Développé par LINE et NHN Entertainment à qui nous devons des jeux mobile tels que LINE POP, Disney Tsum Tsum ou encore Crusaders Quest, Dr. Mario World débarque sur iOS et Android cinq mois après l’annonce de ses premiers symptômes. À cette occasion, le joueur doit aider les héros bien connus du Royaume Champignon à repousser de terribles virus qui en font voir de toutes les couleurs aux médecins locaux. Si 80% des microbes se transmettent par les mains, le doigt est ici le meilleur moyen d’éradiquer les malicieuses infections.
La bande-annonce de Dr. Mario World
NFS, chimie, yolo
À l’image des grands groupes pharmaceutiques qui cherchent à produire les remèdes miracles de demain, Nintendo s’accroche au marché juteux du jeu sur mobile. Alors que Mario Kart Tour se fait désirer tel un collutoire lors d’une angine, Dr. Mario World se fait prescrire trente ans après l’épisode d’origine sorti sur NES et Game Boy. Dans la peau d’une des célèbres figures du Royaume Champignon vêtues d’une blouse blanche, il va falloir avancer de case en case afin de nettoyer les différentes régions de malfaisantes petites bactéries. Le titre se joue en mode portrait, avec le téléphone ou la tablette à la verticale, ce qui est normal pour un jeu qui mise sur le défilement allant du bas vers le haut. À l’instar de nombreux programmes s’étant installés sur mobile aussi durablement qu’une maladie incurable, Dr. Mario World ne se joue qu’avec un seul doigt à balader sur l’écran de son périphérique. Une fois un tableau sélectionné, il est temps d’annihiler les enfants de cancer à grands coups de gélules anti-infectieuses !
Comme chacun le sait, pour éliminer un virus, il n’y a rien de tel que de se faire des lignes (et des colonnes) de comprimés chatoyants. À la manière d’un Puyo Puyo, il est demandé de placer des formes colorées les unes à côté des autres afin de créer des chaînes de même teinte. La différence majeure vient du fait que le défilement des pièces se fait du bas vers le haut, et qu’il est impossible de déplacer un élément vers le bas. Lorsque trois couleurs minimum se touchent en ligne ou en colonne, une explosion se produit et la “construction” disparaît. Ainsi, le joueur doit sélectionner la gélule, la faire pivoter, puis la lâcher sur l’écran à l’endroit où il le désire. Le médicament monte alors automatiquement jusqu’à s'agglutiner contre les virus et autres obstacles se trouvant sur son chemin. Les microbes étant de la même couleur que les comprimés attribués, les bonnes gélules doivent être placées aux bons endroits pour gagner, c’est-à-dire autour des terribles micro-organismes du même coloris. Pour gagner, il est nécessaire d’éliminer tous les virus sans tomber à court de gélule.
Opération escargot
Au fur et à mesure de la progression, les règles se complexifient tout en restant parfaitement assimilables. Lorsqu’une moitié de comprimé reste après une explosion, la partie vacante peut être déplacée pendant son ascension, ce qui se révèle indispensable dans les niveaux plus avancés. Histoire de pimenter le tout, les couleurs des comprimés comme des virus se multiplient rapidement. Les tableaux se chargent également d’éléments aux comportements singuliers, à l’image des blocs cachant des éléments, des carapaces pouvant détruire des lignes entières, ou encore des bombes explosant tout ce qui se trouve dans leur périmètre. Les parties gagnent en profondeur quand la notion du médicament arc-en-ciel est comprise, item à même de remplacer n’importe quelle couleur après 7 destructions réussies. Enfin, les talents des personnages incarnés se révèlent particulièrement utiles à la suppression d’adversaires parfois plus résistants (et flottants) que la moyenne.
Pour le moment, Dr. Mario World est composé de 5 mondes découpés en plusieurs niveaux. Nintendo a assuré que du contenu supplémentaire serait bientôt ajouté.
Le gameplay est donc parfaitement pensé pour des sessions courtes au doigt ou au stylet, avec suffisamment de profondeur pour inciter le joueur “à faire une dernière partie pour la route”. Le principal reproche à formuler par rapport aux différentes mécaniques qui s’ajoutent vient du hasard qui prend une place de plus en plus importante. Les blocs de briques ayant la faculté de cacher aussi bien des virus que des éléments plus ou moins destructeurs, il devient délicat de développer des stratégies efficaces puisque n’importe quelle couleur peut surgir d’un de ces cubes. Plus il reste de médicaments à la fin d’une partie, plus le joueur marque de points. Il est à noter que le temps ne fait pas partie des paramètres qui entrent en jeu lors du calcul du score, encourageant ainsi la préparation des coups plutôt que de foncer tête baissée. Il y a bien des défis chronométrés, des tableaux où les microbes précipitent la chute, et des missions aux conditions de victoire plus originales, mais cela reste assez rare.
L’argent fait-il la santé ?
