter un mur invisible qui le remettra dans le droit chemin.
De plus, les collectibles n’apportent ni récompense ni même satisfaction. En effet, lorsque vous en apercevez un, inutile de vous dire que le récupérer sera du gâteau. Outre des objets quelconques, les animaux légendaires sont sur le papier, une bonne idée, ces derniers disposant de capacités accrues bien que trop génériques. Trouvez un wombat légendaire, et vous roulerez un peu plus vite, mais le fun s’arrête là. Cet élément aurait sans doute mérité plus de profondeur comme par exemple, nous rendre des zones uniquement accessibles si nous le possédons.
Mais réjouissez-vous « complétistes », car il vous est possible de reprendre l’aventure au chapitre de votre choix afin de récolter, non ce que vous avez semé mais ce que vous avez manqué.
Points forts
- Une direction artistique réussie
- Une bande originale convaincante
- Un scénario attachant
- Des doublages de qualité
- Des contrôles intuitifs
Points faibles
- Des baisses de framerate fréquentes
- Des collectibles mal exploités...
- Des problèmes d'affichage...
- Quelques collisions parfois hasardeuses
Lost Ember est bien trop contrasté dans son ensemble pour le rendre inoubliable. La direction artistique fait des merveilles et réussit à nous enchanter dès les premières images mais tout passe ensuite au second plan en raison d’un manque d'optimisation technique qui ne fait qu’accentuer les imperfections du jeu. Néanmoins, Mooneye Studios arrive à nous livrer une expérience ludique très agréable avec un scénario qui, dans des moments clé parvient à nous émouvoir.