Après plusieurs mois d’early access, Dicey Dungeons plonge dans le grand bain du rogue-like. La nouvelle production de Terry Cavanagh, l’homme derrière VVVVVV et Super Hexagon a beaucoup à faire pour sortir de la masse dans un genre aussi saturé. Dicey Dungeons a-t-il ce qu’il faut pour tenir la dragée haute à ses innombrables concurrents et à ses principales inspirations ?
Catapulté dans une antre où se tient un étrange jeu télé, nous voilà transformé en un petit dé muni d’une épée et lancé au combat dans l’espoir de gagner une superbe voiture. On se retrouve donc condamné à traverser le donjon et à occir les anciens participants qui nous donneront du fil à retordre.
Slay dé Spire
Si l’on devait résumer Dicey Dungeons en quelques mots, ils seraient probablement les suivants : Slay the Spire avec des dés. En effet, les deux jeux partagent une structure similaire, on enchaîne les combats, afin de progresser dans un donjon tout en débloquant des capacités au fur et à mesure de la partie. Tout le sel des deux jeux résidant dans les nombreuses synergies possibles et dans la part d’aléatoire encourageant à enchaîner les essais. Si les deux titres partagent donc cette structure, ils se différencient largement par leur gestion de l’aléatoire et c’est ce qui confère à Dicey Dungeons toute son identité. Dans Slay the Spire, ce sont les capacités auxquelles a accès le joueur qui sont régies par la chance, par le biais de la main qu’il tire à chaque tour dans son deck. Tandis que dans le jeu qui nous intéresse aujourd’hui, ce sont les ressources qui permettent d’activer ces capacités qui sont sujettes à l’aléatoire car dépendantes d’un jet de dé.
Au fil de la partie, on débloque des capacités qu’il faut organiser dans un inventaire fonctionnant à l’instar de celui des Resident Evil. Ce dernier dispose de 6 cases et il faut donc faire des choix et des sacrifices pour se préparer au prochain combat. Gardez cependant à l’esprit que les attaques peuvent occuper une ou deux cases de l’inventaire en fonction de leur puissance. Ces capacités se déclenchent lorsqu’on y dépose un dé et certaines n’acceptent qu’un chiffre précis ou encore un minima ou un maxima. Si au niveau un, les possibilités sont somme toute réduites -par exemple un dé 6 dans une capacité d’attaque, inflige 6 de dégâts à l’adversaire- on disposera très vite d’un éventail beaucoup plus large au fur et à mesure de la progression. En passant de niveau on peut récupérer un dé et donc une action supplémentaire et les combats deviennent vite de véritables casse-tête. Une de vos attaques les plus puissantes n’accepte qu’une valeur maximum de 3 ? Cassez votre 6 en deux grâce à votre capacité prévue à cet effet. Vous n’êtes pas satisfait de votre tirage? Relancez-le à l’aide du pouvoir du guerrier. Votre prochain adversaire résiste aux attaques de feu? Équipez-vous de poison avant d’entrer dans la bataille.
Contrôler l’aléatoire
Comme la plupart des rogue-like, Dicey Dungeons est un jeu qui demande constamment au joueur de prendre des décisions. Organiser son deck en fonction de son adversaire, choisir LA capacité pouvant changer drastiquement son build dans le magasin ou encore choisir avec précaution l’ordre dans lequel on enchaîne ses attaques et modificateurs en combat. La clé du succès vient finalement de la propension du joueur à contrôler l’aléatoire amené par les dés à l’aide de tous les outils qui sont mis à sa disposition. Tout dans Dicey Dungeons n’est que réflexion et optimisation. Plus la partie progresse, plus l’impact de chaque décision sera lourd de conséquences. Une action effectuée trop tôt ou trop tard ou un oubli peuvent régulièrement laisser l’ennemi à 1 PV et causer la mort.
Autant de gameplay différents que de classes
Toutes ces variables et la gymnastique mentale que le joueur doit effectuer rend le tout particulièrement addictif. D’autant que chacun des 6 personnages disponibles fait appréhender le jeu de manière totalement différente. Le voleur apprécie les combos et emprunte une attaque à son adversaire, le robot voit ses lancés de dés se transformer en une espèce de blackjack, tandis que le fou demande de gérer un deck et de l’optimiser en se débarrassant des cartes favorisant moins ses synergies pour créer des combinaisons dévastatrices, à l’image de Slay the Spire. Pas de panique, pour appréhender le gameplay spécifique des-dits personnages, on pourra compter sur les 6 courts scénarios par classe dont la difficulté monte graduellement et qui introduisent des modificateurs de gameplay apportant donc une grande variété. Le 6e étant le plus à même à être rejoué car il introduit de nouvelles règles à chaque étage : Commencer avec des dés identiques, masquer la barre de vies des ennemis, etc. En sachant que finir une première fois tous les scénarios de tous les personnages vous prendra entre 15 et 20 heures en fonction de votre niveau et que le véritable rogue-lite ne se révèle qu’au dernier, nul doute que vous en aurez pour un moment.
Vous l’avez compris Dicey Dungeons a tout pour vous faire passer un très bon moment. Surtout si vous êtes réceptifs à son esthétique délicieusement enfantine. Cette dernière ne sera peut-être pas du goût de tout le monde, mais les archétypes rencontrés sont suffisamment caractérisés par leurs quelques lignes de dialogues, leur design et leurs capacités au combat pour sortir du lot. On aurait peut-être apprécié un poil plus de mouvements en combat ou de réactions sur les personnages lorsque le coup est porté mais leur absence ne perturbe en rien l’expérience de jeu. Cependant le nombre de pistes musicales assez réduit nous rendra vite enclin à les désactiver et à lancer notre playlist préférée en fond. Notez qu’à l’heure actuelle aucune traduction française n'est disponible et que la description de certaines capacités manquent de clarté. On nous a cependant assuré que la version française définitive sera disponible peu de temps après la sortie. Ces griefs restent néanmoins mineurs et une fois l’effet précis desdites capacités retenu, ils n’entachent nullement l’expérience. Difficile d’en dire beaucoup plus, tant le plaisir vient de l’émerveillement généré par l’intelligence redoutable du système de jeu. On ne pourra que chaudement vous recommander de vous y essayer et cela même si son écrin esthétique vous refroidit. Prenez toutefois garde car l’ensemble peut se révéler extrêmement addictif.
Points forts
- Un système de jeu fabuleux
- Des synergies à tout va
- 6 personnages et autant de gameplay différents à appréhender
- Une belle durée de vie et une très bonne rejouabilité
- Un style visuel très mignon...
Points faibles
- ...qui en rebutera certains
- Pas de traduction française au lancement
- Certaines descriptions de capacités qui manquent de clarté
- Une ost de qualité mais vite redondante
Porté par un système de jeu qui vaut le détour à lui tout seul, Dicey Dungeons a tout du "petit jeu" qu'on lance machinalement entre deux occupations en imaginant ne faire qu'une partie pour constater des heures plus tard que l'on a toujours pas décroché. L'intelligence de son concept n'a d'égal que la satisfaction procurée par les nombreuses synergies toutes plus jouissives les unes que les autres. Si vous avez des doutes quant à la pertinence de ses mécaniques, rassurez-vous, ils risquent fort bien de s'envoler une fois la première heure de jeu passée.