Disponible gratuitement sur Google Play et sur l’App Store, Dr. Mario World est un free-to-play contenant des microtransactions. Une fois le premier chapitre composé de 20 niveaux terminé, le système de vie s’active ainsi que les différents modes et magasins. C’est à partir de ce moment que l’argent s'immisce dans le jeu. Tout d’abord, le joueur dispose de 5 vies. Chaque niveau lancé utilise un de ces cœurs que l’utilisateur récupère en cas de victoire. Les vies s’achètent contre des diamants à se procurer dans la boutique en échange de quelques euros, bien que le jeu en fournisse gratuitement à de rares occasions. L'argent est aussi à dépenser dans l’obtention d’items augmentant les chances de réussite (comprimés bonus, jauge de talent au max, boost de score, marteau, paragélule, etc). En cas de défaite, le jeu propose un ultime coup de pouce (comprimés ou temps supplémentaire) moyennant finance. Il est intéressant de noter que le programme redonne une vie supplémentaire toutes les demi-heures. Au final, il est aisé de reprendre une partie et de s’amuser pendant de longues sessions sans avoir à dépenser quoi que ce soit.
Les packs de diamants coûtent entre 2,29 et 74,99 euros. Recruter un protagoniste coûte 40 diamants (approximativement 5 euros). Il est à noter que les personnages peuvent également être débloqués avec des pièces (à ramasser dans le jeu) ou des tickets (donnés par exemple lors d’un passage d’un monde à un autre).
L’argent (virtuel comme réel) sert aussi à débloquer de nouveaux personnages. Les protagonistes sont divisés en deux catégories : les médecins et les assistants. Les docteurs, à savoir les héros, disposent de talents particuliers ainsi que de compétences différentes utiles lors des matchs en versus. Les assistants, eux, produisent divers effets qui aident le docteur dans sa lutte contre les microbes. Il n’est cependant pas possible de recruter l’allié de son choix : Dr. Mario World attribue en effet un protagoniste au hasard lorsque le joueur passe à la caisse. Une fois un personnage débloqué, ce dernier pourra être de nouveau gagné lors de prochains tirages au sort, ce qui aura pour effet d’augmenter ses caractéristiques. Avec ses 10 docteurs et ses 30 assistants à débloquer, les collectionneurs pourront passer beaucoup de temps à compléter leur codex. Les 4000 pièces demandées pour lancer un seul processus de recrutement poussera les plus impatients à dépenser quelques deniers bien réels afin d’accélérer l’enrôlement. Il est certain que nous aurions préféré avoir l'opportunité d'acheter directement les avatars désirés sans devoir passer par le tirage au sort, surtout que le prix, 5 euros, est élevé.
Un jour je serai le meilleur docteur ♫
Dr. Mario World dispose d’un mode versus jouable aussi bien contre des inconnus que face à des amis. Pour l’emporter, il suffit d’éliminer le plus rapidement possible les virus du tableau dans le but de charger la jauge d’attaque de son héros. La bonne nouvelle, c’est que les talents comme les objets spéciaux ne sont pas pris en compte dans ce mode, ce qui assure l’absence d'un pay-to-win primaire. Les attaques envoyées ajoutent une nouvelle ligne de bactéries sur l’écran de l’adversaire, à moins que le protagoniste qu’il incarne dispose d’un contre efficace. Car oui, les médecins possèdent des aptitudes propres en JcJ. Les rencontres sont aussi courtes qu’intenses, ce qui est tout ce que l’on demande pour ce type de jeux en multijoueur. Le matchmaking se base sur le niveau d’expérience des combattants, et nous n’avons eu aucun problème pour trouver des adversaires disponibles à différents moments de la journée. Dr. Mario World est un passe-temps idéal malheureusement entaché encore ajourd'hui par quelques plantages (erreurs 0007 et 0009) et soucis de connexion.
Dr. Mario World permet d’incarner une dizaine de médecins : Mario, Bowser, Peach, Luigi, Yoshi, Toad, Toadette, Bowser Jr., Ludwig von Koopa et Wendy O. Koopa. Les protagonistes sont à débloquer au hasard via la boutique du jeu. Chaque personnage a son petit truc à lui, un talent, comme Bowser qui élimine des rangées au hasard ou Toadette qui transforme des adversaires en blocs.
Points forts
- Beaucoup de contenu accessible sans dépenser un denier
- Simple, efficace, parfaitement jouable
- Un versus sans "''pay-to-win''" qui fonctionne bien
Points faibles
- Les blocs de briques créent des situations parfois trop hasardeuses
- Une connexion est obligatoire pour jouer
- Avec de l'argent réel, les ''loot boxes'' coûtent cher
- Encore quelques plantages et messages d’erreur
D’une certaine manière, Nintendo respecte le serment d’Hippocrate : Dr. Mario World s’adresse bien à tout le monde grâce à sa gratuité et à ses mécaniques de jeu extrêmement simples. Disposant d’un contenu solide et de modes réussis, le puzzle-game développé par LINE est d’une grande efficacité. Le voluptueux sirop aurait néanmoins pu se transformer en douloureux suppositoire si le business model s'était avéré injuste. Heureusement, les microtransactions, bien présentes, sont réservées aux collectionneurs voulant débloquer plus rapidement la totalité du casting. Bien joué Mario, la pilule passe bien.